Sidi Ibrahim Riyahi, qu’ALLAH l’agrée

Parmi ses grands compagnons le savant de son époque, Cheikh El Islam et guide pour les humains, celui qui porte l’étendard de la science et des connaissances particulières, défenseur de cette Tariqa Al Ahmadiya, protecteur de son honneur, Cheikh Abou-l-Ishaq Seïdina Ibrahim Riyahi Tounsi (qu’Allah l’agrée).

Il fut tout d’abord dans la Tariqa Chadhiliya. Lorsque le Khalife Sidi ‘Ali Harazim (qu’Allah l’agrée), grand compagnon particulier de Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret), est arrivé dans les premières demeures tunisiennes en 1211, il rencontra notre personnage et fit connaissance avec lui. Puis il séjourna chez Sidi Ibrahim Riyahi, à la Madrassa, où leur amitié s’est renforcée.

Il a vu de sa part de nombreux prodiges et a entendu de lui les vertus de Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) et de sa Tariqa. Il désirait entrer dans cette Tariqa Mohammediya et il se le répétait souvent en lui-même. Celui qui l’avait initié à la Chadhiliya et qui faisait partie des grands hommes de Dieu à l’ouverture manifeste, lui conseilla clairement de prendre cette Tariqa, il se conforma ainsi à son conseil.

Avant de rencontrer Sidi Hajj ‘Ali Harazim (qu’Allah l’agrée), il avait vu un rêve qui lui annonçait l’acquisition prochaine d’une station parmi les stations. Lorsqu’il rencontra le Khalife, il lui raconta cela, celui-ci lui fit le commentaire d’une partie de ces signes et lui promit la suite de ce qui restait comme signification plus tard, il l’invita à rentrer dans la Tariqa, ce qu’il fit.

Parmi les évènements qui ont été rapportés du séjour de Sidi ‘Ali Harazim (qu’Allah l’agrée) chez Sidi Ibrahim (qu’Allah l’agrée) en Tunisie, il y a ceci : Le Khalife lui dit un jour : « Je désire faire le Dhikr dans la maison, fais attention que personne n’entre jusqu’à ce que je sorte ». Puis il entra et Sidi Ibrahim Riyahi (qu’Allah l’agrée) resta devant la porte. L’attente fut si longue qu’il n’espérait plus le voir sortir, il se lassa, ce qui le poussa à entrer pour voir ce qu’il était en train de faire, mais il ne trouva personne.

Il se posa des questions sur ce qu’il avait bien pu devenir et il se répétait en lui-même que tout le monde était au courant de la présence du Cheikh dans sa demeure. Il s’exclama et dit : « Ah ! Si je savais quoi leur répondre s’ils me demandent ce qu’est devenu le Cheikh, ah ! Si je savais où il est parti ! »

Il resta soucieux toute la journée, et alors qu’il était assis devant la porte de sa maison voici que le Khalife en sortit. Sidi Ibrahim Riyahi (qu’Allah l’agrée) lui demanda alors : « Ô mon maître ! Où étais-tu ? » Il lui dit : « Certes celui qui a la Connaissance, lorsqu’il prononce le Nom Suprême d’Allah (Ismou Allah el A’dham), il fond puis après avoir fini son Dhikr, il revient à son état initial ».

C’est ce qui était arrivé à Sidi ‘Ali Harazim (qu’Allah l’agrée) et l’amour qu’éprouvait Sidi Ibrahim Riyahi (qu’Allah l’agrée) pour lui, augmenta.

Une de ses grâces fut qu’une fois, alors qu’il était endormi, Sidi ‘Ali Harazim (qu’Allah l’agrée) le réveilla et lui dit : « Lève-toi, demande à Allah Ta’ala ce que tu veux, car cette heure est une heure d’exaucement ». Il se leva et se mit à écrire des demandes, Allah exauça sa dou’a et lui donna ce qu’il désirait. Il faisait partie de ceux qui avaient toutes leurs demandes exaucées, lorsqu’il désirait quelque chose, il l’atteignait. Il avait une force spirituelle très haute et digne, qui ne se satisfaisait pas des futilités.

Il écrivit un livre qui est une réplique contre ceux qui critiquaient ou blâmaient la Tariqa de Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret). Il composa également un magnifique poème faisant l’éloge des qualités sublimes de Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) et il fut écrit avec un tel amour que sa lecture ne laisse personne indifférent.

Le grand compagnon Sidi ‘Arbi ibn Sa-îh (qu’Allah l’agrée) en l’écoutant, ressentit une présence puis dit : « Celui qui l’a écrit, ne l’a fait que par présence et concentration dans l’amour du cheikh. Jamais poème n’a glorifié comme celui-ci. Vous êtes mes enfants, alors sachez que chaque personne qui le lira, Allah lui enlèvera son problème. Il faut le lire en solitaire et certes l’exaucement ne l’évitera pas ».Il fut dit que sa lecture a une influence pour ôter les malheurs et pour soulager les cœurs et il est inscrit sur ce qui couvre la tombe de Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret).  

Parmi les bienfaits que Sidi Ibrahim Riyahi (qu’Allah l’agrée) reçut du khalife Sidi ‘Ali Harazim (qu’Allah l’agrée), il y a l’écriture de sa propre main d’une invocation qui permet de pourvoir aux besoins de ce monde et de l’au-delà.

Sidi ‘Abdelaoui (qu’Allah l’agrée) a raconté les circonstances de la rencontre des deux hommes : quand Sidi ‘Ali Harazim (qu’Allah l’agrée) arriva en Tunisie, il entra dans une mosquée où il était habituel qu’un grand Cheikh y enseigne la noble science.

Parmi les étudiants qui assistaient à cette leçon se trouvait Sidi Ibrahim Riyahi (qu’Allah l’agrée) et le destin voulut que lorsque Sidi ‘Ali Harazim (qu’Allah l’agrée) arriva à la mosquée, il s’assît à côté de lui et ceci avant l’heure de la leçon. Ils discutèrent ensemble jusqu’à ce qu’il interroge le khalife sur sa situation et ce qui l’a poussé à venir en Tunisie. Il le renseigna puis lui dit : « Il est indispensable que tu rentres dans la Tariqa de la connaissance, je ne suis venu ici que pour toi et la preuve qui va certifier ce que je te dis est que votre Cheikh enseignant ne va pas venir à la leçon aujourd’hui »

Sidi Ibrahim Riyahi (qu’Allah l’agrée) s’étonna de ces propos et de ce qu’il a vu de ses états, c’était sa première rencontre avec lui. Il lui dit : « Si le cheikh ne vient pas aujourd’hui, il est sûr que ta situation doit être d’une grande ampleur chez l’élite et le commun et par ceci il t’apparaîtra de ma part la complète générosité ».

Ce que le khalife annonça se déroula effectivement. Sidi Ibrahim Riyahi (qu’Allah l’agrée) s’attacha à lui et l’invita à passer son séjour en Tunisie chez lui, à l’école, ce qu’il accepta. Depuis le bien ne cesse de s’écouler sur sa famille, venant de toute part.

Sidi Ibrahim (qu’Allah l’agrée) profita des connaissances, des secrets et des lumières de la science de Sidi ‘Ali Harazim (qu’Allah l’agrée). Un jour le Khalife lui annonça : « Il va falloir que tu partes comme ambassadeur au Maroc et que tu rencontres son prince et il se passera tel et telle chose. Quand tu t’en iras pour cette destination, il te faudra avant tout visiter notre maître Sidi Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret), reste un long moment avec lui et quitte-le le moins possible » Sidi Ibrahim Riyahi (qu’Allah l’agrée) fut étonné d’entendre ces prédications, mais il savait avec certitude que tout allait se passer tel qu’il le lui avait annoncé.

Le destin d’Allah voulut qu’une famine s’abatte sur la Tunisie en 1218 et les gens eurent besoin des nourritures économisées par le sultan du Maroc. Le prince turc de Tunisie, Hamouda Pacha, ordonna au célèbre savant Sidi Saleh El Kaouache (qu’Allah l’agrée) d’aller comme ambassadeur auprès du sultan du Maroc Maoulana Souleïman (qu’Allah l’agrée).

Le Cheikh cité s’est excusé de ne pouvoir voyager en raison de son âge avancé et de l’augmentation de sa maladie, il lui présenta alors son élève Sidi Ibrahim Riyahi (qu’Allah l’agrée) glorifiant sa valeur auprès du prince et lui garantissant le succès de cette mission.

Le prince Hamouda Pacha ordonna donc à Sidi Ibrahim Riyahi (qu’Allah l’agrée) de se préparer pour voyager et il partit ainsi pour le Maroc où il arriva en paix. Suivant les recommandations de Sidi ‘Ali Harazim (qu’Allah l’agrée) il se rendit tout d’abord dans la demeure de Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret).

Quand il arriva devant la porte une servante lui ouvrit et lui demanda curieusement : « Est-ce que vous êtes Sidi Ibrahim Riyahi le Tunisien ? » Il répondit par l’affirmative, alors elle lui annonça que Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) l’avait informé de sa venue et lui avait donné la permission de le laisser entrer directement.

Dans la maison, il trouva un groupe de compagnons qui avaient eu le privilège de pouvoir rencontrer Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret), on présenta à Sidi Ibrahim Riyahi (qu’Allah l’agrée) une tasse de lait qu’il bu. À ce moment là, Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) sortit de sa pièce d’isolement et salua notre personnage puis il lui annonça le décès de son Cheikh enseignant Sidi Saleh El Kaouache (qu’Allah l’agrée) et lui avoua qu’il avait lui-même assisté à la prière mortuaire en Tunisie, (par le biais d’un prodige), le lundi 17 Chawal 1218.

Lorsque Sidi Ibrahim Riyahi (qu’Allah l’agrée) arriva au terme de sa visite, il prit la direction des appartements du Sultan où la cour l’accueillit avec honneur et générosité. Il visita régulièrement le Sultan jusqu’à ce qu’il obtienne sa demande, il put retourner en paix en Tunisie ayant accompli sa mission. Le Sultan du Maroc s’était attaché à lui, il faisait souvent l’éloge de Sidi Ibrahim Riyahi (qu’Allah l’agrée) et lui écrivait régulièrement.

Voici retranscrit, quelques passages d’une lettre que Seïdina Ahmed Tidjani envoyât au Cheikh El Islam de Tunisie :

[…] Je te donne la permission et l’autorisation pour l’ensemble du Ouird noble, béni et immense. Tu dois t’y accrocher fermement : réveille ton âme (nafs) de son insouciance et ne lui obéis point dans sa débauche, car l’affaire est sérieuse et importante, non point futile. Prends le chemin des efforts, car le pauvre qui renonce à son pacte, ses punitions sont très dures et ses malheurs sont multiples. Sois dans la certitude de ce que tu as, ne néglige pas ce que tu as à faire et ne t’occupes pas de ce qu’on t’a déjà garanti. 

Notre Tariqa Mohammediya a été particularisée par Allah d’une particularité qui la situe au-dessus de tous les chemins et dont la langue ne saurait parvenir à mettre à jour sa vérité. Ne peut prendre ce chemin ni s’abriter en elle que celui qui a été accepté par la grâce d’Allah. Si jamais le voile qui la cache s’était soulevé, les grands Pôles l’auraient désirée comme le berger des régions désertiques désire les nuages. Si je n’avais pas interdit à mes compagnons de la prêcher et d’y inviter les gens, il aurait été une obligation pour tous ceux qui sont en mesure de conseiller la communauté d’inciter les gens à s’y affilier ; mais c’est là une limite que nous ne pouvions franchir. Fais attention, sois clairvoyant, ne te laisse pas leurrer, car toutes les voies spirituelles proviennent d’elle, elle est la source de toutes les tourouq (voies), depuis le début de la Création jusqu’au souffle dans la Trompe du Jugement dernier, cela par une promesse véridique du Maître de l’existence (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui). 

Je t’autorise complètement et entièrement, pour toujours, sans changement, avec la condition obligatoire d’abandonner toute visite à l’ensemble des saints, exception faite de la visite du Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) et de ses Compagnons (qu’Allah les agrée).  

Sache qu’Allah nous a graciés d’une bonté immense par le don de la prière appelée Djaouharatou-lKamel, car toute personne qui la récite douze fois avec des ablutions complètes et dit : « Ceci est un cadeau pour toi, ô Messager d’Allah ! », c’est comme si elle avait visité le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) dans son « jardin paradisiaque » (Raouda Chérifa [à Médine]) et c’est comme si elle avait visité tous les Amis de Dieu depuis l’exil du Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) jusqu’à l’accomplissement de ce dhikr. 

Remarque, qu’Allah te fasse miséricorde, ces grandes faveurs, ces pierres précieuses d’une grande valeur qu’Allah le Généreux nous a données et dont furent privés tous les autres peuples. Notre Tariqa est cachée, sauf au regard du Maître de l’existence (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) qui la connaît ainsi que sa valeur. Qu’Allah nous fasse, ainsi que vous, de ceux qui s’accrochent à elle et de ceux qui cheminent dans son sentier dans la vie et la mort, en paix et en sécurité jusqu’à l’établissement dans les plus hauts degrés du Paradis auprès du Maître de l’existence (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui). 

Prends garde ! Prends garde ! Abstiens-toi de paresser, d’avoir honte et de négliger ce qu’il t’a été ordonné de faire, de t’asseoir à l’endroit du doute et de l’égarement. Je te conseille la crainte d’Allah en secret comme en public et de suivre la Sounna en toute circonstance, dans les paroles et les actes ; d’être satisfait d’Allah dans le peu et le beaucoup ; d’aller vers Allah et de Lui donner l’attention dans tous les états ; de te détacher des créatures que tu t’en approches ou que tu t’en éloignes ; de prendre pour chaque situation la Sounna comme juge. 

Je te recommande la droiture en toute situation. Je te conseille la patience, la préservation de l’évocation et l’abandon complet en Allah, avec la condition de délaisser ce qui ne te regarde pas. Et certes la patience dans le malheur est plus proche de la paix et plus louable dans la finalité. Je demande à Allah qu’Il te donne le droit chemin, Son soutien, Son appui ainsi que le bonheur. Qu’Il s’occupe de toi comme Il s’est occupé de l’élite de Ses serviteurs qui sont aimés chez Lui, ceux des grands degrés, des Véridiques (Siddiqiyya el ‘Adhma) et de la grande sainteté, par la valeur de l’Elu (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) et qu’Il te mette dans Son parrainage, qu’Il te suffise, que tu sois sous Sa protection, qu’Il te vaccine contre le mal […]

Sidi Ibrahim Riyahi (qu’Allah l’agrée) décéda le 27 du mois béni de Ramadan en 1266 à l’âge de 86 ans, sa tombe se trouve à Tunis, qu’Allah soit satisfait de lui. Ainsi a vécu le savant défenseur de notre Tariqa Mohamediyya.

Recherche et Traduction par la Zaouiya Tidjaniya El Koubra d’Europe