L’innovation dans l’école Malikite

Assalâmu alaikum Yaa Sidi,

Ya Sidi,notre préoccupation relève sur la question de la Bid’a dans notre Noble école Malikite, ne sachant où la poster je l’ai mise ici.

Ya Sidi, la question de la répartition de la Bid’a a été excellemment abordée dans la réponse à la question du FAQ, mais voilà nous nous intéressons exclusivement aux différents avis de l’Ecole Malikite.

Ya Sidi ,nos frères qui sont contre la distinction en bonne et mauvaise innovation nous reprochent de ne pas suivre la position de notre Imam Malick (qu’Allah lui fasse Miséricorde) dont ils rapportent cette parole : “Quiconque innove une innovation(religieuse) croyant qu’elle est bonne (hasana) a en vérité prétendu que le Prophète (salallahu ‘alaihi wa salam) a brisé la confiance impliquée par la Prophétie, car Allah Tout Puissant a dit: ‘En ce jour J’ai parfait pour vous votre religion’. Tout ce qui ne faisait pas partie de la religion ce jour-là, ne peut faire partie de la religion aujourd’hui.” (al-I’tisam, 1/48).

Ils utilisent aussi les ouvrages de nos Imams Inb Hâj et As-Shâtibi (qu’Allah les agrée) pour rejeter cette distinction.

Nos questions sont les suivantes :
1) Qu’entendait l’Imam Mâlick (qu’Allah lui fasse Miséricorde) par sa parole citée plus haut ?
2) Comment comprendre que les Imams puissent avoir un avis différent de celui de leur Imam.
3) Peut-on avoir un bref résumé des positions exactes des Imams Inb Hâj et As-Shâtibi ?
4) Les voies de Ses Imams ont-elles été critiquées ou approuvées ?
5) Quelle est la position officielle de l’Ecole Malikite sur cette question ?

Qu’Allah Azza wa jallah vous accorde la patience de patienter avec nous.

REPONSE:

Au Nom d’ALLAH le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux, louange à ALLAH avant tout, louange à ALLAH après tout, louange à Allah un nombre de fois égal à celui de Ses créatures, suffisant pour avoir Son agrément, égal au poids de Son Trône et au volume de l’encre de Ses paroles.

Ô mon Dieu ! Prie sur notre seigneur Mohammed qui a ouvert ce qui était clos, et qui a clos ce qui a précédé, le soutien de la Vérité par la Vérité et le guide sur Ton droit chemin, ainsi que sur sa famille, selon sa valeur et à la mesure de son immense dignité. Et qu’Allah agrée Seïdina AHMED TIDJANI et qu’Il nous agrée par son agrément. AMINE

Wa ‘Alaïkoum Salam wa Rahmatou ALLAH wa Barakatouhou

Je vous salue et je demande à ALLAH qu’Il nous guide vers ce qu’Il aime et agrée.

– Premièrement, la définition étymologique du mot « bid’a » (« innovation » en arabe) c’est la chose innovée qui n’existait pas auparavant. Selon la Loi de l’Islam, c’est ce qui a été innové sans avoir été cité ni dans le Coran ni dans la Sunna.

Dans le coran, Allah le Très Haut fait l’éloge des croyants de la communauté de Seïdina ‘ISSA (sur lui la paix) :

« Nous avons établi dans les cœurs de ceux qui le suivent la mansuétude, la compassion. Et la vie monastique qu’ils ont instaurée – Nous ne leur avions pas prescrite uniquement poussés par la recherche de la satisfaction de Dieu » (Sourate le fer 57, verset 27).

Ainsi, ALLAH a félicité ces croyants parce que c’était des gens qui avaient une bienveillance et une miséricorde, et parce qu’ils ont innové le monachisme, c’est-à-dire qu’ils se détachaient des plaisirs qui étaient autorisés en plus du fait d’éviter les interdits, donc Allah les a loués pour ce monachisme que Seïdina ‘Issa (sur lui la paix) ne leur avait pas ordonné de faire.

À la fin de ce verset ALLAH a dit : « Mais ils ne l’ont pas observée comme ils auraient dû le faire », cette parole ne contient pas un blâme pour eux ou pour le monachisme qui a été inventé par ces croyants sincères, mais pour les générations suivantes qui ont succédé en ajoutant l’association, l’adoration de ‘Issa (sur lui la paix) et la croyance de la trinité.

– La preuve tirée de la noble sunna qu’il y a une bonne innovation

Le Prophète (paix et salut sur lui) a dit :

« Quiconque introduit dans l’Islam une pratique (sunna) louable en retirera une double récompense : la première pour l’avoir introduite, la seconde constituée par la somme des récompenses acquises par ceux qui l’auront imité (fait) après lui sans que cela ne diminue en rien leur propre récompense. Mais quiconque introduit dans l’Islam une pratique mauvaise se verra pénalisé d’une double faute : la première pour avoir introduit cette pratique et la seconde constituée par l’ensemble des fautes commises par ceux qui l’auront imité (fait) après lui sans que cela ne diminue en rien leurs propres fautes. » Sahih Muslim. Hadith de Jarir Ibnou Abdallah Al-Bajaliy.

Il faut comprendre à partir de ce hadith que c’est le Prophète (paix et salut sur lui) qui a fait connaitre à sa communauté qu’il existe deux types d’innovations, une innovation d’égarement, opposée au coran et à la sunna, et une innovation de bonne guidée conforme au coran et à la sunna.

Si quelqu’un objecte : Ce hadith veut dire que celui qui instaure une bonne tradition durant la vie du Messager d’ALLAH (paix et salut sur lui) et non pas après sa mort.

La réponse est que cette objection est infondée, car la restriction de la portée d’un texte n’est confirmée que s’il y a une preuve, le Prophète (paix et salut sur lui) a bien dit : « Celui qui instaure dans l’Islam », il n’a pas dit « celui qui instaure durant ma vie » et il n’a pas dit non plus « celui qui fait un acte que moi-même j’ai fait et qui l’a revivifié par la suite ». Par ailleurs, l’Islam ne se limite pas à la période de vie du Messager d’Allah. (Paix et salut sur lui)

Si certains excessifs disent que ce hadith est lié à une cause et une histoire bien particulière, on leur répond, comme les spécialistes des fondements de la religion (Oussoul Din) l’ont dit : « Ce qui est à prendre en considération, c’est la portée générale du terme et non la particularité de la cause pour laquelle ce terme a été dit. »

– La preuve tirée des paroles et des actes des califes bien guidés (qu’Allah les agrée)

Les califes bien guidés et les pieux prédécesseurs ont introduit des choses qui n’existaient pas au temps du Prophète (paix et salut sur lui) et qu’il n’a pas ordonnées de faire, mais qui sont en conformité avec le coran et la sunna.

Voilà, par exemple Seïdina ‘Omar (qu’ALLAH l’agrée) qui réunit les gens derrière un seul imam pour la prière du Tarawih en disant : « Quelle bonne innovation », et cela est cité dans le Mouata de l’imam Malik (qu’ALLAH l’agrée).

L’Imam ‘Ali (qu’ALLAH l’agrée) a ainsi mis les points et les voyelles sur les lettres du coran, quant à ‘Othman bin ‘affane (qu’ALLAH l’agrée) il a institué le premier des deux appels pour la prière du vendredi et ‘Omar bin Abdel ’Aziz a fait les minarets et les mihrab pour les mosquées…

Tout ça n’existait pas au temps du Prophète (paix et salut sur lui)

Quant à celui qui s’appuie sur la parole de l’imam Malik : « Quiconque innove une innovation croyant qu’elle est bonne a en vérité prétendu que le Prophète (paix et salut sur lui) a brisé la confiance impliquée par la Prophétie. »

Celui-ci est tombé dans une confusion, car le fait qu’il existe des gens qui innovent des choses croyant qu’elles sont bonnes n’implique pas forcément qu’il n’existe pas des innovations bonnes.

Cette parole concerne les innovations interdites que l’innovateur pense bonnes, comme l’assimilation d’ALLAH à ses créatures (Tachbiya) ou l’anthropomorphisme (Tajsim), ou autre croyance ou pratique interdite.

Et sache que les paroles de l’imam Malik sont cohérentes et le sens manifeste de cette parole s’adresse à celui qui introduit une innovation qui n’a aucun fondement, qui ne fait pas partie de la religion, en croyant qu’elle est bonne, et qui a appelé les gens à la pratiquer ou à l’adopter.

Celui-ci est blâmable et il récoltera ses mauvaises actions et l’ensemble des mauvaises actions commises par ceux qui l’auront imité.

L’imam Malik (qu’ALLAH l’agrée) n’ignore pas les textes et les preuves qui font la distinction entre les bonnes et les mauvaises innovations, donc il ne désigne pas par ces propos les bonnes innovations qui s’inscrivent sous l’un des fondements de la loi de la législation musulmane.

Il est loin d’ignorer également le noble Hadith du Prophète (paix et salut sur lui) qui dit : « Celui qui fait un acte qui n’est pas conforme à notre religion, son acte est rejeté», cette expression : « qui n’est pas conforme », est appelé par la majorité des Savants : l’innovation détestable ou mauvaise, et elle suggère implicitement qu’il existe des innovations en conformité avec la loi.

Même chose pour ce noble hadith qui dit : « Celui qui instaure une innovation d’égarement qui ne satisfait pas ALLAH et son Prophète, il se chargera de tous les péchés de ceux qui l’ont fait, sans que leurs péchés ne soient diminués en rien ». Rapporté par Tirmidhi.

La description « innovation d’égarement qui ne satisfait pas ALLAH et son Prophète » fait comprendre qu’il existe une innovation qui ne se décrit pas ainsi, par conséquent elle satisfait ALLAH et son Prophète (paix et salut sur lui).

L’imam Chafi’i a dit : « Tout ce qui possède un fondement dans la loi n’est pas une innovation même si les pieux prédécesseurs (Salaf) ne l’ont pas fait. »

Les preuves et les arguments sur ce sujet sont très nombreux, mais j’ai préféré le résumer.

Quant à la divergence avec l’avis de ibn Al Haj et Rajihi (qui a commenté le livre de l’imam Shatibi) elle ne peut pas être prise en considération vu que la majorité des savants de l’école et ses sommités ne sont pas d’accord avec leur avis, étant tous des savants, nous prenons en compte les avis qui font l’unanimité et nous délaissons les avis minoritaires ou atypiques.

Et ALLAH et son Prophète (paix et salut sur lui) sont plus savants.

La question a été abordée dans la version française (FAQ de notre site Tidjaniya.com en Français), ALLAH dit : « et au-delà de la vérité qu’y a-t-il donc sinon l’égarement. »

Wa Salam ‘Alaïkoum wa Rahmatou ALLAH wa Barakatouhou