Question-réponse 77

Pourquoi dans la Tariqa ne pouvons-nous pas visiter les tombes des musulmans, et pour la famille est-ce permis ?

REPONSE

En ce qui concerne votre question, sachez que la visite des tombes des musulmans est ouverte et recommandée à tous les musulmans surtout lorsqu’il s’agit de la famille, et la Tariqa n’a pas pour rôle de s’opposer à ce qui est recommandé. La seule réprobation concerne les gens affiliés à la voie et seulement dans le cadre de la visite des saints. En effet, les disciples de la Tariqa ont pris l’engagement lors de leur affiliation de ne pas visiter les saints ne faisant pas partie de la Tariqa dans le désir d’obtenir à partir de cette visite une bénédiction particulière.

Donc il faut retenir que :

– D’une part cette limite d’interdiction concernant les disciples de la voie n’est que similaire à celle que fait un docteur dans le traitement d’une maladie, cela n’a rien à voir avec l’interdiction promulguée dans la Chari’a, car la Tariqa n’a pas vocation à permettre ou interdire, cela étant le rôle de la Chari’a, le rôle de la Tariqa est l’éducation spirituelle et la formation intérieure. Ainsi lorsqu’un docteur défend à son patient telle nourriture, ou tel traitement, ce n’est pas parce cela est interdit par la Chari’a, mais parce que c’est ce qu’il convient à son état de santé pour la préserver. Il en est de même de la part des Maîtres car ils sont les docteurs de l’âme et ils agissent en tout ce qui convient pour purifier l’âme et l’aider à cheminer.

– D’autre part cette interdiction ne concerne que les Saints (Aouliya), Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) n’a aucunement visé l’interdiction des tombes comme cela lui a été reproché. La visite commune des tombes et des cimetières tels que le recommande la Sunna n’est pas concernée par cette interdiction et tout disciple Tidjani peut et doit visiter la tombe des musulmans surtout des membres de sa famille, car cela fait partie de la Sunna prophétique et permet de penser à l’au-delà.

Maintenant pour revenir plus profondément sur le point de la visite des Saints au sein de cette voie, il est important de l’expliquer, car il faut savoir que cette interdiction s’est passée en deux temps. Dans un premier temps, depuis l’apparition de la Tariqa à Boussemghoune jusqu’à l’exil à Fès, il fut interdit aux disciples de visiter les saints vivants, mais permis pour ceux qui étaient morts. Cette éducation n’est pas l’exclusivité de notre Tariqa Tidjaniya mais elle fut formulée par de nombreux maîtres dans différentes voies spirituelles.

Cheikh Mohamed el Hafidh el Misri (qu’Allah l’agrée) a dit dans Qasd Sabil au sujet des conditions essentielles nécessaires au disciple et lui permettant le compagnonnage avec le Cheikh:

« Il doit se contenter, dans la visite des saints vivants et morts, par la limite autorisée par son Cheikh, sans croire qu’il s’agit d’une interdiction religieuse de les visiter ou que ce soit réprouvé. Et avec cela il se doit d’aimer l’ensemble des saints, les respecter et les honorer. Cela est retranscrit par tous les grands maîtres de l’éducation spirituelle dans toutes les voies. Ce fut mentionné par Sidi Mohiédine ibn ‘Arabi, Sidi ‘Ali Khawwas, Ibn Hajr Haythami, Cha’rani, Cheikh Zarrouq, Cheikh Samanoudi, Dardiri, Charaïchi, Ibn Bana Sarqasti, Ibn ‘Ajiba, Sidi ‘Abdelaziz Dabbagh, Cheikh Kounti, Imam El Fèsi, Cheikh Mohamed ibn ‘Abdallah El Khani el Khalidi Naqchbandi et autres qu’eux dans les autres voies, et ils sont unanimes dans ce sujet.

Cela ne constitue qu’une marque de bienséance chez les gens de l’éducation spirituelle, car le Cheikh est le docteur du Vrai auquel Allah enseigna les lieux de profit que se partagent les disciples. De par sa connaissance Divine, il ne les oriente que vers la visite, dans laquelle Allah leur décrètera le profit, comme cela fut évoqué par le Connaissant Cha’rani. Seïdina Cheikh Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) a autorisé de manière générale à tous ses compagnons la visite des compagnons du Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui), ainsi que les frères dans sa propre voie, et sans qu’il n’ait besoin de le préciser les prophètes (sur eux la paix) qui devancent tout le monde dans la visite et l’irrigation » Fin de citation.

Il est rapporté dans Ifadatou-l-Ahmediya que Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) a dit : « Le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) m’a dit : « Il y a une affaire que de nombreux maîtres négligent, c’est que celui qui a pris (la voie) d’un Cheikh et qui part visiter un autre Cheikh (d’une autre voie), alors il ne pourra tirer de profit ni du premier, ni du second. » »

L’un des compagnons célèbre et pilier de cette Tariqa, Sidi Taïeb Sefiani (qu’Allah l’agrée) fut confronté aux conséquences de cette infraction spirituelle. Il était auparavant dans la Tariqa des maîtres de Wazzan, entièrement consacré à leur service, ne se tournant vers personne d’autre tout au long des mois et des jours. Puis lorsqu’il a voulu s’affilier à la Tariqa de Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) celui-ci l’informa de la condition essentielle de l’abandon de tout autre Chouyoukh que lui et de toute autre Tariqa que la sienne, il accepta et agréa. Il s’astreignit dès lors à ne rien rajouter avec eux en dehors des salutations d’usage et il perdura dans cette attitude pendant un moment.

Cependant, il reçut la visite de ses anciens compagnons qui s’inquiétaient à son sujet, il les recevait chaleureusement et parfois, il partait avec eux jusqu’à leurs lieux, gardant caché son secret, ne voulant pas dévoiler son affaire. Or, une fois justement, Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) l’envoya dans la région de Wazzan afin de s’occuper de quelques affaires. De retour de voyage, il s’absenta quelques jours de la présence de Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret). Lorsqu’ils se rencontrèrent, Seïdina lui demanda la raison pour laquelle il ne l’avait pas vu depuis son retour, voulant par là faire apparaître le secret de son éducation.

Sidi Taïeb (qu’Allah l’agrée) lui dit : « Ô ! Sidi j’ai eu quelque chose qui m’en a empêché ». Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) lui dit alors : « Est-il survenu quelque chose en toi du fait de t’être rendu à Wazzan ? » Il répondit : « Qu’Allah nous en préserve ». Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) lui dit : « Interroge donc ton cœur ». Dès cet instant, il retourna en sa certitude envers Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) et se blâma à cause de ce qui avait pu survenir en lui comme confusion, et il s’est repenti auprès d’Allah pour tout cela. C’est aussi pour cette raison que Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) lui a dit : « Délaisse les gens de Wazzan car tu ne tireras (de cette relation) que du tort. »

Par la suite cette interdiction fut étendue aussi à la visite des Saints morts et cela survint bien après la fin de la rédaction du célèbre Djawahirou-l-Ma’ani, c’est pour cette raison que cette extension n’y est point mentionnée, mais on retrouve bien cette mention dans d’autres ouvrages de référence tel le Jama’ de Sidi Mohamed ibn Mechri car il est postérieur et son auteur a vécu plusieurs années après le décès de Sidi Hajj ‘Ali Harazim puis il mourut lui aussi avant Seïdina (qu’Allah les agrée).

Il est rapporté par « la langue de la Tariqa » Abou ‘Abdallah Kensoussi : « Méfie-toi de t’arrêter à ce qui est mentionné dans le Djawahirou-l-Ma’ani sur le fait que le disciple peut visiter les saints morts, car Cheikh s’est rétracté sur cela vers la fin de sa vie et il a étendu l’interdiction de manière générale. Or cette interdiction n’a pas été retranscrite dans la première copie de Djawahirou-l-Ma’ani car son auteur (Sidi Hajj ‘Ali Harazim) a fini de l’écrire seize ans avant la mort de Seïdina […] »

Sidi Mohamed Janouna a dit, tel que mentionné dans Raf’ El ’Itab : « J’ai certainement vu une copie de Djawahirou-l-Ma’ani écrite par la main de Sidi Mohamed Belkacem, qui fait partie des plus réputés compagnons de Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) et dans laquelle il est annoté que Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) s’est rétracté sur ce qu’il permettait dans la visite des saints morts en le défendant désormais totalement »

Il est rapporté dans Fath Rabbani : « Quant aux conditions essentielles auxquelles doit s’attacher la personne, elles sont trois : la première c’est qu’il ne visite aucun saint vivant ou mort hormis les prophètes, les Compagnons (du Prophète -que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) et les frères dans la voie. »

Sidi Mohamed ibn Souleïman Mana’i Tounsi (qu’Allah l’agrée), l’un des compagnons de Seïdina, détenteur des sciences apparentes et cachées, a écrit une lettre dans laquelle il mentionne certaines conditions de la Tariqa pour celui qui veut s’y affilier : « Sachez mes chers frères que les oraisons du Cheikh suprême et Souffre rouge Sidi Ahmed ibn Salim Tidjani, réclament des conditions, que certains d’entre ceux qui ignorent les écrits des gens des voies spirituelles pourraient critiquer, mais (comme dit le proverbe) « ne connait la jeune mariée que sa famille » […] Celui d’entre vous qui s’attache aux conditions alors je l’autorise dans le Lazim et la Wadhifa du Cheikh, mais celui qui ne s’y attache pas il n’aura aucune autorisation, et ce sont :

La première c’est de ne jamais délaisser l’accomplissement des oraisons méritoires […]

La seconde c’est de délaisser la visite des saints vivants ou morts, les sommités comme les inconnus. Il se peut que cela soit critiqué par certains d’entre ceux qui ignorent les écrits des gens des voies spirituelles, or cela est mentionné dans de nombreux écrits, mais seulement cela implique certains et non tous (c’est-à-dire que cela n’implique pas ceux qui s’affilient par bénédiction, sans engagement, en vue de tirer profit d’œuvres surérogatoires, contrairement à ceux qui s’affilient par un vœu pieux pour l’éducation spirituelle. Dans la Tariqa Tidjaniya il n’y a pas d’affiliation sans engagement comme pour certaines voies, car toute affiliation se fait par un engagement et un vœu pieux).

Je vais vous expliquer cela par un exemple, il est mentionné (dans leurs écrits) que le disciple ne peut parvenir à Allah que lorsqu’il parviendra à rompre toute autre attache que celle de son Cheikh de sorte qu’il est convaincu que le profit ne lui parviendra que par l’intermédiaire de son Cheikh et il estime que toute chose de bien n’est détenue qu’entre les mains de son Cheikh et personne d’autre que lui.

Par conséquent, dès le moment où il croit que le bien peut lui parvenir par une autre main que celle de son Cheikh, dès cet instant leur relation mutuelle est coupée. Réfléchis au récit connu au sujet du serviteur de Sidi Abdelqader Djilani (qu’Allah l’agrée) qui, un jour, fut occupé à rénover la Zaouiya lorsqu’entra auprès de lui Seïdina Khidr (sur lui la paix). Il lui transmit ses salutations, mais sans lever la tête vers lui, ni même en jetant un regard dans sa direction. Khidr (sur lui la paix) lui dit : « Ne sais-tu pas qui je suis ? Si tu ne me connais pas, sache que je suis Khidr. » Le serviteur lui répondit : « Je t’ai certainement reconnu, mais seulement l’amour que j’éprouve pour ‘Abdelqader ne laisse aucune place pour un autre. »

Ainsi, celui qui visite un saint se retrouve nécessairement dans une des deux situations, soit il croit à l’obtention d’un profit par la visite du wali ou bien non. S’il croit en un profit de lui, alors il s’est détourné de son Cheikh et s’il croit que le profit ne provient que de son Cheikh et non du wali visité, dans ce cas sa visite est vaine et devient un manque de bienséance envers le wali visité. Pour notre part, nous ne dénigrons point la visite des saints ni leurs mérites, mais nos propos concernent ceux dont le Cheikh a mis en garde les disciples de la délaisser, car il se doit alors de se conformer à sa recommandation. Dans le cas contraire, cela devient une désobéissance envers son Cheikh et par cette inobservance il ne peut plus jamais tirer de profit de lui […] » Fin de citation

En réalité, bien que souvent on retrouve comme interprétation à cette extension tardive de l’interdiction aux saints morts la même cause que celle qui concernait les vivants, il y a une tout autre raison plus subtile que ne goûtent et ne comprennent que ceux qui sont familiers aux secrets spirituels et à leurs réalités, avec ce que cela contient comme station et bienséance s’y rapportant.

En fait cette interdiction n’est survenue qu’une fois que notre maître le Pôle Caché s’est établi fermement dans sa station particulière de la Katmiya, devenant ainsi parmi les saints le porte-parole et le porte-étendard unique de la station singulière du plus parfait des prophètes et leur sceau, celle de la Haqiqat el Mohammediya (Réalité Mohammadienne).

Il est dit dans Djawahirou-l-Ma’ani au sujet de cette Réalité Mohammadienne : « C’est par elle que proviennent toutes les obtentions spirituelles des prophètes et messagers (sur eux la paix) et l’ensemble des anges et rapprochés, l’ensemble des Pôles et véridiques, l’ensemble des Saints et Connaissants » jusqu’à ce qu’il dise : « Tout ce qu’obtient l’ensemble de la création comme science, connaissance, émanation, illumination, élévation, états, stations et caractères, tout cela provient de l’irrigation de la Réalité Mohammadienne. »

Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) a dit en commentant les vers suivants du Hamziya :

« Comment les prophètes peuvent ils accéder à ton élévation ? » et le vers « Ô ciel que nul autre ne peut transcender ».

« Le poète commence son vers par la proposition interrogative et exclamative « Comment » (Kaïfa), dans les deux cas cela signifie qu’il est impossible aux prophètes d’accéder au Prophète Mohammed (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui). La négation montre ici qu’ils n’ont pas un commencement semblable au sien, car la condition par laquelle la Réalité Mohammadienne a pris naissance ne laisse à personne l’espoir d’en être à l’origine, car il est le fondement de tout fondement et tout l’univers est une partie de lui. Il est donc connu que dans tous les cas la « partie » ne peut contenir le « tout » puisque étant une subdivision il ne peut englober l’ensemble. De ce fait si le rapport entre le « tout » et la « partie » est ainsi régi alors tous les prophètes et messagers (sur eux la paix) ne peuvent espérer transcender l’élévation Mohammadienne, car il est stationnaire (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) dans le degré de la singularité exprimant la Vérité de l’Essence Absolue […]

« Comment les prophètes peuvent-ils accéder à ton élévation ? »

Cela veut dire que tous les prophètes et messagers (sur eux la paix) ne peuvent égaler le Prophète Mohammed (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) dans sa station et qu’ensuite la nature même du domaine de la Vérité diffère entre le sceau de la prophétie et tous les autres prophètes à tel point que le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) englobe ce que les autres prophètes sont incapables de cerner. En conséquence ils ne peuvent espérer s’élever à tes hauteurs, ô Prophète, puisqu’ils ne sont que des subdivisions, Tu es certainement le fondement rassembleur (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui).

Le fait qu’il dise : « Ô ciel que nul autre ne peut transcender »

Cela montre que le prophète Mohammed (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) est élevé au-dessus de toute existence telle l’élévation du ciel par rapport à la terre. En prenant cet exemple, on remarque que le ciel assure la subsistance des gens de la terre et que, par la volonté d’ALLAH, il exerce une influence sur sa surface. En conséquence, le ciel est plus noble et plus élevé que la terre de même pour le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) qui est au-dessus de tout ce qui existe. Ainsi, la totalité de l’existence tire profit et irrigation de sa généreuse présence et toute forme de manifestation n’est en réalité que le résultat des Noms Divins et des Secrets Seigneuriaux qui sont compris dans la Réalité Mohammadienne et qui assure l’irrigation de l’existence.

Le vers qui dit : « Ô ciel que nul autre ne peut transcender » signifie que l’ensemble des prophètes et des messagers n’égalent point l’élévation du Prophète Mohammed (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) et ils ne peuvent englober ses secrets, ses savoirs, ses connaissances et maîtriser la vérité de ses stations…Le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) est un ciel de noblesse dont la lumière délimite l’ensemble des prophètes et des messagers (sur eux la paix), il est impossible pour eux d’accéder à la station du Prophète Mohammed (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) à cause des voiles Divins, s’ils se rapprochaient du premier voile de lumière ils seraient brûlés en moins d’un clin d’œil […] » Fin de citation

Par conséquent, tous ceux qui reçurent cette irrigation directement de cette station unique du Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) furent tamponnés du cachet de la Réalité Mohammadienne, c’est-à-dire les prophètes (sur eux la paix), les Compagnons (qu’Allah les agrée) et le Sceau des Saints avec l’ensemble de ses disciples et compagnons de son époque jusqu’au jour Dernier.

Il est mentionné que le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) a dit à Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) : « Lorsque tes compagnons passent auprès de mes compagnons qu’ils les visitent, quant à tout autre parmi les saints, ils ne doivent pas. »

Du fait de ce cachet de la Réalité Mohammadienne, ceux qui s’affilient à la voie sont alors considérés par le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) comme ses propres compagnons et disciples. Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) a dit : « Le Maître de l’existence (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) m’a dit :«Tes compagnons sont mes compagnons, tes disciples sont mes disciples et tes élèves sont mes élèves » ».

Pour cette raison, l’interdiction de la visite des saints morts ne concerne nullement les compagnons de Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) ni les frères dans la voie, comme cela est connu et reconnu. Pour exemple Sidi Ahmed Mazouni, qui faisait partie des plus grands parmi les élites des compagnons, décéda du vivant de Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) et il fut enterré dans le cimetière des « Aoulad ibn Abdallah » près de la porte de « Bab Ftouh ». Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) après l’enterrement de notre personnage a dit à ses compagnons : « Celui qui a un besoin et qui désire le résoudre qu’il prenne un peu de terre de la tombe de Sidi Ahmed Mazouni ».

De même, l’un des piliers de cette Tariqa, Sidi Taïeb Sefiani avait pour habitude chaque vendredi de visiter la tombe de Sidi ‘Abdsalem Abou Taleb (qu’Allah les agrée) et constatait l’effet bénéfique que produisaient ces visites. Ce dernier (qu’Allah l’agrée) comptait parmi l’élite des compagnons de Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) et faisait partie des anciens qui eurent le privilège de l’accompagner depuis son apparition.

Il est rapporté par Cheikh ‘Omar Foutiyou dans son Rimah que parmi les grâces et mérites des disciples de cette voie c’est qu’ils ont un signe distinctif qui est accessible aux gens du dévoilement et par lequel on peut reconnaître qu’ils sont les élèves du Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) et ses disciples. En effet, sur chacun il est inscrit entre ses yeux « Mohammed » et sur son dos derrière son cœur « Mohammed ibn ‘Abdallah » et ils portent sur leur tête une couronne de lumière sur laquelle est inscrit : « La Tariqa Tidjaniya provient de la Réalité Mohammadienne ».

Ce cachet est la quintessence de toutes irrigations, elle est le « tout » d’où découlent et tirent leur origine toutes les « parties » et elle ne se mélange à aucune autre. Le Pôle Caché et Sceau de la Sainteté Mohammadienne (qu’Allah sanctifie son précieux secret) est le dépositaire de ce cachet pour le domaine de la sainteté. De ce fait, depuis toujours, il est la quintessence de la Sainteté et sa voie est la mère de toutes les voies, il écrit d’ailleurs dans une de ses lettres en parlant de la particularité de sa voie :

« Fais attention ! Regarde en face de toi, ne te laisse pas leurrer, car toutes les voies spirituelles proviennent d’elle, elle est la source de toutes les tourouq, depuis le début de la création jusqu’au souffle dans la trompe du Jugement dernier, par une promesse véridique du maître de l’existence (Sayyid El Woujoud (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui)).»

C’est aussi l’allusion que révèlent ses nobles propos suivants :

« Tout wali ne s’irrigue et ne s’abreuve que de notre océan depuis le début de la création et jusqu’au jour où on soufflera dans la Trompe. »

Et aussi sa parole : « Je suis le maître des saints tout comme le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) est lui, le maître des prophètes. »

Ainsi que sa parole : « L’ensemble des Wali entre dans notre groupe, se réclame de notre voie et prend notre Ouird depuis le début de l’existence jusqu’au jour du Jugement. »

Par conséquent, depuis que Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) fut fixé dans sa station particulière, devenant par là même le miroir reflétant le cachet de la Réalité Mohammadienne, c’est alors que l’interdiction de la visite des saints devint générale. En effet, comme il a été stipulé par Cheikh Ibn ‘Arabi el Hatimi : « Les Aouliya se trouvent sur les traces de pas des prophètes (sur eux la paix), chaque Wali est sur les pas d’un prophète (sur eux la paix) ».

Ainsi, chaque Chouyoukh s’abreuve dans la source spirituelle d’un des prophètes d’Allah (sur eux la paix) et détient le cachet spirituel de l’un des prophètes correspondant à sa station. Les prophètes (sur eux la paix) reçoivent en irrigation « ascendante » le cachet la Réalité Mohammadienne mais en irrigation « descendante » ils octroient leurs propres cachets particuliers à leurs stations à l’un des Wali.

Or comme il a été expliqué précédemment il est impossible de mélanger la station particulière du Prophète Mohammed (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) avec celle de l’un des autres prophètes et cela quelque soit sa valeur, le cachet de la Réalité Mohammadienne étant le « tout » et celui de l’un des prophètes n’étant qu’une « partie » de ce « tout ». Si celui qui détient le cachet de la Réalité Mohammadienne s’oriente vers un Saint ayant le cachet d’un autre d’entre les prophètes (sur eux la paix) afin de tirer profit de lui, alors il sera dépouillé et privé du cachet du « tout » sans même pouvoir tirer un quelconque profit du cachet de la « partie ».

Ainsi son manque de bienséance et de valeur envers la Station prophétique le propulsera sans rien et il récoltera le malheur dans ce monde ainsi que dans l’autre. D’où les paroles suivantes de Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) : « Toute voie qui entre dans la nôtre est abrogée, car notre cachet superpose tous les cachets et notre cachet ne peut être supporté par un autre. »

Ainsi que cette mise en garde :

« Celui qui délaisse une oraison d’entre les oraisons des maîtres en raison de son entrée dans notre Tariqa Mohammediya qu’Allah a honoré au-dessus de toutes les voies, celui-là Allah le Très-Haut le préservera en ce monde et dans l’au-delà, et il n’a aucune crainte à avoir concernant une calamité s’abattant sur lui, ni de la part d’Allah, ni celle de son Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui), ni de son précédent maître, qu’il soit parmi les vivants ou les morts. Quant à celui qui a pénétré notre groupe et l’a délaissé puis a pénétré dans une autre qu’elle, celui-là s’exposera alors aux malheurs de ce monde ainsi que dans l’autre et il n’atteindra jamais la réussite. »

Il est rapporté dans Ifadatou-l-Ahmediya que Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) a dit : « Le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) m’a ordonné d’ôter l’autorisation à deux personnes parties visiter la tombe de Moulay Abdsalem ibn Machich (qu’Allah l’agrée). »

Il a dit encore : « Tous ceux qui visiteront un Wali d’entre les Aouliya, ceux-là ont rompu le lien qu’il y a entre nous, ils ne sont plus de nous et nous cherchons protection auprès d’ALLAH contre les doutes et les conjectures. »

Selon Abou AbdAllah Kenssoussi (qu’Allah l’agrée), il est rapporté que certains compagnons ont interrogé Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) sur la question suivante : s’ils passaient auprès du mausolée de Maoulana Idriss (qu’Allah l’agrée), devaient-ils se rendre auprès de lui pour le saluer ?

Il leur répondit qu’ils ne devaient point se rendre auprès de lui pour le saluer et il dit : « Tout le monde se trouve dans un domaine alors que moi et mes compagnons nous sommes dans un tout autre domaine et tout le monde se trouve dans une direction alors que moi et mes compagnons nous sommes dans une tout autre direction ».

Bien que la privation, au sein de la voie, de la visite des saints morts et vivants soit due au respect réclamé par la station du cachet de la Réalité Mohammadienne et devrait être de ce fait, une cause de réjouissance et d’observance pour tous disciples, Allah le Très Haut octroya en compensation une faveur sans commune mesure. Mais clôturons ces explications en laissant notre maître le Pôle Caché et Sceau de la Sainteté Mohammedienne (qu’Allah sanctifie son précieux secret), étendard et porte-parole de la Réalité Mohammadienne, nous faire cette bonne annonce avec l’extrait de l’un de ses courriers :

« […] Je t’autorise complètement et entièrement pour toujours sans changement avec la condition obligatoire d’abandonner toute visite à l’ensemble des saints, à part la visite du Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) et ses compagnons (qu’Allah les agrée) et personne d’autre.

Sache qu’Allah nous a graciés d’une bonté immense par le don de la prière appelée Djaouharatou-l-Kamel, car toute personne qui la récitera 12 fois avec des ablutions complètes et dit : « Ceci est un cadeau pour toi, Ô ! Messager d’Allah » c’est comme s’il avait visité le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) dans son Raouda Chérifa (emplacement dans la mosquée du Prophète à Médine dénommé « jardin paradisiaque ») et c’est comme s’il avait visité tous les Aouliya qui vécurent depuis l’exil du Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) jusqu’à l’accomplissement de ce Dhikr.

Remarque, qu’Allah te fasse miséricorde, ces grandes faveurs, ces pierres précieuses d’une grande valeur qu’Allah le Généreux nous a données et dont furent privés tous les autres peuples […] »

Recherche et traduction par la Zaouiya Tidjaniya El Koubra d’Europe