Question-réponse 81

Je trouve étrange que Ahmed tidjani soit autant critiqué pour un homme de science et un Saint, prière de m’éclairer.

REPONSE

En effet, si on ne devait mesurer la valeur d’un homme que par le nombre de ses détracteurs alors certainement Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) serait là aussi sans aucun doute le leader suprême. Mais cela n’est pas étrange pour autant, car telle est la tradition d’Allah sur ses pieux serviteurs, Il en a fait une cause de réussite pour les gens de la félicité à travers leur suivi et leur amour, et une cause de perdition et de punition envers ceux des gens de la perte par leur persistance à leur causer du tort.

Sachez qu’à partir du moment où Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) fut chargé de diriger les gens vers la vérité et de transmettre la Tariqa Mohammediya à tous ceux qui la réclameraient, cela déclencha à son encontre jalousie et mécontentement, lui qui était bien au-dessus de toutes ces infamies. Il s’éloignait de ses détracteurs de la plus belle manière, car il savait que cette rancœur était due à l’héritage Mohammadien qui s’était manifesté en lui. Et cela est aussi un des signes accompagnant le détenteur du Sceau de la Sainteté, car comme l’a indiqué Ibn ‘Arabi (qu’Allah l’agrée), il sera éprouvé par le grand nombre de ses détracteurs tout comme le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) fut éprouvé par les hypocrites.

De ce fait, lorsque ces derniers se déchaînèrent contre Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) et qu’il prit conscience que leurs agissements les conduiraient à leur perte, en ce monde et dans l’autre, par le tort qu’ils occasionnaient au Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui), alors sa compassion envers eux l’emporta. Il fit son possible et redoubla d’efforts afin de leur épargner sa colère, tout comme l’a dit Djunayd : « Le soufi est comme la terre : on y jette tout ce qui est vil, et il n’en sort que du beau. »

Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) fit passer une lettre au Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) par l’intermédiaire du noble Mohamed ibn ‘Arabi Damraoui (qu’Allah l’agrée) où il lui formula la demande suivante : « Au Nom d’Allah le Tout-miséricordieux, le Très-Miséricordieux et que la prière d’Allah soit sur notre maître Mohammed ainsi que sur sa famille. Ô ! Mon maître, je te demande à jamais, éternellement la protection complète contre ta colère pour tous ceux qui me détestent ou contre qui je me suis mis en colère et pour tous ceux qui sont irrités contre moi ou contre qui je serais irrité, car, ô mon maître, je suis très affligé par ta colère envers les gens par ma cause. »

Le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) répondit par l’intermédiaire de Sidi ‘Arbi (qu’Allah l’agrée) en leur disant : « Sachez que je ne me mettrais en colère que contre celui qui t’insultera, toi et Tidjani voulant votre perte, celui qui t’insultera toi et Tidjani ou qui vous sera hostile alors je serais en colère contre lui le Jour du Jugement et quant à celui qui vous aime, il fait partie des gens du salut et il est le premier envers qui j’intercéderai le Jour du Jugement et il ne sera pas jugé […] »

Cheikh Abou-l-Hasan Chadhili (qu’Allah l’agrée) a dit : « Du fait qu’Allah savait de par Sa Préscience dans la préexistence ce qui allait survenir aux gens des voies spirituelles, Il a décrété pour Lui-même qu’Il serait Lui le premier à subir les mauvais propos des gens de la perdition. Ainsi, ils Lui ont attribué une épouse, un enfant, la pauvreté et d’autres choses, alors qu’Il est hors d’atteinte de tout ce qu’ils disent. De ce fait, si l’un de ses Wali ou Véridiques est dans une situation intérieure difficile à cause de ce qui se raconte sur lui, comme la mécréance, l’apostasie, la sorcellerie, la folie et autres que tout cela, alors un appel du Vrai retentit en lui : « Ne vois-tu pas comment tes frères en humanité agissent envers Moi, M’attribuant ce qui ne me convient pas ?! » Et si cela ne suffit pas à le soulager de leur propos à son encontre alors un autre appel du Vrai –Glorifié et Exalté – retentit disant : « N’as-tu pas un bel exemple à travers Moi ?! Sur ce qu’ils ont dit à mon sujet et au sujet de mon bien aimé Mohammed, et au sujet de ses frères parmi les prophètes et les messagers leur attribuant ce qui ne convient nullement à leur degrés comme la folie, la sorcellerie et autres que cela. » Après quoi son cœur s’apaise. »

Cheikh Jalaldin Souyouti (qu’Allah l’agrée) a dit : « Sache que chaque élite de son époque a un ennemi parmi les gens de la bassesse ainsi les gens honorables ne cesseront d’être éprouvés par les méprisables. Adam (sur lui la paix) a eu Iblis, Noé (sur lui la paix) a eu Ham et d’autres, Daoud (sur lui la paix) a eu Goliath, Souleïman (sur lui la paix) a eu Sakhr, ‘Issa (sur lui la paix) a eu dans sa première période Bakht Nasr et dans la seconde il aura le Dajjal, Ibrahim (sur lui la paix) a eu Nemrod, Moussa (sur lui la paix) a eu Pharaon, et ainsi jusqu’à notre Prophète Mohammed (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) qui a eu Abou Jahal et d’autres idolâtres, mais ce sont les hypocrites qui lui ont causé le plus de tort. Ainsi le jour de Badr un tissu de velours rouge a disparu et les hypocrites ont prétendu : « Peut être est-ce le messager d’Allah qui se l’ai approprié. » Allah le Très haut (qu’Il soit Glorifié et Exalté) révéla concernant l’innocence du Messager d’Allah (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) de toute appropriation : « Un prophète n’est pas quelqu’un à s’approprier du butin. » (Sourate 3 La Famille d’Imran, verset 161)

Et le Très Haut (qu’Il soit Glorifié et Exalté) a dit : « C’est ainsi que Nous fîmes à chaque prophète un ennemi parmi les criminels. » (Sourate 25 Le Discernement, verset 31)

Et le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) a dit : « Personne n’a subi les torts que j’ai endurés pour Allah. »

C’est ainsi que certains compagnons malgré leurs mérites et leur valeur subirent des accusations d’hypocrisie et d’orgueil. Parmi eux se trouvait ‘Abdallah ibn Zoubaïr (qu’Allah les agrée tous deux) qui accomplissait ses prières avec crainte et une grande humilité, mais certains prétendirent qu’il ne faisait que simuler cette attitude par orgueil, de telle sorte qu’une fois tandis qu’il était en position de prosternation, ils lui renversèrent sur la tête de l’eau bouillante, brûlant ainsi sa tête et son visage alors qu’il n’avait rien remarqué. Ainsi, ce n’est que lorsqu’il clôtura sa prière qu’il demanda : « Qu’est-ce que cela ? » et ils l’informèrent de ce qui s’était passé. Il dit en réponse à leur geste (qu’Allah l’agrée) : « Qu’Allah leur pardonne pour ce qu’ils ont fait » et il resta un certain moment à souffrir des brûlures de sa tête et de son visage.

Quant à Ibn ‘Omar (qu’Allah les agrée tous deux), il avait un ennemi acharné qui se jouait de lui à chaque fois qu’il passait vers lui.

De même Ibn ‘Abbas (qu’Allah les agrée tous deux) avait contre lui Nafi’ ibn Azraq qui lui causait énormément de tort et prétendait qu’il commentait le Qoran sans détenir de science.

Et encore Sa’d ibn Abi Waqqas (qu’Allah l’agrée) qui souffrit beaucoup de certains ignorants de Koufa et cela malgré le fait qu’il faisait partie des dix à qui furent promis le Paradis par le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui). Ces derniers allèrent jusqu’auprès du Khalife ‘Omar ibn el Khattab (qu’Allah l’agrée) pour se plaindre de lui en disant : « Il n’accomplit pas bien la prière. »

Et aussi il n’est pas ignoré ce qu’a subit la noble descendance purifiée du prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) comme tort inqualifiable et ce, jusqu’au point où ils furent insultés publiquement sur les chaires des mosquées.

Il en est de même du grand Imam Abou Hanifa (qu’Allah l’agrée) qui subit les abus des gouverneurs et monarque de son époque subissant les coups et l’emprisonnement, et l’Imam de Médine, Malek ibn Anas (qu’Allah l’agrée) dont la renommée a franchi les barrières géographiques et historiques, lui aussi a encouru ce mauvais traitement au point que pendant environ vingt-cinq ans il ne sortait plus pour accomplir la prière en groupe et celle du Vendredi (Joumou’a).

L’imam Chafi’i (qu’Allah l’agrée) n’échappa pas à l’infamie des injustes de la ville de Najran qui portèrent plainte contre lui auprès du Khalife Haroun Rachid, l’accusant de faits inexacts, c’est ce qui fut la cause de son établissement en Iraq avant de se rendre définitivement en Égypte. Et aussi l’illustre Imam d’une des quatre célèbres écoles juridiques de l’Islam, Ahmed ibn Hanbal (qu’Allah l’agrée), il reçut aussi sa part d’accusations, d’emprisonnement et de coups.

Ce fut encore le cas avec l’Imam Boukhari (qu’Allah l’agrée) dont Ibn Khuzayma a dit : « Il n’a pas existé de savant du hadith plus grand qu’Al-Boukhari sous la coupole céleste » ; lui aussi a subi des torts, il fut chassé de sa ville natale et il voulut alors se rendre dans la ville de Samarcande, mais certains s’opposaient à sa venue, il mourut en fin de compte sur le trajet après avoir invoqué Allah (qu’Il soit Glorifié et Exalté) en ces termes : « Seigneur ! La terre, toute spacieuse qu’elle soit, s’est rétrécie autour de moi ! Reprends-moi vers Toi Seigneur ! »

Cheikh al-Islam Ibn Hajar al-Haytami (qu’Allah l’agrée) qui était un élève de Zakariyya al-Ansari (qu’Allah l’agrée) fut une fois questionné au sujet des statuts légaux de ceux qui critiquent les Soufis. Y a-t-il une raison pour de telles critiques ? Il répondit dans son Fatawa hadithiyya :

« Il est obligatoire pour toute personne dotée d’esprit et de foi de ne pas tomber dans le piège de critiquer ce groupe (les Soufis), car c’est un poison mortel, comme cela a été attesté dans le passé et récemment. »

Parmi plusieurs autres écrits sur le même sujet, il donna une importante fatwa disant : « Quiconque nie, rejette, ou désapprouve les Soufis, Allah ne lui rendra pas sa connaissance bénéfique. »

Voici ci-dessous le texte complet de cette Fatwa :

« Notre Cheikh, le savant gnostique Abou al-Hassan al-Bakri me dit, sur l’autorité du Cheikh et savant Jamal al-Din al-Sabi mot pour mot – et il est l’un des étudiants les plus distingués de notre Cheick Zakariyya al-Sabiq (al-Ansari), qu’al-Sabi avait l’habitude de critiquer la voie de l’honorable Ibn al-Farid. Une fois, al-Sabi vit en rêve le Jour du Jugement, et il transportait un fardeau qui l’épuisa, ainsi il entendit quelqu’un dire: « Où est le groupe d’Ibn al-farid ? »

Il dit : J’avançai dans l’espoir d’entrer avec eux, mais on me dit: « Tu n’es pas l’un d’eux, retourne. » Lorsque je me réveillai, j’eus extrêmement peur, et je ressentis du regret et du chagrin, alors je me repentis à Allah d’avoir rejeté la voie d’Ibn al-Farid, et je renouvelai mon engagement à Allah, puis je retournai en la croyance qu’il (Ibn al-Farid) est l’un des awliya – saints et amis – d’Allah. L’année suivante et au cours de la même nuit, je fis le même rêve. J’entendis dire: « Où est le groupe d’Ibn al-Farid ? Laissez-les entrer au paradis. » Alors, je m’avançai avec eux et il fut dit: « Entre, car tu es maintenant l’un d’eux. »

Examine cette affaire très attentivement parce qu’elle vient d’un homme de savoir de l’Islam. Il apparait – et Allah est Savant – que c’est à cause de la baraka ou la bénédiction de son Cheikh Zakariyya al-Ansari qu’il a vu le rêve qui lui a fait changer d’avis. Autrement, combien de leurs opposants ont été laissés dans leur aveuglement, jusqu’à ce qu’ils se trouvent en perdition et en destruction ! »

Voici le récit suivant de la première rencontre du légendaire `Abd al-Qadir Djilani (qu’Allah l’agrée) avec al-Hamadani (qu’Allah l’agrée) et rapporté par Haythami dans son Fatawa hadithiyya :

« Abou Sa`id `Abd Allah ibn Abi `Asroun, l’Imam de l’école Chafi`i, a dit :

« Lorsque je commençai à chercher la connaissance religieuse, je restais en compagnie de mon ami Ibn al-Saqa qui était un élève de l’école Nizamiyya et il était de notre habitude de rendre visite aux pieux. Nous avons appris qu’il y avait à Bagdad un homme du nom de Youssouf al-Hamadani qui était connu comme al-Ghawth, et qu’il était capable d’apparaître et de disparaître toutes les fois qu’il le voulait. Ainsi donc, je décidai de lui rendre visite avec Ibn al-Saqa et Cheikh `Abd al-Qadir al-Djilani, qui était jeune en ce temps-là. Ibn al-Saqa dit : « Lorsque nous visiterons Youssouf al-Hamadani, je lui poserai une question dont il ne connaîtra pas la réponse.» Je dis : « Je vais lui poser aussi une question et je veux voir ce qu’il va dire. » Cheikh `Abd al-Qadir Djilani dit : « Ô Allah, épargne-moi de questionner un saint comme Youssouf al-Hamadani, mais j’irai en sa présence pour solliciter sa baraka – bénédiction – et sa Connaissance Divine. »

« Nous entrions dans son cercle d’étude. Il se rendit invisible et nous n’arrivions pas à le voir pendant un certain temps. Il regarda sévèrement Ibn al-Saqa et dit : « Ô Ibn al-Saqa, comment oses-tu me poser une question alors que ton intention est de me confondre ? Ta question est celle-ci et ta réponse est celle-là ! » Ensuite il lui dit : « Je vois le feu de la mécréance brûler dans ton cœur. » Il me regarda et dit : « Ô `Abd Allah, es-tu en train de me poser une question et d’attendre ma réponse ? Ta question est celle-ci et ta réponse celle-là. Les gens sont mécontents de toi parce que leur attention est distraite par ton manque de respect à mon égard. » Ensuite il regarda Cheikh `Abd al-Qadir Djilani, le fit asseoir près de lui et l’honora. Il dit : « Ô `Abd al-Qadir, tu as satisfait Allah et Son Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) par ton respect pour moi. Je te vois assis dans le futur à la plus haute place à Bagdad, prêchant, enseignant aux gens et leur disant que tes pieds sont sur le cou de chaque wali ! Et, je vois, chaque wali de ton temps te donner la préséance à cause de ton rang et de ton honneur. »

Ibn Abi `Asroun témoigna : « La renommée d’Abd al-Qadir devint très populaire et tout ce que Cheikh al-Hamadani avait dit à son sujet arriva. Il fut un temps où il dit effectivement : « Mon pieds est sur le cou de tous les awliya. » et il fut une référence et un flambeau en son temps, illuminant les gens jusqu’à leur destination.

Le sort d’Ibn al-Saqah fut autre chose. Il était brillant dans sa connaissance de la loi divine. Il devançait tous les savants de son temps. Il avait l’habitude de débattre avec les savants de son temps et les vaincre, jusqu’à ce que le calife l’admette dans son cercle. Un jour le calife l’envoya comme émissaire chez le Roi de Byzance, qui à son tour fit appel à tous ses prêtres et savants de la religion Chrétienne pour débattre avec lui. Ibn al-Saqa les vaincu tous. Ils furent incapables de donner des réponses en sa présence. Il leur donna des réponses qui les rendirent comme des enfants et de simples élèves en sa présence.

Sa brillance fascina tellement le Roi de Byzance qu’il l’invita à une rencontre privée avec la famille royale. À cette rencontre, il vit la fille du Roi. Il tomba immédiatement amoureux d’elle, et il demanda au Roi la permission de l’épouser. Elle refusa à moins qu’il accepte sa religion. Il accepta, abandonnant ainsi l’Islam et acceptant la religion Chrétienne de la princesse. Après son mariage, il tomba sérieusement malade. Ils le chassèrent du palais. Il devint un mendiant dans la ville, quémandant de la nourriture, mais personne ne lui en fournissait. L’obscurantisme s’abattit sur son visage.

Un jour, il vit quelqu’un qu’il connaissait. Cette personne rapporte : « Je lui demandai, qu’est-ce qui t’es arrivé ? » Il répondit : « Il y avait une tentation et j’y suis tombé. » L’homme lui demanda : « Te souviens-tu de quelque chose du Coran ? » Il répondit : « Je me souviens seulement de ce verset encore…« ceux qui mécroient voudraient avoir été Musulmans » (Sourate Al-Hijr 15, verset 2).

Il tremblait comme s’il allait rendre son dernier souffle. Je le tournai en direction de la Ka`ba, mais il ne faisait que se tourner en direction de l’est. Encore, je le tournai en direction de la Ka`ba, mais il tourna en direction de l’Est. Je le tournai pour une troisième fois en direction de la Ka`ba, mais il se retourna en direction de l’Est. Comme son âme alors le quittait, il dit : « Ô Allah, ceci est le résultat de mon manque de respect à Ton saint, Youssouf al-Hamadani. »

Ibn Abi `Asroun continua : « Je partis à Damas et le Roi là-bas, Nour al-Din al-Chahid, m’offrit le contrôle du département des affaires religieuses que j’acceptai. En conséquence, la vie mondaine entra de tous les côtés : provisions, subsistance, l’honneur, l’argent, et une position pour le reste de ma vie. Ceci est ce que le Ghawth Youssouf al-Hamadani avait prédit pour moi.»

Il est rapporté par Yafi’i (qu’Allah l’agrée) dans son livre Nachr el Mahasan : « Il m’a été rapporté par un vertueux parmi la descendance de Cheikh Abou-l-Hasan ibn Hirzihim (qu’Allah l’agrée) que lorsque son aïeul eu le livre « Ihiya ‘Ouloum Din » (de l’Imam Ghazzali) il le consulta et dit ensuite : « Ceci est une innovation qui va à l’encontre de la Sunna. » Or il était écouté dans l’ensemble des villes marocaines, il ordonna que soient rassemblées toutes les copies du « Ihiya » et il demanda au Sultan de décréter cela aux gens, aussi envoya-t-il un héraut annoncer dans chaque lieu : « Qu’Allah maudisse celui qui possède un exemplaire du « Ihiya » sans nous le ramener ». Les gens se mirent tous à rapporter ce qu’ils en possédaient, et les juristes se réunirent et les consultèrent puis décrétèrent par consensus de les brûler le lendemain, le jour du vendredi.

Or au cours de la nuit du vendredi en question, Cheikh Abou-l-Hasan ibn Hirzihim (qu’Allah l’agrée) se vit en songe en train de franchir la porte de la mosquée où il avait l’habitude de se rendre. Il vit dans le coin de la mosquée une lumière et aperçut alors le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) en compagnie d’Abou Bakr (qu’Allah l’agrée) et de ‘Omar (qu’Allah l’agrée) qui étaient assis et l’Imam Abou Hamid Ghazzali qui se tenait debout tenant entre ses mains le « Ihiya ». Il dit : « Ô Messager d’Allah, celui-ci m’a pris à partie » puis il s’agenouilla et rampa jusqu’à parvenir auprès du Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui). Il lui présenta le livre « Ihiya » en lui disant : « Ô Messager d’Allah, consulte-le et s’il s’agit d’une innovation qui contredit ta Sunna comme il le prétend dans ce cas je me repends auprès d’Allah le Très Haut, et si par contre il s’agit de ce que tu approuves alors je profite de ta bénédiction, et applique ta sentence en conséquence à mon adversaire. » Le Messager d’Allah (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) le consulta feuille par feuille jusqu’à la fin puis il dit : « Par Allah, ceci est une œuvre bienfaisante. » Ensuite il le présenta à Abou Bakr (qu’Allah l’agrée) qui le consulta puis dit : « Ô Messager d’Allah, par Celui qui t’a envoyé avec la vérité, ceci est vraiment excellent. » Ensuite il le présenta à ‘Omar (qu’Allah l’agrée) qui après l’avoir consulté dit la même chose que Abou Bakr. Le Messager d’Allah (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) ordonna qu’on ôte les vêtements d’Abou-l-Hasan ibn Hirzihim et qu’on lui applique la sentence pénale du menteur invétéré. On le déshabilla et il fut frappé, puis après avoir reçu cinq coups de fouet Abou Bakr (qu’Allah l’agrée) intercéda en sa faveur en disant : « Ô Messager d’Allah, il n’a fait cela que par effort d’interprétation en faveur de ta Sunna et par valeur envers elle. » Abou Hamid Ghazzali (qu’Allah l’agrée) lui pardonna alors et c’est là qu’il se réveilla. Il alla informer ses compagnons de ce qui lui était survenu et il resta presque un mois entier à souffrir réellement de ses coups de fouet. Lorsqu’il consulta de nouveau le « Ihiya » il découvrit tout autre chose que ce qu’il avait vu la première fois et il fut saisi d’une compréhension qui différait de sa toute première compréhension, il constatait désormais une parfaite conformité avec le Livre d’Allah et de la Sunna. Ensuite il vu de nouveau le Messager d’Allah (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) qui essuya son dos de sa noble main bénie, ce qui permit à son corps et son cœur de guérir après vingt-cinq jours. Par la suite il eut l’Ouverture spirituelle et obtint une Connaissance Divine immense… »

Telle est la situation pour ce noble personnage qui faillit tomber dans la disgrâce prophétique suite à son opposition à un allié d’Allah, et si ce ne fut l’aide Divine et son repentir il aurait goûté au châtiment.

Cheikh Abdelghani Chami a rapporté dans son livre Kachf Nour : « Il est rapporté par Cheikh ‘Abdallah ibn Zayn el Yabari Ichbily qu’une nuit il lut l’ouvrage d’Abou-l-Qacem ibn Ahmed contre l’imam Ghazzali (qu’Allah l’agrée) et suite à cela il devint aveugle, il se prosterna alors à Allah le Très Haut et s’humilia tout en jurant que jamais plus il ne le lirait, Allah –Glorifié et Exalté- lui rendit sa vue.

Le Cheikh et érudit Khaïrdin Ramly el Hanafi a rapporté qu’un certain détracteur vit en songe que le jour Dernier était arrivé. On emmena des récipients extrêmement grands dans lesquels on fit bouillir de l’eau et d’où on voyait des étincelles surgir. Puis on ramena un groupe et on les lança dedans jusqu’à ce que leur chair et leur os se détachent. Le détracteur demanda : « Mais qui sont-ils ? » On lui répondit : « Ce sont ceux qui critiquent Ibn ‘Arabi et Ibn Farid. »

Cheikh Abdelwahhab Cha’rani (qu’Allah l’agrée) a évoqué dans son livre ‘Ahoud el Mohammediya selon le Cheikh El Islam Salah Balqini, le récit survenu au Cheikh Sirajdin Balqini, le maître du savant à l’autorité incontestable Cheikh Ibn Hajr ‘Asqalani. En effet une fois il fut éprouvé par le fait d’avoir démenti la sainteté d’une personne reconnue comme telle par les gens, suspectant que celui-ci accomplissait des choses réprouvées par la Loi, il répondit à celui qui lui avait indiqué qu’il s’agissait d’un Wali : « Si le Charlatan (Dajjal) apparaissait en Égypte tout le monde croirait en lui en raison de l’étendue de leur ignorance… » De là il fut dépouillé de tout son savoir jusqu’à la Fatiha, les demandes d’avis juridique parvenaient à lui alors qu’il ne savait plus rien. Il resta dans cet état plusieurs jours complètement stupéfait de sa situation et sans savoir d’où cela pouvait provenir, et ce jusqu’à ce qu’il exposa sa situation à un cheminant dans la voie spirituelle et qui lui dévoila l’origine de son état : « C’est à cause de ton dénigrement de cette personne en question, demande-lui de te pardonner et tout te reviendra. » Lorsqu’il se rendit auprès de lui, ce Wali lui demanda d’exécuter certaines choses et lorsque Cheikh Balqini finit de les accomplir tout son savoir lui revint comme avant. Et depuis ce jour il ne critiqua plus jamais personne d’entre les Gens détenteurs des états spirituels. De même avant cet évènement il s’opposa fermement à Sidi ‘Ali ibn Wafa (qu’Allah l’agrée) puis après cette affaire il s’est aussi repenti de cela et il lui demanda même comme requête de verser de l’eau sur lui lorsqu’il mourra. Sidi ‘Ali ibn Wafa répondit à sa requête favorablement lors de son décès et dit à cette occasion : « Par Allah certainement ta situation s’est inversée en bien. »

Le Connaissant Abou Yazid Bistami (qu’Allah l’agrée) fut lui aussi chassé à sept reprises de sa ville natale Bistam par la cause de son détracteur, l’imam et l’enseignant des sciences apparentes Housseïn ibn ‘Issa, il ne put retourner dans sa ville qu’après le décès de son opposant, et par la suite sa renommée de Sainteté s’est établie fermement.

Le Connaissant Dhoul Noun Misri (qu’Allah l’agrée) fut également dénoncé au Khalife et il fut enchainé d’Égypte jusqu’à Baghdad, puis lorsqu’il s’adressa au Khalife il fut si impressionné par ses propos qu’il dit : « Si celui-là est un hérétique alors je ne connais pas un seul musulman sur terre. » Une autre fois des juristes l’accusèrent d’apostasie et ils se dirigèrent vers lui en bateau pour l’emmener auprès du Sultan, en apprenant cela Dhoul Noun (qu’Allah l’agrée) invoqua en ces termes : « Ô Seigneur ! S’ils sont menteurs alors noie-les. » Et le bateau chavira, et les gens furent témoins de cela, personne n’en réchappa, pas même le capitaine, alors les gens lui demandèrent : « Mais quel péché a bien pu commettre le capitaine ? » Il répondit : « Il transportait des malfaiteurs. »

L’éminent savant et maître Sahl Toustari malgré sa valeur immense dans la science fut accusé de mécréance et il fut expulsé de sa ville pour Bassora où il demeura jusqu’à sa mort.

L’histoire de l’Islam est riche d’évènements de ce genre montrant la réplique Divine contre ceux qui attaquent la sacralité de ses Aouliya, afin que cela serve d’exhortation et de mise en garde.

À plusieurs reprises aussi le châtiment d’Allah atteignit ceux qui s’opposèrent à Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret). Comme le cas de la personne qui se moquait de lui à chaque fois que Seïdina sortait de l’accomplissement de la prière du vendredi, sans qu’il ne lui réponde. Mais une fois de trop il s’en prit à lui avec sa langue et alors Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) fut saisi d’un état en chevauchant son cheval, celui-ci montait et descendait, jusqu’à ce que Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) dise : « Par Allah ! Pas avant que ne soient écrasées les entrailles du renégat».

Il s’avéra que l’homme en question, en rentrant chez lui, fut atteint par la peste. Il chercha la délivrance de ce mal par l’intermédiaire des saints, mais il ne fut pas secouru et lorsqu’Allah lui voulut du bien, il lui fit comprendre qu’il avait été touché à cause de Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret). Il se mit à l’implorer et à l’appeler pour qu’il lui pardonne en demandant à ceux qui passeraient devant chez lui d’aller intercéder auprès de lui. Les envieux, qui l’avaient incité à délier sa langue sur Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret), étaient là et l’écoutaient. Certains d’entre eux se rendirent donc auprès de Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) et le supplièrent de lever ce mal qui était descendu et ils intercédèrent par le caractère sacré de son aïeul, le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) afin qu’il lui pardonne. Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) répondit : « Pour ce qui est arrivé, c’est arrivé il n’y a plus de retour possible, mais tout ira bien pour lui quant à sa foi » et, suite à cela, cet homme put prononcer l’attestation de foi et mourut.

C’est en raison de l’importance du respect des Aouliya et du risque encouru dans leur offense que Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) mentionna cela comme une condition pour persister dans sa noble voie. Voilà un récit avec Sidi Hajj ‘Ali Tamacini (qu’Allah l’agrée) dont les foudres de sa station s’abattirent sur l’un des frères dans la voie comme calamité par sa malséance envers l’un des Wali d’Allah. En effet il a été rapporté que l’un des membres de cette Tariqa Ahmediya originaire de Souf, s’est rendu auprès de Sidi Hajj ‘Ali Tamacini (qu’Allah l’agrée) lorsque est décédé le Connaissant et Wali Sidi ‘Ali ibn ‘Omar Toulaqi (qu’Allah l’agrée), le Cheikh de la tariqa Khalwatiya à cette époque. Il dit alors à Sidi Hajj ‘Ali (qu’Allah l’agrée) sur un ton arrogant : « Ô mon maître, je suis venu jusqu’à toi pour t’informer d’une bonne nouvelle : ‘Ali ibn ‘Omar est mort. » Sidi Hajj ‘Ali (qu’Allah l’agrée) se tourna alors vers lui et dit : « M’annonces-tu la bonne nouvelle, ô vaniteux, de l’un des piliers de l’islam qui s’est effondré, sache alors que moi je t’annonce la cécité et la pauvreté tant que tu vivras en ce monde pour toi et tes descendants. » Et c’est ce qui s’abattit sur lui en raison de son manque de respect et de bienséance envers les Alliés d’Allah, alors que cela fait partie des mises en garde faîtes par notre maître le Pôle Caché (qu’Allah sanctifie son précieux secret) qui avait dit : « On ne doit pas se moquer du caractère sacré de nos maîtres les Waly, on ne doit pas négliger leur valeur. Honorez le caractère sacré des Waly morts ou vivants, car celui qui honorera leur caractère sacré, Allah honorera le sien, et celui qui les méprisera, Allah le rabaissera et se mettra en colère contre lui, ne dévalorise pas le caractère sacré des Saints. »

Sidi‘Arbi ibn Sa-ih (qu’Allah l’agrée) a rapporté dans son Boughiya le récit du lettré qui avait pris la voie de Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) et sur qui est apparu les signes de l’Ouverture, mais par la suite il s’est aventuré à nuire à certains vertueux parmi les gens vivants dans sa ville. Le jour où il se rendit auprès de Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) en visite, il ne le regarda même pas et lui dit : « Va t-en loin de moi. » et il le chassa, il frappa plusieurs fois à sa porte, mais il ne l’accepta plus jamais et on cherche protection auprès d’Allah.

Pour clôturer ces illustrations voici l’évènement du martyr de Sidi Mohamed el Kebir fils du Pôle Caché Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie leurs précieux secrets) qui se déroula en 1242 H (1827 J.C), il sortit combattre les injustices du gouverneur Turc Mohammad Bey aux environs de Mascara et il fut tué avec ses compagnons.

La seule raison qui l’a poussé à sortir au combat fut l’appel au secours lancé par les gens de Mascara et des tribus avoisinantes contre les injustices du gouverneur turc, Mohammad Bey, qui leur infligeait des impôts surélevés, comme il le fit pour ‘Aïn Madhi. Sidi Mohammad El Kebir (qu’Allah l’agrée) aidait les gens à payer leurs dettes iniques afin de leur éviter le mal du gouverneur. Il ne sortit combattre qu’après avoir entendu à plusieurs reprises, lors d’une retraite spirituelle, l’appel à la défense des faibles. Il leva une armée composée de ses proches ainsi que des gens originaires d’Abi Semghoune et du Sahara. Lorsqu’il arriva chez le peuple opprimé, le bey envoya une grande armée et au moment de l’affrontement, le peuple se retourna contre Sidi Mohammad El Kebir (qu’Allah l’agrée) et tous moururent martyrs. L’oppresseur poussa son sacrilège jusqu’à couper la noble tête de Sidi Mohamed el Kebir en guise de trophée, c’est acte scella le destin des autorités Turcs dans le pays et précipita la colère d’Allah sur eux.

Lors du tragique évènement du fils de Seïdina quelqu’un dit au Khalife Sidi Hajj ‘Ali (qu’Allah l’agrée) : « Ô mon maître, Moulay Mohamed el kebir, le fils de Cheikh, est parti (c’est-à-dire il est mort) », Sidi Hajj ‘Ali (qu’Allah l’agrée) lui dit : « Et moi je te dis que les turcs vont désormais partir de tous les pays. »

Il a été rapporté que lorsque le Pôle Sidi Hajj ‘Ali Tamacini (qu’Allah l’agrée) apprit la nouvelle il se mit à pleurer comme jamais, et pendant trois jours il ne mangeât plus ni ne but, ni n’assista à la Wadhifa, il ne sortait de chez lui que pour les prières obligatoires et ne parlait à personne, et il pleurait si intensément que ses yeux s’irritèrent. Après ces trois jours il sortit et prit place dans l’assemblée avec les frères et par trois fois il clama sous l’emprise d’un état majestueux : « Certainement quand Mon Seigneur débute, Il débute par la tête » tout en prolongeant le mot « tête ». À ce moment précis ses compagnons n’avaient compris l’allusion de ses propos, or il s’avéra qu’en cette même année il arriva le fameux incident de l’éventail entre le Dey Husseïn et le Consul de France Pierre Deval. En effet, suite à une mésentente avec lui, le Dey gifla le représentant de la France avec son éventail, cet outrage diplomatique fut le prétexte qui servit à la France pour la conquête militaire contre les autorités turques, qui commença par le blocus du port d’Alger dès 1242 H (1827), et trois ans plus tard ils s’emparèrent de la « tête du pays » que fut Alger, lieu de résidence du Dey qui capitula le jour même, et ainsi plus de trois cents années de gouvernance turc prirent fin définitivement en Algérie.

En Conséquence ce fut le tort causé à Sidi Mohamed el Kebir (qu’Allah l’agrée) qui fut la cause spirituelle de ce bouleversement historique. De plus, comme cela est rapporté dans El Ifada Al-Ahmediya, ce fut aussi la concrétisation des propos de Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) qui, plusieurs années auparavant annonça par dévoilement suite à l’excès d’injustice et d’oppression de la Régence d’Alger Turcs : « Allah va le leur confisquer devant leurs yeux comme Il a confisqué l’Andalousie. » Ainsi l’ordre d’Allah fut un décret prédestiné.

Qu’Allah nous préserve de la malséance et de l’opposition envers nos maîtres les Aouliya, signe de perdition dans ce bas monde et de damnation dans l’au-delà.

Recherche et traduction par la Zaouiya Tidjaniya El Koubra d’Europe