Commentaire du Hadith ‘…opinion que se fait de Moi mon serviteur…’ – Partie 1
« J’ai interrogé Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) sur la signification rapportée dans le Hadith Qoudousi et informant de la part d’Allah le Très Haut, qu’Il a dit -Glorifié et Exalté- : « Je suis auprès de l’opinion que se fait de Moi Mon serviteur. Je suis avec lui là où il M’évoque. Quand il M’évoque en lui-même, Je l’évoque en Moi-même. Quand il M’évoque parmi des gens importants, Je l’évoque parmi des gens meilleurs qu’eux. Celui qui se rapproche de Moi d’une palme, Je Me rapproche de lui d’une coudée. Celui qui se rapproche de Moi d’une coudée, Je Me rapproche de lui d’une envergure. Quand il vient vers Moi en marchant, Je vais à sa rencontre en courant ».
Je l’ai interrogé sur le sens de ce noble Hadith et ce qu’il contient comme secrets profonds. Il a répondu par ces propos :
« Ici, le sens du terme : « auprès de » (‘inda) fait partie des expressions symboliques Divines, or cette catégorie de science est réservée seulement aux Messagers (sur eux la paix), c’est-à-dire la science des symboles Divins. Dans cette catégorie de science symbolique, il existe des énonciations attribuées au Vrai qu’il est inconcevable de comprendre selon le sens apparent, comme « la descente », « la proximité », « l’abaissement », « la compagnie », « le voisinage », « la venue », « le rire », « l’étonnement », et il en existe beaucoup d’autres qui sont mentionnés dans la Loi (Qoran et Sunna). Leur compréhension selon le sens premier est impossible à l’égard du Vrai –Glorifié et Exalté–. Les Messagers (sur eux la paix) les ont exprimés avec une signification qui est restée cachée et ces expressions ne peuvent donner la connaissance de la Réalité Absolue du Vrai – Glorifié et Exalté–, de ce fait ils les ont exprimés à la mesure de la compréhension des créatures. Seuls les individus ayant atteints la station des Véridiques ont accès à la connaissance de leurs significations, quant à ceux qui n’ont pas atteint cette station, ils n’en connaissent rien et le terme « auprès de » en fait partie.
Par conséquent, Sa parole « Je suis auprès de l’opinion de mon serviteur », « être auprès de » implique qu’Il soit délimité dans un lieu, car le serviteur se trouve établi dans un endroit, or cela est inconcevable pour Allah le Très Haut. Il est impossible de Lui attribuer l’inclusion dans des lieux ou son exclusion. De ce fait, l’expression « auprès de » désigne ici Son assistance envers Son serviteur dans ses demandes à la mesure de son opinion à Son égard. Ainsi, celui qui a une bonne opinion de Son Seigneur récoltera du bien de Son Seigneur et celui qui a une tout autre pensée de Lui récoltera toute autre chose de Lui.
Lorsque Allah le Très Haut fera témoigner devant Lui la peau des associateurs, et après que ceux-ci auront interrogé leurs peaux leur disant : « Pourquoi avez-vous témoigné contre nous ? » elles répondront : « C’est Allah qui nous a fait parler, Lui qui fait parler toute chose. » (Sourate Les versets détaillés 41, verset 21) jusqu’à Sa parole : « Mais vous pensiez qu’Allah ne savait pas beaucoup de ce que vous faisiez. Et c’est cette pensée que vous avez eue de votre Seigneur, qui vous a ruinés. » (Sourate Les versets détaillés 41, versets 22 et 23)
Et Il a dit –Glorifié et Exalté– en décrivant les hypocrites : « […] et ils avaient des pensées sur Allah non conformes à la vérité, des pensées dignes de l’époque de l’Ignorance. » (Sourate La famille de Imran 3, verset 154), versets qui ont été évoqués pour les blâmer.
Certaines traditions rapportent qu’Allah –Glorifié et Exalté – fera venir un serviteur devant Lui et lui dira : « Pour quelle raison t’es-tu employé à me désobéir en contrevenant à mes commandements ? » ou dans ce sens ; Le serviteur répondra : « Seigneur ! J’ai toujours pensé que Tu me pardonnerais. » Et Il lui pardonnera effectivement à cause de sa bonne opinion.
Il a été rapporté au sujet de Yahya ibn Aktham, et sa mauvaise situation est célèbre, que quelqu’un le vit en songe après sa mort. Il lui demanda ce qu’Allah (qu’Il soit Glorifié et Exalté) avait fait de lui et il lui répondit : « Il m’a pardonné. » La personne lui demanda : « Par quelle cause ? » Il répondit : « Il m’a dit –Glorifié et Exalté : « Tu as fait ceci et cela » Je lui dis : « Mon Dieu, qu’en est-il de ce que l’on m’a rapporté sur Toi ? » Il dit (qu’Il soit Glorifié et Exalté) : « Et que t’a-t-on rapporté sur Moi ? » Je Lui dis : « Untel m’a rapporté de la part d’untel […] » Et il cita toute la chaîne de transmission jusqu’au Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) : « […] que le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) a dit : « Allah aurait honte de punir celui qui a vieilli dans l’Islam » ou dans ce sens. Il me dit alors : « Untel et untel – en citant toute la chaîne – ont effectivement dit la vérité » puis Il me dit : « Va t’en car certainement Je t’ai pardonné. » Ceci par la bonne opinion à l’égard d’Allah le Très Haut.
De ce fait, celui qui pense qu’Il agira en bien envers lui, Il agira certainement en bien et inversement celui qui pense qu’Il agira en mal, Il agira conformément à son opinion. Par conséquent, celui qui pense ne récolter d’Allah que punition et châtiment alors Allah agira de la sorte envers lui tandis que celui qui pense obtenir d’Allah le pardon, Allah (qu’Il soit Glorifié et Exalté) agira conformément à cette pensée.
Un Bédouin interrogea ainsi le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) : « Qui établira la sentence des créatures au Jour du Jugement ? » Il lui dit (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) : « C’est Allah » c’est-à-dire que c’est Allah qui jugera les créatures au Jour Dernier. Le Bédouin lui demanda : « Lui-même en personne ? » Il dit (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) : « Oui, Lui-même » Le Bédouin éclata de rire et le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) lui demanda : « Qu’est-ce qui te fais rire, ô Bédouin ? » Le Bédouin répondit : « Certainement le généreux lorsqu’il juge il est clément, et lorsqu’il est puissant il est indulgent. » Le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) se tut et le laissa sur sa bonne opinion, sans le repousser.
Certainement, par la bonne opinion envers Allah le Très Haut, même si la personne est immergée dans les péchés et qu’ils sont spontanés dans son cœur, il tirera bénéfice de cette pensée auprès d’Allah le Très Haut car cette bonne pensée n’est pas vaine.
Toutefois sur le plan de la Loi il sera rejeté pour cette raison puis sera réprimandé par la crainte d’Allah et les conséquences de ses péchés. Il sera également considéré comme celui qui a de vains espoirs en Allah le Très Haut.
Il a été dit au sujet d’Abou Nouwas, le célèbre poète dont la mauvaise situation est connue, qu’un vertueux l’a vu en songe après sa mort dans un état méritoire et honorable. Il relate : « Je lui demandai : « Qu’est-ce qu’Allah a fait de toi ? » Il me dit : « Il m’a pardonné. » Je lui dis : « Par quelle cause ? » Il me répondit : « À cause de certains vers que j’ai récités avant de mourir. » Je lui demandais de nouveau : « Quels sont-ils ? » Il me dit : « Ils se trouvent sous mon oreiller » Je suis parti et j’ai trouvé quatre vers qui sont :
Ô Mon Seigneur, même si mes péchés sont immenses
Je sais certainement que plus immense encore est ton indulgence,
Je T’invoque Mon Seigneur, comme ordonné, avec humilité
Or si par Toi mes mains se trouvent refoulées, à quelle miséricorde pourrai-je encore aspirer,
Si seul le bienfaisant peut espérer en Toi
De qui d’autre le pécheur criminel pourrait espérer,
Je n’ai rien d’autre que mon espérance pour me relier à Toi
Ainsi que ma bonne opinion et le fait que je sois musulman.
Par cela Allah (qu’Il soit Glorifié et Exalté) lui pardonna.
Dans l’ensemble, le principe de référence dans le domaine des Réalités est que celui qui va à la rencontre d’Allah (qu’Il soit Glorifié et Exalté) en gardant une bonne opinion sur Lui concernant l’absolution de ses péchés, même s’il est immergé dans les péchés, il obtiendra de Son Seigneur le pardon. Quant à celui qui n’est pas ainsi, alors son affaire revient à Allah. Et surtout s’il multiplie son état d’avilissement suite à ses péchés, à certains moments de ses jours, en implorant le pardon et la préservation de toute condamnation, cet état vis-à-vis d’Allah ne peut revenir infructueux. Celui qui veut posséder cet état qu’il récite continuellement l’Oraison de l’humilité et de l’imploration, qu’il le consulte.
Il a été rapporté qu’une personne quelconque connue pour sa situation inconvenable mourut. Pourtant elle fut vue en songe après sa mort dans une position honorable et la personne lui demanda : « Qu’est-ce qu’Allah a fait de toi ? » Il lui dit : « Il fait ceci et cela avec moi » en mentionnant des bienfaits. Il lui demanda : « Par quelle cause ? » Il lui répondit : « À cause d’une invocation avec laquelle je m’humiliai devant Lui. » Il dit : « Quelle est-elle ? » Il répondit : « Je disais : « Ô Allah ! Ô mon Maître ! Certainement Tu empêches qui Tu veux d’être dans ta servitude, et Tu le permets à celui que Tu aimes d’entre tes créatures, sans injustice et sans que Tu sois interrogé sur ce que Tu fais. J’ai devancé auprès de Toi mon espoir, je t’implore de ne pas regrouper en moi la privation de Ton obéissance avec l’échec de mon espoir en Toi, ô Le Très Généreux. » Fin de la 1ère partie
Texte tiré et traduit du livre Djawahirou-l-Ma’ani
Recherche et traduction Zaouiya Tidjaniya El Koubra d’Europe