Ifadatou-l-Ahmediyya lil mourid As-Sa’adatou-l-Abadiyya – Extrait 13

-63- Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) a dit :

« Trois sont cause de rupture des disciples avec nous : prendre une autre oraison avec notre oraison, la visite des saints et l’abandon des oraisons. »

La cause : Sidi Taïeb Sefiani (qu’Allah l’agrée) a dit : « C’est-à-dire par rejet ou en prenant une autre oraison en même temps, même s’il s’agit d’une oraison qu’il avait précédemment, car l’exclusivité de l’oraison est l’une des conditions dans sa Tariqa. Quant à ses propos sur les saints il s’agit de l’ensemble aussi bien des vivants que des morts. »

Commentaire : Sidi Mohamed el Hafidh Misri (qu’Allah l’agrée) a commenté : « Quant au point de ne pas prendre une autre oraison avec elle, c’est parce que celui qui ne se consacre qu’à une seule chose il la parfait. Quant à la signification de la visite ici, c’est-à-dire le Saint que l’on visite en vue d’obtenir par lui un profit, un bénéfice spirituel et une irrigation de sa part. Il fait l’unanimité auprès des maîtres éducateurs dans l’ensemble des voies spirituelles que celui qui prend d’un Cheikh et se lie à lui pour l’éducation et pour parvenir ainsi par lui à la perfection spirituelle, cela ne peut survenir que s’il s’astreint à demeurer auprès de son éducation, mais si jamais il se détourne de lui pour quelqu’un d’autre il ne pourra jamais atteindre son objectif particulier de sa main.

La signification n’est point de dire que les visites sont illicites ou répréhensibles, d’ailleurs celui qui se contente de visiter ceux dont son Cheikh lui permet la visite, c’est qu’il est convaincu que les visites sont permises. Ses oraisons sont issues de la Sunna et sont conformes à elle, et le fait de délimiter un nombre et un temps ne contient aucune atteinte à la Loi, bien au contraire c’est un bien du fait que les meilleures œuvres comme l’a évoqué le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) sont celles dans lesquelles perdurent son auteur même si elles sont peu. Ainsi le fait de délimiter un nombre et un temps permet à tout à chacun d’assumer ce dont il est capable. Les gens des voies spirituelles octroient ces oraisons sous le statut du vœu pieu, en ce qui est facile à accomplir et conditionné par l’absence de contrainte majeure, aussi celui qui les délaisse commet alors une transgression, car il a été averti qu’il s’agit d’un vœu pieu. »

-67- Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) a dit :

« L’assise avec les détracteurs est un poison qui s’inocule sur celui qui reste en leur compagnie. »

Sidi Taïeb Sefiani (qu’Allah l’agrée) a dit : « Dans ce sens il a été dit :

Choisis pour toi celui qui est obéissant

Car certainement les natures se dérobent entre elles. »

-68- Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) a dit :

« Ne plaise à Allah que les maîtres de ces serviteurs ne sentent l’odeur du Paradis. »

La cause : Sidi Taïeb Sefiani (qu’Allah l’agrée) a dit : « Il a aperçu certains serviteurs qui étaient négligemment vêtus, aux corps délabrés, aux vêtements usés et alors que c’était l’hiver. »

Commentaire : Sidi Mohamed el Hafidh Misri (qu’Allah l’agrée) a commenté : « Il est rapporté par Tirmidhi et Ibn Majah selon Abou Bakr (qu’Allah l’agrée) : « N’entreront point au Paradis les mauvais maîtres » et les mauvais maîtres sont ceux qui agissent mal envers leurs serviteurs. Dans la chaîne de transmission du Hadith se trouve « Farqad Sanji » qui est un homme de confiance et un dévot mais il y a divergence au sujet de sa mémoire, Ibn Mou’in le considère comme sûr.

Explication : Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) avait plusieurs serviteurs hommes et femmes au sein de sa demeure et il se conduisait envers eux de la plus belle manière. Ils étaient très bien entretenus et cela se reflétait sur eux, bien plus encore que ne l’étaient les serviteurs d’un roi, au point que lorsque les gens les croisaient ils disaient : « C’est certainement l’un des serviteurs de Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) ». De ce fait, jamais il n’affranchissait ni ne vendait l’un d’entre ceux qui a vécu si convenablement au sein de sa maison, ceci par crainte de leur causer du tort. Il a dit à ce sujet : « Si nous nous séparons de ce serviteur, il perdra les faveurs dont il disposait chez nous et alors nous serons la cause de son malheur. »

Lorsqu’il voulait affranchir des serviteurs, et il le faisait souvent et en grande quantité, il les achetait puis, après avoir établi les documents de vente, il rédigeait immédiatement les actes d’affranchissements sans que ceux-ci ne soient entrés au sein de sa demeure. Ensuite, il octroyait à chaque affranchi une certaine somme d’argent afin de lui permettre de commencer une nouvelle vie. Il lui arriva un jour d’affranchir de cette manière vingt-cinq personnes successives et une autre fois, également dans une même journée, il acquit dix-sept serviteurs qu’il affranchit immédiatement.

Parmi ces personnes l’un demanda : « Où est celui qui m’a acheté puis libéré ? » On informa Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) qui dit : « Emmenez-le moi. » Lorsqu’il se présenta devant Seïdina, ce nouvel affranchi lui demanda : « Est-ce bien toi qui m’as libéré ? » Il lui répondit par l’affirmative, à quoi cette personne lui déclara : « Alors sache que c’est moi qui m’offre à ton service » et Seïdina accepta sa requête. Par sa compagnie et son service sincère envers lui, il obtint de grandes faveurs spirituelles et parmi elles le fait qu’il voyait souvent le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) qui, lorsqu’il apparaissait, lui disait : « Sache que je suis Mohammed ibn ‘Abdallah, le Messager d’Allah ». Ce serviteur en question n’était autre que le célèbre Sidi Boudjam’a (qu’Allah l’agrée) qui, tout comme l’ensemble des serviteurs de Seïdina, a pris la Tariqa de ses mains et a obtenu l’ouverture des portes de la sainteté.

Il y avait également parmi les serviteurs de Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) le noble personnage cité précédemment et aussi Sidi Bilal, Sidi Mess’oud, Sidi Baraka, Sidi Mehdi, Sidi Selim Seghir, Sidi ‘Abdallah…Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) était si soucieux de leur bien-être qu’il maria chacun d’entre eux à l’une des servantes de la maison, et ce souci s’étendait aussi aux animaux domestiques, car il ne laissait jamais un mâle ou une femelle sans lui fournir un partenaire.

-69- Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) a dit :

« Fais venir nos compagnons demain, si Allah le veut, et tu contracteras le mariage entre Mohamed el Kebir et la fille de mon frère, Fatima, et tu me représenteras pour tous les deux. De même, fais venir Sidi Ahmed ibn Moussa Turki afin de compléter avec sa sœur Hasna et ainsi tu concluras le mariage entre elle et Sidi Mohammed Seghir. »

Sidi Taïeb Sefiani (qu’Allah l’agrée) a dit : « Elle était à cette époque sous sa tutelle, il ordonna qu’il soit versé en dot à chacune des deux l’équivalent de cinquante rial occidental, deux cafetans l’une en soie et l’autre en laine, ainsi que deux tuniques en lin, et quatre pièces d’étoffe légère en soie épaisse, et une couverture ainsi qu’un grand voile pour se couvrir. »

Explication : Sidi Mohamed el Kebir fut marié à Saïdat Fatima, sa cousine, fille de son oncle Sidi Mohammed surnommé Ibn ‘Omar, petit frère de Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret), elle vivait à Fès dans la maison de Seïdina qui l’avait prise sous sa tutelle. C’est elle qui lui donna ses deux filles Lalla Roqaya et Lalla Fatima (qu’Allah les agrée toutes deux). Sidi Mohamed el Kebir (qu’Allah l’agrée) ne se remariera qu’après le décès de cette première épouse.

Quant à Sidi Mohamed Seghir (terme signifiant le cadet mais il est plus communément appelé « el Habib ») sa première épouse, qu’il épousa alors qu’il était âgé d’une quinzaine d’années, futSaïdat Hasna fille de Mohamed ibn Moussa Turki. Le père de cette noble dame était parmi les disciples particuliers et estimés de Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret), toujours à son service. Après la mort de son père, Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) l’a prise elle aussi sous sa tutelle et l’a recueillie au sein de sa maison. Sidi Mohamed el Habib eut une fille avec elle : Lalla ‘Aïcha. Ils furent mariés au mois de Chawwal de l’an 1230 quelques jours seulement avant le décès de Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret).

-71- Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) a dit :

« Celle qui a les menstrues a le choix dans l’accomplissement du Ouird (ou Lazim) »

Explication : Pendant la période des menstrues, la femme peut choisir de faire ou de ne pas faire son Lazim (et non pas les autres Dhikr telle la Wadhifa, où l’état de pureté est absolument obligatoire). Cela est particulier au Lazim, et si elle décide de ne pas le faire, elle n’a rien à rattraper de ses Lazim non accomplis pendant la période des menstrues. (Cheikh Idriss El Iraqi).

Recherche et traduction par la Zaouiya Tidjaniya El Koubra d’Europe