Mise en garde de Sidi Ahmed Tijani sur le thème des secrets (Qu’Allah l’agrée)

Voici une lettre de Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) adressée à un juriste parmi ses aimés.

Par le Nom d’Allah, et prière et salut sur le Messager d’Allah. De la part du plus pauvre des serviteurs devant Son Maître, le Riche et Digne de louanges, Ahmed ibn Mohamed Tidjani, qu’Allah agisse envers lui de par Sa grâce. À l’attention de notre aimé en Allah – exalté –, untel fils d’untel, que la paix soit sur toi ainsi que la miséricorde d’Allah et Sa bénédiction.

Concernant ta demande relative à la gérance à travers le « Cercle Chadhili » et l’utilisation de ses Noms ainsi que de ses particularités, tu dois savoir que le fait d’agir conformément aux écrits des élites concernant le « Cercle Chadhili », les Noms divins, les lettres et les tableaux, est comme un mirage dans une plaine désertique que l’assoiffé prend pour de l’eau. Puis, quand il y arrive, il s’aperçoit qu’il n’y avait rien. Il ne recueille alors rien d’autre que la fatigue et la convoitise qui ne contient pas le moindre avantage. Certes, celui qui a eu recours à tout cela n’en tirera aucun profit.

En effet, ces secrets possèdent des propriétés de gérance élevées et des effets immenses ; mais seulement, cela est conditionné par le fait de se trouver dans deux situations, en dehors desquelles nul ne peut atteindre quoi que ce soit.

La première situation est la détention de l’Ouverture par le serviteur, avec une Connaissance parfaite, apparente et cachée. Son détenteur ne s’arrête pas à l’existence d’une condition ou à la dissipation d’un obstacle. Lorsqu’il désire une chose, il la trouve en raison uniquement de cette seule cause.

Pour la seconde situation, il faut savoir que dans le domaine de ce genre de secrets, des esprits supérieurs, purs et immaculés ont sans cesse en charge les effets relatifs à ces secrets ; ils sont continuellement occupés à les rendre effectifs par une méthode bien spécifique. Ces entités spirituelles sont dépendantes d’un procédé qui permet de les assujettir, au point que chaque fois que cela leur est réclamé, ils répondent plus promptement que le clignement de l’œil. Or, seuls les Aouliya ont connaissance de ce procédé.

En outre, les Aouliya ont pris l’engagement solennel, secrètement, de ne point faire porter ces secrets à la connaissance de ceux recherchant la bonne fortune. Celui d’entre eux qui aura malgré tout transgressé cet engagement sera alors éprouvé par un grand malheur : soit il sera victime d’un meurtre atroce, soit s’abattra sur lui successivement et de la part du Vrai ce qui éradiquera son argent et ses enfants, soit Allah l’éprouvera avec la pauvreté sans cependant lui accorder la moindre patience, soit il sera entièrement dépouillé ou soit encore il sera touché par la mécréance. Nous demandons à Allah la sauvegarde et la préservation contre tout cela par l’honneur du Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) et de sa famille.

L’image de cela est à l’exemple d’une immense forteresse remplie de coffres plein de trésors, d’argent et autres raretés, permettant de combler tous les désirs. La forteresse est dotée de remparts immenses en fer, au comble de la dureté. Ces remparts ne possèdent ni porte ni clé.

Cette forteresse dispose en réalité d’une porte sous terre et de voies d’accès souterraines cachées à une distance de six ou sept jours. Tous ceux empruntant l’une de ces voies parviennent alors au niveau de la porte sous terre. Ils peuvent par conséquent accéder à la forteresse et se saisir de tout ce qu’ils désirent puis rebrousser chemin par cette même voie, et aller et venir ainsi indéfiniment. Les portes extérieures de ces voies sont gardées secrètes, dissimulées et ne peuvent être découvertes que si leur existence était au préalable connue par information et transmission. Celui qui en ignore l’existence même ne peut y accéder et donc pénétrer la forteresse.

La première catégorie de personnes regroupe les détenteurs de l’Ouverture dans la Connaissance. À chaque fois qu’un d’eux se présente devant la forteresse, les remparts disparaissent devant lui, sans qu’il n’ait besoin de se donner du mal. Il accède ainsi à ces trésors sans aucune difficulté.

La seconde catégorie de personne a trait à ceux qui connaissent les voies empruntées. Capables  de découvrir et d’assujettir les entités spirituelles, ils parviennent par ce biais à toute recherche intéressée. Ce sont ceux de la seconde image, qui ont connaissance des voies enfouies sous terre, dont l’accès est caché.

Le commun se détache quant à lui de ces deux situations et est similaire à ceux qui tournent tout autour de la forteresse, désirant parvenir à ses trésors et son contenu, mais sans l’aide d’une porte, ni d’une clé. Certes, ils ne récolteront de ses tournées successives que fatigue.

Néanmoins, il arrive parfois à une personne d’entre les gens du commun, qui n’a pourtant pas eu la chance d’appartenir au cercle des deux situations précédentes, d’être exaucée, exaucement qui survient après une émanation du souffle divin. Ce Souffle provenant de Lui (glorifié et exalté) implique nécessairement que tous ceux Lui ayant demandé une chose à l’instant de ce Souffle se voient accorder cette demande, et cela que le demandeur soit ou non au courant de ce Souffle, de son secret et de sa particularité, qu’il ait eu ou non connaissance de ce moment, ou encore qu’il se trouve sur une voie de rectitude ou pas, ou enfin qu’il soit digne ou non de cette demande. Cependant, cela ne s’applique pas à chaque moment, ou pour chaque demande, car cet exaucement coïncide avec l’émanation du souffle divin, souffle qui émerge du Vrai – qu’Il soit glorifié et exalté.

Quant aux détenteurs des deux premières situations, l’exaucement leur est accordé pour chaque demande et à chaque moment, tandis qu’il n’est accordé à la personne du commun que si cela coïncide et concorde avec le Souffle divin. Et ce que nous avons évoqué est suffisant pour celui qui a compris. Ne vous donnez donc point de la peine à rechercher les secrets et particularités et conformez-vous plutôt au conseil que nous vous avions prodigué, cela sera plus profitable.

 Extrait de Djawahirou-l-Ma’ani

Recherche et traduction par la Zaouiya Tidjaniya El Koubra d’Europe