Ifadatou-l-Ahmediyya lil mourid As-Sa’adatou-l-Abadiyya – Extrait 1

-1- Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) a dit :

« Pesez les propos qui me sont attribués à la balance de la Chari’a, ce qui en est conforme prenez-le, et ce qui en diverge délaissez-le. »

La cause : Sidi Taïeb Sefiani (qu’Allah l’agrée) a dit : « Il fut interrogé : « Mentira-t-on à ton sujet ? » Il répondit : « Oui » puis il ajouta les propos ci-dessus : « Pesez les propos qui me sont attribués […] »

Commentaire : Sidi Mohamed el Hafidh Misri (qu’Allah l’agrée) a commenté : « Il s’agit là d’une règle essentielle qu’il a établie (qu’Allah sanctifie son précieux secret). Il est loin de tout ce qui diverge d’avec la Chari’a et on doit alors considérer que ce sont des mensonges qui lui ont été attribués. Cela peut provenir soit de ses détracteurs qui désirent ainsi discréditer sa tariqa, soit d’ignorants qui lui attribuent ce qu’ils ignorent des réalités de la voie, ou encore de ceux qui n’ont pas rapporté ses propos comme il les a formulés lui-même, mais en les modifiant. C’est ce qu’a évoqué Cheikh el Islam Sidi Ibrahim Riyahi Tounsi (qu’Allah l’agrée) dans son écrit « Mibradou Sawarimi wa-l-Asinah » :

« Parmi ceux qui ont lui tenu compagnie et qui ont tiré profit de lui (qu’Allah sanctifie son précieux secret), il y a le regretté Abou-l-Hassan ‘Ali Harazim ibn ‘Arbi Berrada el Fesi, aux états extraordinaires. Je l’ai beaucoup côtoyé et je fus témoin de son suivi abondant dans la Sunna. C’est lui qui a rassemblé l’écrit dans lequel sont mentionnés la connaissance du Cheikh et son degré et je pense que c’est lui qui l’a fait parvenir en Egypte (c’est-à-dire Djawahirou-l-Ma’ani). Tout son contenu ne provient pas mot à mot des propos du Cheikh (qu’Allah sanctifie son précieux secret), mais la majeure partie est rapportée en substance, car Cheikh ne l’a point écrit de sa propre main, et le transmetteur n’a point rapporté toujours et immanquablement les propres termes de son discours.

En effet, lorsqu’il parlait (qu’Allah sanctifie son précieux secret) cela était noté soit par son compagnon Sidi Mohammed ibn Mechri, ou bien par notre regretté personnage, selon ce qu’ils en ont compris. Étant donné qu’il est permis de rapporter le sens des propos, selon des avis divergents entre les savants comme cela est connu. C’est pour cette raison que l’on retrouve des propos qui lui sont attribués qui paraissent incohérents et qui dans certains passages ne respectent pas les règles de la langue arabe. Notre regretté personnage m’avait sollicité afin de le corriger et je m’étais excusé de mon absence de temps libre.

Tout cela est la preuve que ces termes ne sont pas les termes exacts, mot à mot, provenant du Cheikh (qu’Allah sanctifie son précieux secret), contrairement à ce que prétendent ceux qui ont dans leur cœur l’amour de l’opposition contre les gens de mérite. Mais nous allons évoquer ce qui permet d’apaiser les tensions et guérir les maladies en considérant la possibilité que ces termes-là soient bien ceux qu’il a employés, si Allah le veut […] » Fin de citation de « Mibradou Sawarimi wa-l-Asinah »

Les paroles de Cheikh (qu’Allah sanctifie son précieux secret) doivent être accompagnés d’une interprétation adéquate sur ce qui est rapporté de lui et qui, dans son apparence, divergerait avec la Chari’a. L’interprétation signifie donc que la seule compréhension des propos qui lui sont attribués qu’il faille retenir est celle qui suit la Sunna, car toute compréhension n’allant pas dans ce sens n’est pas la signification voulue, cela s’il est établi qu’il s’agit véritablement de ses propos, si ce n’est pas établi, il faut alors les délaisser entièrement. 

Le savant Sidi Hajj Ahmed Soukeirij (qu’Allah l’agrée) a évoqué dans ses réponses à certaines questions de Sidi Mohamed Sa’id ‘Ali Al Askandari, dans son livre « Tourouq Mounfi’a » selon certaines personnalités équitables qui ont dit : « La critique des détracteurs, en réalité, ne s’applique qu’à ceux qui ont attribué au Cheikh ce dont il est lui-même innocent, donc cela les concerne eux et non pas lui. »

Sidi Hajj Ahmed Soukeirij continua : « Effectivement comme cela est survenu dans certains écrits édités au sein de cette Tariqa, certains d’entre eux contiennent ce qui est indigne à l’égard du Cheikh (qu’Allah sanctifie son précieux secret) et à l’égard de l’élite de ses compagnons, il a donc raison à ce sujet, que le Vrai l’affermisse. Si les savants de la Tariqa avaient banni ce qui fut mensongèrement attribué au Cheikh, alors les détracteurs, ceux qui furent privés des retombées de l’irrigation occasionnées par l’absence des oraisons particulières, n’auraient pu déployer leurs oppositions. J’ai certainement consulté des ouvrages, dont certains furent édités et d’autres non, qui me donnèrent des frissons et qui jetterais un immense trouble sur ceux qui les consulteraient.

Parmi ceux-là se trouve un ouvrage édité en Algérie que l’éditeur nomma « Kanz El Madfoun » et qui par Allah ne contient que des mensonges à l’égard du Cheikh (qu’Allah sanctifie son précieux secret), et ne rassemble que des délires ne contenant aucun profit. Véritablement cela revient au proverbe qui dit : « J’entends le claquet du moulin, mais je ne vois pas de mouture » (similaire à : beaucoup de bruit pour rien). Je n’y ai trouvé que des choses abrutissantes et des énumérations de chiffres qui altèrent le but recherché, ce qui est le signe de l’ignorance de celui qui les a attribuées au Cheikh (qu’Allah sanctifie son précieux secret) et que l’objectif de tels écrits n’était que de troubler les personnes, et je m’en remets à Allah.

Parmi ceux-là aussi un ouvrage dont j’ai trouvé deux copies et que son auteur intitula « Ya’soub sirr Rabbani fi manaqib Qoutb Tidjani ». Je n’ai pu me contenir lorsque je l’ai consulté et que j’ai trouvé les égarements qu’il n’est permis à personne d’imputer oralement à l’égard du Cheikh (qu’Allah sanctifie son précieux secret) et de sa Tariqa. Cela n’est que le fruit de complots de certains détracteurs afin d’égarer les ignorants dans la voie et afin qu’ils propagent cela auprès des gens.

De ce fait, les critiques se déploieront sur Cheikh (qu’Allah sanctifie son précieux secret) qui pourtant est innocent de ces prétendus prodiges et prétendus mérites qui ne peuvent être prononcés par une personne sensée et de valeur. Naturellement, cela ne peut être accepté de ceux qui ignorent tout de la Tariqa alors que dire des autres. Il m’a été relaté que l’on apporta au fils du Cheikh, Sidi Mohamed el Habib (qu’Allah l’agrée), ou son fils à lui Sidi Mohamed el Bachir, un exemplaire de cet écrit et il rejeta son contenu en disant : « Ces soi-disant prodiges et mérites sont bannis et jamais ils n’ont été dits. » Puis il ordonna qu’il soit brûlé et il clama qu’il se désunit de ceux qui trouveraient cet ouvrage et croiraient en son contenu.

Parmi ceux-là, la plupart des « Machahid » attribués au Khalife Sidi Hajj ‘Ali Harazim Berrada qui ne sont que des mensonges à son égard, ils ont été tissés faussement comme son véritable « Machahid » intitulé « El Kanz El Moutalsam ». L’ensemble de ces faux ouvrages a été écrit de manière diverse suivant la passion délirante de son auteur puis cela lui fut attribué. J’ai consulté le véritable « Kanz el Moutalsam » qui fut écrit de sa main et je n’ai rien rencontré des choses que j’ai réprouvées dans ces autres « Machahid ».

C’est pour cela qu’il est évident pour celui qui veut être sauvegardé au sein de cette Tariqa parmi les frères et autres qu’eux, qu’ils ne doivent se fier qu’à ce qui leur parvient d’une source authentique parmi les gens de l’élite qui possèdent une connaissance complète de ce que contient la Tariqa. Cela concerne également ce qui est rapporté au sujet de Cheikh (qu’Allah sanctifie son précieux secret) et l’élite de ses compagnons, craignant que ne leur survienne ce qui est survenu à certains qui sont tombés dans la calomnie envers les gens d’Allah. Et Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) a annoncé par la lumière de sa clairvoyance et son inspiration véritable que l’on mentirait à son sujet et il ajouta :  « Pesez les propos qui me sont attribués à la balance de la Chari’a […] »

C’est ainsi qu’ont dit les Imam des quatre écoles juridiques et autres qu’eux parmi les gens à la dignité élevée, afin que personne ne puisse tomber dans l’égarement à cause de ce qui leur a été attribué. Il est certainement évident que le sensé ne doit se fier qu’à ce qui lui parvient authentiquement de source sûre et qu’il ne doit jamais se défaire de la balance de la Chari’a. Parmi les vers clamés par Cheikh Al Akbar Ibn ‘Arabi (qu’Allah l’agrée), il y a :

« Ne te laisse pas séduire par celui dont la Chari’a est défectueuse en lui. Et ce même s’il vient avec des nouvelles de la part d’Allah. »

Et parmi ses propos aussi mentionnés dans son Foutouhat Mekkiya, il y a : « Celui qui ne veut point s’égarer alors il ne doit jamais délaisser la balance apparente de la Chari’a d’entre ses mains, même pas l’instant d’un clin d’œil, et il doit se fier à la situation où se trouve les Imam aux efforts d’interprétations et ceux qui les ont suivis, et ne rien en délaisser […] » » Fin de citation de Sidi Hajj Ahmed Soukeirij (qu’Allah l’agrée).

Et comment ne mentirait-on pas sur Cheikh (qu’Allah sanctifie son précieux secret) alors que des mensonges ont été imputés à Allah et à Son Messager (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui). Et combien de hadith furent mensongèrement et calomnieusement attribués au Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) et de même qu’il fut attribué aux savants des écrits dont ils n’avaient même pas connaissance, certains de leurs vivants et pour d’autres après leurs décès.

Nous allons t’évoquer ce qu’en a dit le Connaissant Cha’rani (qu’Allah l’agrée) dans son « Yawaqit wa-l-Jawahir » au sujet de ce qui a été attribué au Cheikh Mohiedine ibn ‘Arabi : « L’ensemble de ses propos qui s’opposent à l’apparence de la Loi et ce qui en a été rapporté ne sont en fait que des intrigues contre lui, comme m’en a informé Sidi Cheikh Abou Tahar Maliki résidant à la sainte Mecque. Ensuite, il m’a sorti une copie du « Foutouhat » qui correspondait à la copie écrite de la main même du Cheikh Ibn ‘Arabi dans la ville de Koniah, et je n’ai rien retrouvé de ce que j’avais trouvé et retranché en effectuant mon abrégé des « Foutouhat ». »

De même, des hérétiques intriguèrent contre l’Imam Ahmed ibn Hanbal (qu’Allah l’agrée) en dissimulant sous son oreiller au cours de sa dernière maladie, un écrit faisant l’apologie d’une fausse croyance. Si ses compagnons ne connaissaient pas la fermeté authentique de sa croyance, ils auraient pu être troublés par ce qu’ils trouvèrent sous son oreiller.

On intrigua aussi contre Cheikh El Islam Majdoudin Firouzabadi (qu’Allah l’agrée), l’auteur du célèbre « Qamous » en lui attribuant un écrit critiquant l’Imam Abou Hanifa (qu’Allah l’agrée) et l’accusant de mécréance et qui fut envoyé à Cheikh Abou Bakr El Khayyat El Baghawi (qu’Allah l’agrée). Ce dernier lui écrivit pour le blâmer d’avoir agi de la sorte et en recevant sa lettre Cheikh Firouzabadi s’empressa de lui répondre en ces termes : « Si un tel écrit est en ta possession, alors empresse-toi de le brûler, car c’est une invention de nos ennemis, quant à moi, je suis un fervent admirateur de l’Imam Abou Hanifa (qu’Allah l’agrée) et j’ai écrit au sujet de sa haute valeur. » On intrigua encore contre l’imam Ghazzali en plusieurs endroits de son célèbre « Ihiya ‘Ouloum Din ». Une de ces copies arriva aux mains du Qadi ‘Iyadh et il ordonna qu’il soit brûlé.

Je fus aussi la cible de telles intrigues dans mon ouvrage intitulé « Bahr Maouroud » dans lequel ont été insérées plusieurs fausses croyances qui se propagèrent en Egypte et à La Mecque pendant trois années alors que j’étais innocent de cela comme je l’ai ensuite mentionné dans mon avant-propos après l’avoir corrigé. J’avais envoyé une copie auprès des savants afin qu’ils donnent leur appréciation, ils l’approuvèrent et le notifièrent de leur aval, mais le trouble ne cessa pas pour autant. Aussi, j’envoyais la copie dans laquelle se trouvait écrit l’approbation des savants à ceux qui alimentaient ces propagandes, et parmi ceux qui me soutinrent se trouvaient Cheikh Al Imam Nasserdin Laqqani el Maliki (qu’Allah l’agrée).

Certains envieux répliquèrent en faisant circuler la rumeur à La Mecque et en Egypte que les savants d’Egypte se sont rétractés au sujet de l’ensemble de mes écrits, et les gens furent alors assaillis de doute. Aussi j’envoyai pour la troisième fois une copie aux savants qui rajoutèrent en dessous de leur première approbation : « Ils ont menti, par Allah, ceux qui prétendent que nous nous sommes rétractés au sujet de notre approbation sur cet écrit ou tout autre ouvrage d’untel. »

Voici le passage qu’avait écrit pour sa part Cheikh Nasserdin el Maliki : « Après la louange d’Allah, sachez que la rumeur affirmant que je me serais rétracté de mon approbation écrite au sujet de ce livre ou de toutes autres parmi les ouvrages d’untel, cela est faux, faux et faux. Par Allah je ne me suis point rétracté sur cela et je ne suis pas mécontent de lui, et je n’ai rien trouvé qui me ferais croire à une quelconque fausseté dans son écrit. J’ai la conviction de l’authenticité de ses propos et de son alliance envers Allah, donc il ne convient pas d’accréditer ce qui m’a été attribué par la langue de ceux qui ne craignent point Allah le Très Haut. » Tels sont ses propos notifiés à la clôture de la copie qui succède à son approbation initiale. Il fut écrit une chose similaire par l’Imam des initiés, Cheikh Chihab-din Ramly Chafi’i, qu’Allah lui accorde Sa Miséricorde.

Par conséquent, sache que les envieux ont aussi intrigué contre Cheikh (qu’Allah sanctifie son précieux secret) dans son écrit tout comme on l’a fait contre moi dans mon ouvrage, et ce sont des choses dont je fus réellement témoin de la part des gens de mon époque, qu’Allah nous pardonne ainsi qu’à eux. Amin. » Fin de citation de Cheikh Mohamed el Hafidh Misri

Recherche et traduction par la Zaouiya Tidjaniya El Koubra d’Europe