Ifadatou-l-Ahmediyya lil mourid As-Sa’adatou-l-Abadiyya – Extrait 18
-103- Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) a dit :
« Il y a un groupe d’entre nos compagnons, si les grands Pôles de cette communauté se rassemblaient, ils n’atteindraient pas un seul cheveu de l’océan de l’un d’entre eux. »
Commentaire : Sidi Mohamed el Hafidh Misri (qu’Allah l’agrée) a commenté : « On a précédemment évoqué (cf. « Extraits N°16 » : 90) qu’il s’agit d’un groupe d’entre ses compagnons qui ont un surplus de particularités et qui font partie des plus grands Connaissants et maîtres éducateurs. »
-104- Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) a dit :
« Le lettré est comme le loup, de lui on ne tire ni laine ni lait. Quant au commun il est comme la brebis, d’elle provient la laine, l’agneau, la graisse, le lait et d’elle provient la viande. »
Commentaire : Sidi Mohamed el Hafidh Misri (qu’Allah l’agrée) a commenté : « Le lettré ici désigne une catégorie d’entre eux, il s’agit des individus qui sont pétris de doute et de querelles parmi ceux qui étudient la science, non de ceux qui jugent équitablement sans discrimination, et la plupart de ceux qui le suivirent sont des lettrés et des savants. Quant au commun, il désigne les croyants affermis, ils ne sont pas parmi les disputeurs et ils sont épargnés des automatismes de la croyance au profit des œuvres pieuses. Tout ce qui est évoqué au sujet du Cheikh et des Saints entre dans le domaine du possible et de l’envisageable qui n’empêche pas la grâce d’Allah d’être octroyée à Celui qu’Il veut, comme Il le veut. »
-105- Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) a dit :
« Tous les Chouyoukh ont pris de moi, cela depuis l’époque qui succède à celle des Compagnons (qu’Allah les agrée) jusqu’au jour où l’on soufflera dans la Trompe (du Jour Dernier). »
Commentaire : Sidi Mohamed el Hafidh Misri (qu’Allah l’agrée) a commenté : « Il existe une divergence au sujet du statut de l’esprit : a-t-il été créé avant les corps ou non. L’imam Mohammed ibn Nasr Marouzi a rapporté que selon les Compagnons (qu’Allah les agrée) et les pieux ancêtres (Salaf) il y a consensus sur le fait qu’il a été créé avant les corps, et il fait partie des gens les plus savants dans le domaine du consensus et des divergences. Cela a été évoqué aussi par Ibn Qayyim dans son livre Rouh ainsi que par Ibn Hazm, et cela est l’avis qui concorde le mieux avec ce qui en est apparent du Livre et de la Sunna. Il n’y a là aucune raison d’écarter cette interprétation dans son sens apparent, car cela a été rapporté authentiquement de la part de certains Compagnons du Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui). Ce fut évoqué également par El Hakem dans son livre El Moustadrak selon Oubay ibn Ka’b (qu’Allah l’agrée) et son authenticité fut corroborée par Dhahabi. Et c’est sur cela que concorde l’unanimité des spécialistes du domaine des Réalités, les Connaissants.
Il est permis d’envisager que les esprits s’entraident dans le monde du Malakout. Il a été rapporté au sujet du Connaissant en Allah Abou ‘Abdallah Sahl Toustari (qu’Allah l’agrée) qu’il éduquait ses disciples alors qu’il était dans le monde invisible (Ghayb). De même, un grand nombre d’élus ont tiré profit de l’esprit de certains maîtres spirituels à partir du monde intermédiaire (Barzakh) et cette modalité est nommée auprès des Gens de la Réalité « éducation Ouwaysi ». Il s’agit d’une éducation par l’esprit sans rencontre corporelle. Cette terminologie s’appuie sur le cas du grand Suivants (Tabi’i) Ouways Qarni qui fut éduqué par le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui), mais sans jamais le rencontrer corporellement.
Les grands maîtres de la Tariqa Naqshbandiya ont évoqué que plusieurs des Chouyoukh de leur voie, qui furent de grands Pôles, reçurent ce mode d’éducation et il est fait état de cas similaires en dehors de ceux-là. Si on s’en tient exclusivement aux preuves alors celui qui est objectif ne trouvera aucun embarras. Certainement les esprits font partie de l’existence et certains se rencontrent, le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) a dit : « Les esprits sont des soldats enrégimentés, ceux qui se reconnaissent s’accordent et ceux qui se méconnaissent s’opposent. » Et cette reconnaissance des esprits ne se limite pas à l’aspect corporel, tout cela fait partie de ce qui entre dans le cadre du possible envisageable par la raison tout comme par la Loi (Chari’a).
Parmi les profits mutuels que se font les esprits il est fait mention dans la tradition prophétique au sujet de la parole du Très haut : « Allah reçoit les esprits au moment de leur mort, ainsi que ceux qui ne meurent pas au cours de leur sommeil. Il retient ceux à qui Il a décrété la mort, tandis qu’il renvoie les autres jusqu’à un terme fixé. Il y a certainement là des preuves pour des gens qui réfléchissent. » (Sourate 39 Les groupes, verset 42) Il a été rapporté par le scribe de la Communauté, Ibn ‘Abbas (qu’Allah l’agrée) : « Il m’a été transmis que les esprits des vivants et des morts se rencontrent pendant les songes, et ils s’interrogent mutuellement sur ce qu’Allah le Très Haut veut ; Allah garde alors les esprits de ceux qui sont morts et renvoie les esprits de ceux qui sont encore vivants dans leurs corps, jusqu’à leur terme fixé, et il n’y a pas d’erreur à ce sujet. C’est la signification de Sa parole : « Il y a certainement là des preuves pour des gens qui réfléchissent. » » (Rapporté par ‘Abd ibn Hamid, Ibn Jarir, Ibn Moundhir, Tabarani dans El Aousat, Abou Cheikh dans El ‘Oudhama, Dhiya dans El Moukhtara) On constate que la rencontre des esprits entre eux est confirmée même s’ils sont dans des mondes différents.
Il est rapporté par El Hakem dans le Moustadrak avec une chaîne authentique selon les critères de l’imam Mouslim, que Thabit ibn Qaïs ibn Chamous (qu’Allah l’agrée) mourut martyr au cours de la bataille de Yamama, et un homme parmi les musulmans le vit en songe qui lui dit : « En tombant hier sur le champ de bataille, un homme faisant partie des musulmans passa près de mon corps et prit mon bouclier qu’il rapporta dans sa tente à l’extrémité du camp. Il a mis une terrine sur mon bouclier et au-dessus une selle. Va voir l’émir puis informe-le et prends garde de considérer ceci comme un songe et de négliger ce que je te demande. Quand tu arriveras à Médine, dis au Khalife du Messager d’Allah (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) que j’ai telles dettes et qu’untel et untel parmi mes esclaves doivent être affranchis. Qu’il acquitte mes dettes et affranchisse mes esclaves. Prends garde de considérer ceci comme un songe et de négliger ce que je te demande. » Il dit : « Je suis parti (auprès de l’émir) et l’informai et il le trouva exactement comme cela nous fut indiqué. Il se rendit auprès d’Abou Bakr (qu’Allah l’agrée) puis l’informa, il exécuta ainsi son testament et nous ne connaissons personne qui dicta son testament après sa mort autre que Thabit ibn Qaïs (qu’Allah l’agrée). »
Il est rapporté par Abi Chaïba avec une chaîne authentique selon la version de Abi Salih Saman selon Malik Darri – qui était le trésorier de ‘Omar – qui a dit : « Les musulmans furent frappés d’une grave sécheresse du temps de ‘Omar ibn El Khattab (qu’Allah l’agrée). Un homme alla à la tombe du Messager d’Allah (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) et dis : « Ô Messager d’Allah ! Demande à Allah la pluie pour ta communauté, car ils périssent. » Le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) vint le voir en songe et il a dit : « Va voir ‘Omar… » Baïhaqi a rapporté que le Messager d’Allah (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) vint le voir en rêve et lui dit : « Va chez ‘Omar, passe-lui mon salut, informe-le qu’ils recevront la pluie et dis-lui : « réfléchis, sois intelligent ! » » Tout cela est confirmé et fut corroboré par la meilleure Communauté qui fut suscitée aux hommes, les Compagnons du Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) et aucun parmi eux ne s’y opposa.
Et cela ne prend pas en compte la vision du Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) à l’état de veille ou la vision d’autres personnages que lui, car il est établi chez les gens du Vrai qu’il rencontre les Gens du dévoilement. Il te suffit comme preuve le fait que notre maître Moussa (sur lui la paix) qui appartient à la demeure de l’au-delà fut la cause de l’allègement de la prière de cinquante à cinq. Le fait d’appartenir à des mondes différents n’empêche point la rencontre entre les esprits et le profit mutuel entre eux. Celui qui ne voit pas dans les propos du Cheikh l’étendue de la grâce Divine, celui-là ignore tout des dons particuliers du Vrai –Glorifié et Exalté. Quant à ceux qui ne conçoivent point que cela puisse survenir à des époques si tardives, qu’ils sachent que la Grâce d’Allah n’est pas limitée dans le temps.
Ce que Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) a évoqué entre dans le cadre du concevable et la grâce d’Allah s’est étendue à lui. Nous disons donc à ceux qui veulent l’exclure de cela que cette situation-là est par elle-même possible, car rien n’empêche que cela lui soit attribué, ni la raison ni la loi. Aussi il est nécessaire qu’ils soient justes et qu’ils conservent une bonne opinion envers les Imams de cette communauté par qui de nombreux savants, qu’ils soient d’orient ou d’occident, ont tiré profit et par qui ont été résolues les complexités des Réalités, et dont les souffles de leur éducation spirituelle sont devenus évidents. Au minimum, ils devraient se dire que soit il détient effectivement cette position, soit il s’est éteint en Celui qui le détient et il parle alors par Lui. Et quelle que soit la situation de celui qui ne constate pas cela, il se doit tout de même d’interpréter les paroles de Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) en leur assignant un sens convenable.
Recherche et traduction par la Zaouiya Tidjaniya El Koubra d’Europe