Ifadatou-l-Ahmediyya lil mourid As-Sa’adatou-l-Abadiyya – Extrait 6
-17- Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) a dit :
« Le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) m’a ordonné de composer un recueil du livre Djawahirou-l-Ma’ani et il m’a dit : « Ce livre est le mien et c’est moi qui l’ai rédigé » alors que j’avais ordonné précédemment de le déchirer et que cela fut fait. »
La cause : Sidi Taïeb Sefiani (qu’Allah l’agrée) a dit : « Il ne nous a pas indiqué la cause (qu’Allah sanctifie son précieux secret). »
Commentaire: Sidi Mohamed el Hafidh Misri (qu’Allah l’agrée) a commenté : « « C’est moi qui l’ai composé.. » signifie en fait : « Il a été composé par mon ordre » tout comme un gouverneur dira : « J’ai construit cette ville. ». Sidi Ahmed Soukeïrij (qu’Allah l’agrée) a commenté certains passages, qui ont été incompris par ceux qui s’empressent dans la critique. Pour la parole du croyant il est nécessaire de s’orienter vers un sens acceptable dans la compréhension des propos si cela est envisageable, et il est inadmissible dans ce cas de figure de s’appuyer sur un autre sens, la règle de base étant d’avoir la bonne opinion envers le croyant. »
Explication : Il semble, selon Sidi Ahmed Soukeïrij (qu’Allah l’agrée), que le premier ordre de la destruction fut en raison justement que certaines parties, comme l’agencement du livre et la préface, proviennent d’un autre livre nommé “El Maqsadou el Ahmedi“ duquel Sidi Hajj ‘Ali Harazim s’inspira car il n’avait aucune instruction littéraire. Puis Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) vit le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) qui le rassura en lui disant les propos ci-dessus. Lorsqu’on interrogea Sidi ‘Arbi ibn Sa-ih (qu’Allah l’agrée) sur ce sujet, il répondit : « Ce qui est important et désiré dans une orange c’est sa chair et non sa peau ». Il voulait dire que ce qui est recherché dans le Djawahirou-l-Ma’ani c’est les propos, les conseils, les explications, les lettres de Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret), car c’est sur cela qu’est basé la Tariqa et non pas sur l’introduction du livre ou la seule description de ses vertus ou encore le tissage des sections.
-18- Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) a dit :
« Je crains que la parole suivante du Très Haut ne s’applique à moi : « Et qui est plus injuste que celui qui repousse de la Mosquée d’Allah… » Donnez-leur les clefs. »
La cause : Sidi Taïeb Sefiani (qu’Allah l’agrée) a dit : « La raison est que l’eau de sa maison provenait d’une mosquée d’où l’eau était répartie (par écoulement entre plusieurs demeures). Or on lui déroba sa part d’eau et elle s’affaiblit dans sa maison. Il rechercha l’origine et la trouva auprès des autres bénéficiaires. Il confisqua les clefs de la mosquée afin de réunir tous les bénéficiaires du partage et les enseignants. Puis il s’est remémoré la parole du Très Haut et il leur renvoya alors les clefs en évoquant les propos précédents. »
-19- Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) a dit :
« Lorsque l’Imam Attendu (Al Mahdi) surgira, il réclamera la Fatiha à nos compagnons. »
La cause : Sidi Taïeb Sefiani (qu’Allah l’agrée) a dit : « On lui a dit : « L’imam Attendu viendra mettre à mort les savants et il en fera de même avec les savants d’entre tes compagnons. » aussi répondit-il par les propos ci-dessus. »
-20- Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) a dit :
« Les legs pieux de la Qarawiyyine sont illicites à tout autre usage que celle la concernant. »
La cause : Sidi Taïeb Sefiani (qu’Allah l’agrée) a dit : « Certains de ses compagnons sont venus avec des nattes et de l’huile (pour éclairer) provenant de la Qarawiyyine, la nuit du vingt-septième du mois de Ramadan, comme cela est l’habitude des gens des Mosquées et des Zaouiya au cours de cette nuit. Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) leur ordonna de rapporter cela et leur ajouta : « Donnez de l’argent à quelqu’un et qu’il aille vous acheter de quoi vous assoir dessus. » »
Commentaire : Sidi Mohamed el Hafidh Misri (qu’Allah l’agrée) a commenté : « Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) commémorait la vingt-septième nuit du mois de Ramadan dans sa Zaouiya à Fès, et cette œuvre se perpétue jusqu’à aujourd’hui. »
-21- Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) a dit :
« Sache que tu t’es nui à toi-même et tu m’as nui à travers mes compagnons. À présent lève-toi pour leur présenter des excuses. »
La cause : Sidi Taïeb Sefiani (qu’Allah l’agrée) a dit : « Il est survenu une nuisance de la part de l’un de ses aimés qui l’a côtoyé durant environ trente années, et qui fut désigné pour diriger la prière devant Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret), avant qu’il ne reçoive lui-même l’ordre de ne prier derrière plus personne. Il a agi contre certains frères par des écrits spirituels et ils furent touchés par des calamités. De ce fait il fut puni par de grandes maladies, il partit à la rencontre de Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) puis il le supplia tout en le flattant afin qu’il invoque Allah en sa faveur pour que lui soient ôtées ses souffrances. Il lui répondit par les propos ci-dessus puis ce personnage, qu’Allah lui fasse miséricorde, dû partir pour Tlemcen et Alger, puis à Boussemghoune et ‘Aïn Madhi dans le même état, mais après s’être excusé auprès des frères qu’il avait atteints de nuisance. Ensuite il mourut suite à cette maladie à ‘Aïn Madhi et Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) ordonna que soit renouvelée l’affiliation de tous ceux qui ont pris de lui, d’où qu’ils soient. »
Commentaire : Sidi Mohamed el Hafidh Misri (qu’Allah l’agrée) a commenté : « Sidi ‘Arbi ibn Sa-ih (qu’Allah l’agrée) a évoqué dans son Boughiya que Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) ordonnait à tous ceux d’entre ses compagnons qui ont atteint le degré du pouvoir de Gérance et d’éducation des créatures de ne pas rester dans la même région que lui et qu’ils devaient s’en aller vers une autre destination. Sidi ‘Arbi ibn Sa-ih (qu’Allah l’agrée) a ajouté : « Et nous avons constaté que le départ de l’immense Khalife, notre maître Sidi ‘Ali Harazim, de Fès pour le Hijèz jusqu’à y mourir, était pour cette raison évoquée, et ses destinations sont un témoignage de cela. Comme ce qu’il nous a été rapporté à son sujet que Cheikh (qu’Allah sanctifie son précieux secret) lui ordonna lorsqu’il parviendrait en Egypte, de s’occuper de l’éducation de certaines personnes s’y trouvant parmi ses compagnons. Similairement aussi en ce qui concerne le départ de l’auteur du « Jama’ », le savant réputé, le guide, la bénédiction, Sidi Mohamed ibn Mechri (qu’Allah l’agrée) de Fès au désert, jusqu’à y mourir. Il a assimilé son état spirituel à celui de la station de Cheikh (qu’Allah sanctifie son précieux secret) et pour certains c’est ce qui fut la cause de son départ et de son voyage loin de Cheikh (qu’Allah sanctifie son précieux secret).
Même si ce genre d’évènement qui est avancé aujourd’hui auprès des frères est avéré, il n’en reste pas moins qu’il ne s’agit là que d’une cause apparente par laquelle Allah dissimule ses alliés, leur station et leur situation avec Lui –qu’Il soit Exalté. Le fait de s’abstenir de prêter attention à celui qui propage cela fait partie des plus importantes recommandations que doivent se faire les frères entre eux afin de sauvegarder la pureté de leur amour envers l’élite des compagnons de Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret). Et au vu du témoignage de Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) sur leurs mérites éclairants et leurs positions envieuses, il n’est point inenvisageable qu’ils fassent partie de cette élite particulière.
De ce fait, il est fortement à craindre pour celui qui induit à ce qui les dévalorise qu’il ne soit privé de la bénédiction de la bonne pensée envers eux, car celui qui est privé de la bonne pensée envers les gens de leurs rangs il est alors privé de biens nombreux, on cherche protection auprès d’Allah le Très Haut contre ses calamités par Sa bonté. D’autres hommes, qui furent absorbés par sa compagnie et vigilants face à sa station, durent pourtant eux aussi voyager loin de lui, et il ne fait point de doute qu’ils le quittèrent à cause de ce qui a été évoqué précédemment. » Fin de citation du Boughiya.
La discorde eut lieu entre des compagnons à Sidi Mohamed ibn Mechri et des disciples de certains compagnons de Cheikh (qu’Allah sanctifie son précieux secret). Cheikh ordonna à Sidi Mohamed ibn Mechri de présenter ses excuses à ces compagnons en question. Sidi Ahmed Soukeïrij (qu’Allah l’agrée) m’a informé que Cheikh (qu’Allah sanctifie son précieux secret) ordonna aussi à Sidi Mohamed ibn Mechri (qu’Allah l’agrée) de renouveler l’affiliation à ses disciples à lui. Cela démontre qu’il n’est point autorisé aux compagnons de Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) de se quereller, et parmi les conditions (d’affiliations à la voie) il y a le fait de ne pas rompre ses liens avec les créatures et encore plus concernant ses frères dans la voie, ainsi que le respect envers tous ceux qui sont affiliés à Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) et il va sans le dire à propos des élites parmi eux. L’affaire s’est finalement assainie comme l’a évoqué Sidi Taïeb dans « El Ifada ».
Il faut savoir que Sidi Mohamed ibn Mechri (qu’Allah l’agrée) a consacré toute sa vie au service de Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) et au service de la Tariqa jusqu’à sa mort en 1224, avant le décès de Cheikh (qu’Allah sanctifie son précieux secret). Les plus fameux devanciers parmi les compagnons de Cheikh (qu’Allah sanctifie son précieux secret) prirent la Tariqa (Khalwatiyya) à travers lui, à l’instar de Sidi Hajj ‘Ali Harazim (qu’Allah l’agrée). En effet, ce dernier a évoqué sa chaîne d’affiliation à la Khalwatiyya dans Djawahirou-l-Ma’ani et il mentionne qu’il l’a reçu de Sidi Mohamed ibn Mechri (qu’Allah l’agrée) qui l’a reçu de Cheikh (qu’Allah sanctifie son précieux secret) avant qu’il ne reçoive sa Tariqa particulière. Puis quand Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) transmis l’autorisation particulière dans la Tariqa Tidjaniya, il autorisa Sidi Mohamed ibn Mechri (qu’Allah l’agrée) pour qu’à son tour il transmette dans sa Tariqa. Il retourna alors dans l’Est Algérien et il transmit la Tariqa aux gens de sa tribu les Aoulad Sayah ainsi qu’à de grands compagnons de Cheikh (qu’Allah sanctifie son précieux secret) dans cette région, et la Tariqa se répandit de la région de Souf jusqu’en Tunisie, et parmi ceux qu’il autorisa à Constantine il y a le Cheikh ibn Matmatiya.
Durant toute sa vie il n’a jamais œuvré pour lui-même ou pour ce qui lui reviendrait, il s’est entièrement libéré pour pouvoir être en compagnie du Cheikh (qu’Allah sanctifie son précieux secret), il n’a laissé ni argent, ni enfant, ni femme. Il fut enterré à ‘Aïn Madhi à côté des parents de Cheikh (qu’Allah sanctifie son précieux secret) et il fut un ami intime auprès de Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret). Lorsqu’il mourut Cheikh (qu’Allah sanctifie son précieux secret) écrivit une lettre de condoléances pour sa famille et pour lui-même, en voici l’énoncé :
« Au Nom d’Allah le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. Et que la prière et les salutations d’Allah soient sur notre maître Mohammed et sa famille ainsi que ses compagnons.
Après la louange à Allah, Exaltée est Sa Majesté, Puissante est Sa Grandeur, Elevée est Sa Gloire, Sanctifiées sont Sa Magnificence et Sa Générosité.
Cet écrit est adressé à nos aimés et nos amis, qui détiennent tous une place élevée dans nos cœurs, les membres de la tribu des Aoulad Sidi Mohamed Sayah, et à chacun d’entre vous par votre nom, personnellement, sans distinction, que la paix soit sur vous ainsi que la Miséricorde d’Allah le Très Haut et Sa bénédiction, de la part de celui qui vous écrit, le pauvre serviteur en Allah, Ahmed ibn Mohamed Tidjani, ainsi qu’à l’ensemble de vos enfants et de vos proches.
Ensuite, on demande à Allah qu’Il accroisse notre rétribution et la vôtre, et qu’Il nous accorde ainsi qu’à vous les meilleures condoléances (formule utilisée pour les condoléances), et qu’Il nous rétablisse de notre affliction et de la vôtre en la perte de Sidi Mohamed ibn Mechri, et sachez que notre affliction en ce qui le concerne est bien plus grande que la vôtre […] »
Recherche et traduction par la Zaouiya Tidjaniya El Koubra d’Europe