La Larme qui fit pleuvoir la Miséricorde

ِسْمِ اللهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِيمِ
Au nom d’Allâh, le Tout-Miséricordieux, le Très-Miséricordieux

اللهم صلِّ على سيدِنا محمدٍ الفاتحِ لما أُغلق، والخاتمِ لما سبق، ناصرِ الحقِّ بالحق، والهادي إلى صراطِكَ المستقيم، وعلى آله حقَّ قدرِه ومقدارِه العظيم.
Ô Allâh, prie sur notre maître Muhammad, l’Ouvreur de ce qui fut fermé, le Sceau de ce qui le précéda, le Défenseur de la Vérité par la Vérité, le Guide vers Ton chemin droit, ainsi que sur sa famille, selon Son immense valeur et Son incomparable mérite.

⸻ L’homme qui, par son repentir, fit tomber des larmes de Miséricorde du ciel

Et le ciel pleura,
et Allâh fit tomber la pluie de Miséricorde.

Le récit

Mes enfants, écoutez bien…
Il était une fois, au temps du Prophète Mûsâ (‘alayhi-s-salâm),
une grande sécheresse qui frappa la terre.

Le souffle du vent était brûlant,
la poussière couvrait les champs desséchés,
et les animaux, haletants, tendaient leurs langues assoiffées.
Les gens scrutaient le ciel,
cherchant le moindre nuage,
mais le ciel restait sourd à leurs appels.

Alors le peuple se rendit auprès du Prophète Mûsâ (‘alayhi-s-salâm) et dit :
— Ô toi qui parles à Allâh !
Invoque ton Seigneur pour qu’Il nous envoie la pluie,
qu’Il nous fasse miséricorde !

Le Prophète réunit le peuple désarmé et assoiffé —
ils étaient soixante-dix mille, ou peut-être plus —
et ensemble, ils sortirent dans le désert impitoyable,
où la vie semblait s’éteindre.

Les mains levées vers le ciel, les cœurs suppliants, ils dirent :

« Ô Seigneur de toute chose,
fais tomber la pluie par Ta Miséricorde ! »

Mais le ciel demeura silencieux.
Le soleil brûlait plus fort encore,
et même le sable semblait les repousser de sa chaleur.

Alors Mûsâ (‘alayhi-s-salâm) s’adressa à Allâh :
— Ô mon Seigneur, pourquoi ne nous réponds-Tu pas ?

Et Allâh, le Très-Haut, lui révéla :

« Ô Mûsâ, parmi ton peuple
se trouve un homme qui Me désobéit depuis quarante années.
À cause de lui, les nuages de Miséricorde ont été retenus.
Appelle-le à sortir du peuple,
et alors Je vous enverrai la pluie. »

Mûsâ (‘alayhi-s-salâm) dit :
— Seigneur, comment ma voix atteindra-t-elle tant de monde ?

Allâh répondit :

« Ô Mûsâ, fais l’appel —
à Moi revient de le faire parvenir. »

Alors Mûsâ se leva sur un rocher et cria d’une voix puissante :
— Ô serviteur d’Allâh, toi qui désobéis à ton Seigneur depuis quarante années,
sors du milieu du peuple,
car à cause de toi la pluie est retenue !

Le silence tomba.
Plus un souffle, plus un mouvement.
La foule était figée de crainte,
et au fond d’elle, un seul cœur trembla :
celui de l’homme coupable.

Il regarda de tous les côtés — à gauche, à droite, devant, derrière —
mais personne ne bougeait.
Et alors son cœur sut.
Un frisson parcourut son être,
comme si la terre elle-même lui murmurait son nom.

Il baissa la tête et se dit en silence :
— Si je sors, je serai couvert de honte devant tous…
Mais si je reste, la pluie ne tombera pas,
et tout le peuple souffrira à cause de moi.
Ô mon Seigneur, que faire ?

Alors, submergé de crainte et d’amour,
il cacha son visage dans son manteau
et, dans le secret de son cœur, il dit :

« Ô mon Seigneur,
je T’ai désobéi pendant quarante années,
et jamais Tu ne m’as privé de Tes bienfaits.
Aujourd’hui, je reviens à Toi,
plein de honte et de remords.
Pardonne-moi, je me repens,
et ne me rejette pas.
Accepte-moi par Ta Faveur et par Ta Miséricorde. »

Et au même instant,
une larme coula de ses yeux.
Une seule.
Mais cette larme, pure comme l’océan du regret,
fit trembler le ciel.

Les portes de la Miséricorde s’ouvrirent,
les nuages se rassemblèrent soudain,
le tonnerre gronda comme une louange,
et la pluie se mit à tomber —
fraîche, vivifiante, abondante.

Les enfants criaient de joie,
les animaux levaient la tête vers le ciel,
et tous rendaient grâce à Allâh
pour Sa bonté infinie.

Alors Mûsâ (‘alayhi-s-salâm) dit :
— Ô mon Seigneur, Tu nous as envoyé la pluie,
mais personne n’est sorti du rang !

Et Allâh, le Très-Haut, répondit :

« Ô Mûsâ, le ciel a pleuré
les larmes de Ma Miséricorde et de Ma bonté.
Et celui qui vous en avait privés
est devenu la cause de Ma compassion.
Il s’est humilié, il est revenu repentant,
et J’ai eu pitié de lui et de toutes Mes créatures. »

Mûsâ demanda :
— Ô Seigneur, montre-moi cet homme !

Allâh répondit :

« Ô Mûsâ,
Je ne l’ai pas dévoilé lorsqu’il Me désobéissait,
comment le dévoilerais-Je maintenant
qu’il s’est repenti et qu’il M’a obéi ?
Il est désormais sous le voile de Ma Miséricorde. »


Et voilà, mes enfants, la fin de cette histoire.
Mais en vérité, ce n’est pas une fin…
Car cette histoire renaît chaque fois qu’un cœur pleure sincèrement devant Allâh.

Chaque fois qu’un homme, une femme ou un enfant regrette ses fautes
et revient vers son Seigneur avec humilité,
le ciel s’éclaire,
les anges se réjouissent,
et Allâh répand une pluie invisible —
la pluie de Sa Miséricorde.

Verset et ḥadîth de lumière

وَرَحْمَتِي وَسِعَتْ كُلَّ شَيْءٍ

« Ma Miséricorde embrasse toute chose. »
(Sourate Al-A‘râf, 7:156)

Et dans un ḥadîth qudsî authentique, Allâh — exalté soit-Il — dit :

إِنَّ رَحْمَتِي سَبَقَتْ غَضَبِي
‏« Ma Miséricorde a devancé Ma Colère. »
‏(Ṣaḥîḥ al-Bukhârî, Ṣaḥîḥ Muslim)

‏Et le Messager d’Allâh (sallAllâhou ‘alayhi wa sallam) a dit :

« Allâh, le Très-Haut, a dit :
Ô fils d’Adam, tant que tu M’invoques et espères en Moi,
Je te pardonne quoi que tu aies fait, sans M’en soucier.
Ô fils d’Adam, si tes péchés atteignaient le firmament,
puis que tu implorais Mon pardon, Je te pardonnerais.
Ô fils d’Adam, si tu venais à Moi avec autant de péchés
que peut contenir la Terre,
puis que tu Me rencontrais sans M’associer quoi que ce soit,
Je viendrais certes à toi avec autant de pardon
que la Terre peut contenir.
»
(Rapporté par al-Tirmidhî, hadith ṣaḥîḥ.)

Méditation

Telles étaient les vertus de notre bien-aimé Cheikh Ahmed Tidjânî (qu’Allâh l’agrée) :
reflet vivant de la Miséricorde envers son Seigneur et Maître,
guide des âmes pécheresses et des désespérés
vers la porte du pardon et du repentir,
par la faveur de la Miséricorde divine
et de l’intercession du Bien-Aimé Prophète
(sallAllâhou ‘alayhi wa sallam),
envoyé comme Miséricorde pour les mondes.

Oui, la Miséricorde est l’un des secrets les plus lumineux
de notre noble Cheikh Tidjânî (raḍiya Allâhou ‘anhu),
lui qui fut un reflet vivant du Prophète
(sallAllâhou ‘alayhi wa sallam),
l’étendard de la pitié et de la compassion divine
sur toutes les créatures.

Le pauvre serviteur en Allâh,
et disciple de Cheikh Ahmed Tidjânî
(qu’Allâh sanctifie son précieux secret),
Mohammed El Mansour El Mohieddine Tidjânî