Lallah Mannana, qu’ALLAH l’agrée

La majdhouba (attirée par Allah) connue Lalla Mannana. Elle fut (qu’Allah lui accorde miséricorde), de ceux dont les pieds étaient enracinés dans le dévoilement (Moukachafa) et son état de ravissement (Jadhb) prenait le dessus sur elle à certains moments.

Souvent, elle se rendait chez Sidi Ahmed ibn Mohamed El Banani (qu’Allah l’agrée). Lorsque celui-ci alla chez elle afin de la consulter sur son désir d’entrer dans la Tariqa, elle l’accueillit avec hospitalité puis lui conseilla de s’empresser de prendre la Tariqa de Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret). Elle lui raconta ses mérites et ce qu’elle a vécu avec lui.

Il a été raconté que lorsque Sidi Banani (qu’Allah l’agrée) voulut la consulter dans son affaire, elle lui dit, avant même qu’il ne parle ne serait-ce qu’un mot :

« Ô Sidi Ahmed ! Tu es venu afin de me consulter au sujet de ton engagement dans la voie de Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret), si tu acceptes mon conseil empresse-toi de te soumettre à lui, il est certainement le Sultan. Il m’est arrivé, dit-elle, avec Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) des évènements et je t’en cite un :

Un jour où j’étais assise chez moi, il m’est venu deux personnes qui m’ont dit : « Lève-toi afin de parler au Sultan », je pensais alors qu’il s’agissait du Sultan Souleïman ».

En effet, celui-ci lui envoyait souvent des messages et de même elle allait souvent le voir, il l’affectionnait particulièrement. Elle continue :

« Je suis donc allée avec eux jusqu’à notre arrivée à la porte d’El Ftouh (une des portes de Fès). Je me suis avancée vers le Sultan et je constatais que ce n’était pas Maoulana Souleïman, mais c’était Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) et je ne le connaissais pas auparavant.

Puis le Sultan Sidi Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) me demanda : « Que penses-tu au sujet de la peste qui a envahi la ville ? Certainement, il ne pouvait que l’envahir vu cette catégorie de gens qui se caractérise par tel et tel fait » et il cita un ensemble d’agissements ».

Sidi Ahmed Banani (qu’Allah l’agrée) continu de raconter :

« Lorsqu’elle entendit cela de sa part, elle lui répondit : « Si tous les saints existants n’ont pas pu faire face à ce malheur je suis capable de lever cette calamité des gens ». Il me dit : « Es-tu capable de supporter cela et de l’endurer ? » Elle dit : « Oui ».

Il lui ordonna donc de retourner à sa demeure et lorsqu’elle rentra par la porte de la ville elle entendit derrière elle comme une déflagration qui l’avait atteinte. Elle tomba sur son visage et resta ainsi jusqu’à ce que les gens la transportent chez elle. Ceux-ci entendirent le son de la déflagration retentir en elle et, dans cet état, elle criait à chaque fois jusqu’à ce qu’Allah décrète l’élévation de cette calamité sur la ville ».

Parmi les évènements qui lui sont arrivés, il y a également qu’au cours de certaines années, les Majadhib (pluriel de Majdhoub) parlèrent souvent des calamités, des épreuves et des changements de situation qui allaient survenir. Sidi Banani (qu’Allah l’agrée), après avoir su que la situation était très grave, fut inspiré à faire une retraite spirituelle dans sa maison. Il invoquait par le nom El Latif avec l’intention d’écarter ce qui était en train de descendre comme malheur et il persista à l’invoquer pendant des jours.

Or, un jour alors qu’il faisait son Dhikr, Lalla Mannana (qu’Allah l’agrée) vint dans sa demeure et elle avait souvent l’habitude de le visiter. En entrant chez lui, elle se dirigea sans dire un mot à personne, vers le lieu où Sidi Banani (qu’Allah l’agrée) s’était isolé pour accomplir son devoir. Elle lui dit alors, en l’apercevant : « On t’a reconnu Ô Sidi Ahmed Banani ! ». Puis elle retourna d’où elle était venue.

Lorsqu’elle revint une autre fois et qu’elle s’entretint avec les gens de la demeure, ils lui demandèrent : « L’autre jour, tu as fais ceci et cela, et tu n’as parlé à aucun parmi nous, pour quelle raison ? »

Alors, elle répondit : « J’ai vu descendre des cieux une calamité sur cette région, et il ne restait qu’un empan entre le châtiment et la ville. Et j’ai vu les gens apeurés et pleins de regrets, puis elle cita ce poème :

« Et les vrais hommes ne sont, en vérité, que les vertueux,

Hormis eux tous les autres ne sont que des enfants. »

Puis elle continua : Ensuite, j’ai vu cette calamité s’élever jusqu’à ce que je perde toute trace. J’ai cherché la raison par laquelle ce malheur s’est écarté, mais je n’ai pas pu la connaître, ni la déceler, et ce, malgré un effort de recherche (par son dévoilement) considérable. N’ayant pas pu en connaître la raison, j’ai fait les ablutions durant la nuit et j’ai récité des prières sur le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui), puis j’ai demandé à Allah de m’éclaircir sur cette question.

Lorsque je me suis endormie, deux anges vinrent à moi. Ils ont pris mes mains et m’ont transportée jusqu’au lieu où s’était isolé Sidi Banani, en train de faire le Dhikr. Quand je me suis réveillée, je suis allée le trouver, j’ai su alors qu’il était la cause de la suppression de cette calamité sur les musulmans, qu’Allah le récompense de ses biens ».

Cette noble dame a assisté à l’enterrement de Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret). Trois jours avant son décès, elle informa le Fqih Sidi Banani (qu’Allah l’agrée) ainsi que certains méritants, de la mort du Sultan après deux ou trois jours.

Lorsque parvint l’enterrement de Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) on lui demanda : « Ne nous avais-tu pas dit que le Sultan allait mourir ? » Elle répondit : « Oui, et c’est bien lui le Sultan ».

Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) lui envoyait certains de ses compagnons qui l’interrogeaient dans certaines situations, elle les informait sur la vérité de ces situations.

Elle est décédée après la mort de Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret), peu de temps après lui. Son tombeau est à côté des pressoirs se situant près de la route principale, dans une mosquée en ruine, dans la ville de Fès. Quant à Sidi Banani (qu’Allah l’agrée), après avoir consulté Lalla Mannana (qu’Allah l’agrée) il s’empressa vers ce grand bien et prit de Seïdina, la Tariqa Mohamediya.

Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) le rapprochait toujours vers lui depuis qu’il avait pris la Tariqa et il questionnait à son sujet s’il ne le voyait pas auprès des frères. Il (qu’Allah sanctifie son précieux secret) appréciait ses paroles et ses discussions et lorsqu’il était dans un état de resserrement (Qabdh) il le faisait appeler et il discutait avec lui.

Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) lui disait : « Que disent les exégètes au sujet de tels et tels versets ? » Et il lui répondait sur les dires des exégètes. Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) lui certifiait les paroles de certains et en réfutait d’autres qui s’écartaient de l’exactitude et il justifiait la véracité de ses propos à travers des preuves révélées et logiques. Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) lui disait : « Voilà le but des dires des chercheurs parmi les savants de la science extérieure, mais quant au sens profond du verset c’est ceci et cela »

Il parlait avec lui au sujet des nobles paroles prophétiques avec la même performance. Le Fqih Banani (qu’Allah l’agrée) ne quittait Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) qu’avec un savoir qui éblouit la raison et que ne peuvent saisir que ceux doués d’une grande science.

Parmi les caractéristiques de Sidi Banani (qu’Allah l’agrée), c’est sa grande capacité de mémorisation. En effet, il ne connaissait pas l’expérience de l’oubli tant Allah (qu’Il soit Glorifié et Exalté) lui a donné l’enracinement et la perfection de la mémoire. Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) s’adressait à lui par le terme de Maître et quand il parlait avec lui, il suscitait l’étonnement de l’audition devant sa compréhension des propos de Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret).

Recherche et Traduction par la Zaouiya Tidjaniya El Koubra d’Europe