Le lien de l’amour envers le Cheikh

Le grand Connaissant Cheikh ‘Omar Foutiyou (qu’Allah l’agrée) a dit dans son célèbre livre Rimah :

« Au sujet du fait que le Cheikh, celui qui est un Wali parfait, est considéré dans son peuple comme le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) est considéré dans sa communauté, et que lui prêter serment d’allégeance revient à prêter serment (Bay’a) au Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui), car il est son délégué.

Je dis, et cela par la grâce d’Allah le Très Haut, Lui qui guide par Sa faveur vers un tel chemin, il a été rapporté de notre Cheikh (qu’Allah sanctifie son précieux secret) comme il est mentionné dans Djawahirou-l-Ma’ani : « Parmi les plus grandes conditions qui unissent le Cheikh à son disciple, il est que ce dernier ne doit jamais lui associer d’égal dans son amour, dans sa valeur respectueuse, dans l’irrigation provenant de lui, ni dans le fait de lui réserver son cœur.

Ceci se retrouve dans la Chari’a du Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui), car certes, celui qui considère équivalent le degré de son Prophète Mohammed (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) avec le degré d’un autre d’entre les prophètes et messagers, dans le domaine de l’amour, de la valeur respectueuse, de l’irrigation provenant de lui, dans le fait de lui réserver son cœur et dans la Loi révélée, cela est un indicateur montrant qu’il mourra mécréant, sauf s’il lui parvient les Sollicitudes Seigneuriales par la préséance de l’Amour Divin.

Ainsi donc, si tu as su cela, tu sais que le disciple doit se comporter envers son Cheikh comme il se comporte avec le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) dans le domaine de l’amour, de la valeur respectueuse, de l’irrigation, et de l’isolement avec lui par le cœur, sans mettre à son égal personne d’autre que lui dans ces choses là, ne lui associant personne d’autre.» Fin de citation

Il est dit dans Khilasat Mardiya : « Il a été rapporté par Suhrawardi avec sa référence que le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) a dit : « Je jure par celui qui détient l’âme de Mohammed entre ses mains, si je veux je puis vous jurer que les serviteurs d’ Allah qu’Allah aime le plus sont ceux qui font aimer Allah aux serviteurs d’ Allah et qui font aimer les serviteurs d’ Allah à Allah et qui marchent sur terre en bons conseillers. »

Il a dit ensuite : « Ce que le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) a évoqué, c’est le degré du rôle des Chouyoukh et de leur prédication à Allah (Da’wa ila Allah), car le cheikh fait véritablement aimer Allah aux serviteurs d’Allah et fait aimer les serviteurs d’Allah à Allah. Ce degré du rôle des Chouyoukh est parmi les plus grands dans la voie Soufie et c’est une délégation de la prophétie dans la prédication à Allah le Très Haut.

Quant au fait que le Cheikh fait aimer les serviteurs d’Allah à Allah, c’est parce qu’il conduit le disciple sur la voie de la conformité vis-à-vis du Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) or celui qui se conforme véritablement au messager d’Allah et l’a suivi, celui-là est alors aimé d’Allah le Très Haut : « Dis si vous aimez vraiment Allah, suivez moi Allah vous aimera […] » (Sourate 03 La famille d’Imran, verset 31).

Quant au fait que le Cheikh fait aimer Allah à ses serviteurs, c’est parce qu’il conduit le disciple sur la voie de la purification et de l’embellissement, ainsi si le Nafs est abandonné, le miroir du serviteur devient limpide et alors les immenses lumières viennent s’y refléter faisant apparaître la beauté de l’Unicité, et donc le serviteur aime son Seigneur irrésistiblement. Le Cheikh fait partie des soldats d’Allah par qui Il dirige les disciples et guide les chercheurs. Les Chouyoukh ont une décence envers Allah et c’est par eux que le disciple s’éduque extérieurement et intérieurement et Allah le Très Haut dit : « Voilà ceux qu’Allah a guidé ; suis donc leur direction. » (Sourate 06 Les bestiaux, verset 90)

Ainsi quand les Chouyoukh furent guidés, ils furent désignés dignes d’être suivis afin qu’ils soient des guides (imam) pour les gens pieux. Le Cheikh prépare les âmes (Noufous) des disciples comme il avait préparé sa propre âme auparavant, par l’alliance et le bon conseil, et de ce fait le disciple devient telle une partie du Cheikh, tout comme l’enfant est une partie du père par la naissance physiologique.

Cette deuxième naissance est une naissance spirituelle, comme il a été rapporté de ‘Issa (sur lui la paix) qui a dit : « Celui qui n’est pas né deux fois ne peut atteindre le ciel du Royaume (Malakout).» Celui qui dirige ses efforts vers la certitude jusqu’à atteindre la perfection celui-là parvient à cette naissance, et de par cette naissance, il mérite alors l’héritage des prophètes (sur eux la paix), et celui qui n’arrive pas à cet héritage, c’est donc qu’il n’est pas né.

Et il a ajouté après : « Parmi les conditions du disciple, il est qu’il ne doit partager la compagnie de l’un des Chouyoukh que si sa sacralité s’est placée en son cœur et qu’il lui prête serment (bay’a) pour le meilleur et pour le pire. »

Et il a dit dans le chapitre de l’Adeb du dhikr : « Il doit considérer que l’irrigation de son Cheikh est l’irrigation du Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui), car il est son représentant. » Fin de citation

Il est rapporté par Cha’rani dans Bahr Maouroud : « On prononça le serment que personne ne peut prendre de nous le pacte de l’écoute et de l’obéissance dans ce que nous lui ordonnons comme bien, que si nous savons avec certitude qu’il ne devancera personne sur nous dans son amour, parmi l’ensemble de la création même sa famille et ses enfants, en raison de l’héritage prophétique […] »

Et il a dit aussi : « Sachant que si le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) n’était pas au courant que la compagnie des bons conseillers est une issue dans l’acquisition rapide de la guidée et du suivi sans ralentissement, il n’aurait alors pas dit : « Aucun de vous ne croira vraiment jusqu’à ce qu’il m’aime plus que sa famille, ses enfants et l’ensemble des gens ».

Ainsi, il est connu que l’ensemble des guides vers Allah le Très Haut de cette communauté, sont les délégués du Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui). Donc les disciples ont une bienséance envers eux et un amour pour eux en considération de l’héritage jusqu’à arriver à ce qui revient au Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui). Ceci afin que le disciple réussisse à suivre parfaitement et qu’il croie avec conviction que son Cheikh lui est plus cher que lui-même, comme cela est le cas pour le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui). Allah le Très Haut dit : « Le Prophète a plus le droit sur les croyants qu’ils n’en ont sur eux-mêmes. » (Sourate 33 Les coalisés, verset 06). Or si le Cheikh sait de son disciple qu’il a devancé quelqu’un d’autre que lui dans son amour, alors il rompra sa relation intérieure avec lui.

Parmi les propos du Connaissant en Allah, Sidi ‘Ady ibn Moussafar (qu’Allah l’agrée), l’un des piliers de la voie Soufie, il a dit : « Sache que tu ne peux profiter du Cheikh que si ta conviction en lui dépasse ta conviction en tout autre que lui d’entre ses pairs, à partir de là il s’associera à toi en sa présence et il te préservera en son absence, il t’éduquera de par son caractère, te consolidera par son silence et il illuminera ton intérieur par ses lumières. Par contre, si ta conviction en lui est faible alors tu ne constateras rien de tout cela, au contraire tu inverseras les ténèbres de ton intérieur et les projetteras sur lui en croyant que cela vient de lui, tu ne tireras donc aucun profit de sa part, même s’il fait partie des plus grands Waly. »

Sidi ‘Ali ibn Wafa (qu’Allah l’agrée) a évoqué dans son ouvrage intitulé Wasiya : « Sache que les cœurs des Hommes de Dieu sont comme des montagnes, ainsi tout comme rien ne peut ébranler les montagnes de leur emplacement à part l’association à Allah (Chirk bi-llêh) comme l’a dit le Glorifié et Exalté : « Peu ne s’en faut…que les montagnes ne s’écroulent (91) Du fait qu’ils ont attribué un enfant au Tout Miséricordieux […] » (Sourate 19 Marie, versets 90-91) Et bien il en est de même pour les cœurs des Hommes de Dieu et surtout les Waly, qui ne peuvent être ébranlés qu’à cause de l’association survenue dans l’amour que les disciples lui associent avec d’autres, il n’y a que cela qui les ébranle et non pas une déficience dans le service ou tout autre chose, comprends-donc. » […] »

Recherche et traduction par la Zaouiya Tidjaniya El Koubra d’Europe