Lettre de Sidi Ahmed Tijani – Epreuves et Soulagement
Parmi les lettres que Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) envoya à l’ensemble des disciples, il y a celle-ci.
Par le Nom d’Allah, louange à Lui – exalté soit Son éloge –, et prière et paix sur le Messager d’Allah. Cet écrit est adressé à l’ensemble de nos disciples bien-aimés et à chacun personnellement sans distinction, que la paix soit sur vous ainsi que la miséricorde d’Allah et Sa bénédiction, de la part d’Ahmed ibn Mohamed Tidjani.
On demande à Allah qu’Il déverse sur l’ensemble d’entre vous et sur vos élites les océans de Sa sollicitude et de Son agrément – qu’Il soit glorifié et exalté – à la mesure de ceux dont furent pourvus les plus grands Connaissants d’entre Ses serviteurs et des Gens exceptionnels. Et ce, jusqu’à ce que l’ensemble de vos méfaits en soit effacé et qu’aucun d’entre eux ne puisse être une cause de reproche. Que la totalité de vos péchés et des traces de vos négligences soit accueillie par le pardon et l’indulgence et que vous n’y soyez pas confronté.
On Lui demande également – qu’Il soit glorifié et exalté – de vous inscrire tous dans le registre des Gens de la félicité, dans lequel ne sont inscrits que les plus grands d’entre Ses Alliés (Aouliya) et de Ses Gens exceptionnels, de telle sorte que nulle modification ni changement ne soient possible. Qu’Il enduise vos regards du kohol de Ses lumières, celles qu’Il a déversées sur les esprits dans la préexistence. Qu’Il vous expose à Sa grâce en ce monde ainsi que dans l’au-delà. Qu’Il vous regarde de par Son regard de miséricorde par lequel celui qui est vu est alors écarté de l’ensemble des désagréments de ce monde et de l’au-delà.
Mais avec cela sachez tout de même que l’ensemble des serviteurs en cette demeure doit prendre part aux tribulations de l’époque, soit par un mal les atteignant, soit par la privation d’un bienfait, soit par la tristesse engendrée par la mort d’un aimé ou une destruction ou tout autre chose qui ne peut être entièrement dénombrée ni détaillée. Celui qui sera ainsi touché, qu’il patiente et redouble de patience afin d’avaler son amertume par petites gorgées, car ce n’est que pour cela que les serviteurs ont été placés en cette demeure. Quant à celui qui craint de ne pouvoir supporter sa charge, de ne pouvoir résister à ce qui surgit comme fardeaux, alors qu’il s’astreigne à accomplir l’une de ces deux choses ou les deux ensemble, et dans ce cas cela est meilleur.
Il s’agit :
– Premièrement, de réciter mille fois « Ya Latif » après chaque prière si cela est possible, sinon de le réciter mille fois le matin et mille fois le soir. Par cela, il précipitera la délivrance de son affliction.
Deuxièmement, de réciter cent prières sur le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) avec Salat Fatihi, en offrant la récompense à l’Envoyé d’Allah (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui). S’il le peut, il accomplit cent prières après chaque prière, sinon cent le matin et cent le soir.
Pour chacune d’entre elles (c’est-à-dire «Ya Latif » et la prière sur le Prophète en lui offrant la récompense – que la prière et la paix d’Allah soient sur lui), il place l’intention qu’Allah – exalté – le délivre de tous ses malheurs et afflictions. Cela lui précipitera l’assistance très rapidement. Il en est de même pour celui qui a des dettes et se trouve dans l’impossibilité de les honorer, ou celui qui a une famille nombreuse et dont la pauvreté s’est intensifiée au point de ne trouver aucune porte d’accès dans les causes de subsistance : qu’il accomplisse l’une des deux affaires que nous avons évoquées ou les deux ensemble, il constatera très vite la délivrance d’Allah.
De même pour celui qui redoute que ne le touche subitement un malheur, comme la peur d’un injuste qu’il ne pourrait repousser ou le joug d’un créancier n’acceptant aucune excuse et aucun délai de retard, tout en ne possédant point l’argent réclamé, ou encore ces deux situations réunies, ou tout autre forme de crainte. Là aussi on s’astreint à effectuer l’une des deux choses évoquées ou les deux ensemble : cela dissipera rapidement ces maux. Si l’on fait une aumône, dans le peu ou le beaucoup, avec l’intention de repousser ce qui pourrait survenir, ou avec l’intention de hâter l’allègement de ce qui afflige et tourmente, cela est encore plus à même de précipiter la délivrance et le soulagement.
Ensuite, recommandez-vous mutuellement la patience et recommandez-vous mutuellement la miséricorde et prenez extrêmement garde à ne pas négliger les droits de vos frères dans ce qui permet d’attirer l’affection, de repousser une nuisance ou dans l’aide apportée face à une difficulté, car celui qui sera éprouvé par le mépris des droits des frères sera alors éprouvé par le mépris des droits divins. Et, certainement, Allah viendra en aide à Son serviteur dans la mesure où celui-ci vient en aide à son frère. Préservez votre cœur de détester ou de vouloir nuire à quelqu’un qui a agi dans la vérité, mais contrairement à vos désirs passionnels, ou qui a supprimé une chose vaine contraire à ceux-ci, car cela est considéré comme de l’association auprès d’Allah (chirk). Le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) a dit dans le sens de sa parole :
« L’association dans ma communauté est plus infime que les traces de mouvement de la fourmi sur la roche, et la plus infime de toutes est d’aimer à cause du faux et de détester à cause du vrai. »
De même, préservez vos cœurs d’aimer ou de faire l’éloge de celui qui accomplit ce qui est faux ou détruit ce qui est vrai, conformément à vos désirs passionnels, car cela aussi fait partie de l’association auprès d’Allah – exalté. Le croyant aime le vrai et aime ses gens, il aime qu’on accomplisse la vérité et que l’on agisse avec. Il désapprouve le faux et désapprouve ses gens, il déteste qu’on accomplisse le faux et que l’on agisse avec.
Et que la paix soit sur vous.
Remarque : Il est à signaler, en ce qui concerne nos propos sur la préservation des droits des frères, que cela doit se faire sans difficulté, ni contrainte, ni surcharge mais selon la capacité et la possibilité, sauf en certains cas lorsque l’on redoute de la part du frère une hostilité, une coupure (des liens de fraternité) ou une corruption du cœur. Qu’on s’empresse alors d’apaiser son cœur, car cela entraîne l’Agrément d’Allah – qu’Il soit exalté. Il est à noter également, concernant la réprobation des gens du faux, que cela doit s’accomplir par le cœur uniquement, car si cela s’extériorise par l’un de nos membres, cela peut provoquer un mal plus grave encore. Par conséquent, il est préférable de ne pas le manifester en dehors du cœur.
Et que la paix soit sur vous.
Recherche et traduction par la zaouiya Tidjaniya El Koubra d’Europe