L’importance de mouvoir la langue dans la récitation du Glorieux Coran et les évocations d’Allāh
Louange à Allāh, Maître des mondes,
Celui qui a créé la langue pour qu’elle proclame Son unicité,
et qui a fait du souffle humain un instrument de lumière.
Prière et paix sur notre Bien-Aimé Muḥammad,
le Prophète dont la langue bénie ne cessa jamais de glorifier le Seigneur,
dans tous les états et toutes les situations.
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Le mouvement de la langue, clé de la récitation
Mes frères et sœurs,
la récitation du Noble Qorʾân est une parole prononcée,
non un simple regard sur le Livre — malgré la valeur de la contemplation.
Il est une question très importante que beaucoup de fidèles négligent dans leur prière et leurs invocations :
le mouvement de la langue lors de la récitation à voix basse et du dhikr.
Beaucoup pensent qu’il suffit de « lire dans son cœur » les versets du Qorʾân ou les formules de rappel, sans faire vibrer la langue.
Or, cette pratique est incorrecte selon la jurisprudence de l’école mâlikite
et étrangère à la tradition prophétique.
Les savants mâlikites ont établi que la récitation (al-qirâ’a) ne se réalise que lorsqu’un son, même faible, est produit par le mouvement de la langue.
Celui qui fait simplement passer les versets dans son cœur n’est pas considéré comme récitant, mais comme méditant (mutafakkir).
Et la méditation, bien qu’elle soit noble en dehors de la prière, ne remplace pas la récitation exigée à l’intérieur de celle-ci.
Ainsi, celui qui récite la Fâtiḥa uniquement dans son intérieur, sans remuer la langue, n’a pas récité au sens légal.
Son acte est donc considéré comme nul, car équivalent à l’absence de récitation,
et sa prière invalide, puisqu’il a omis un pilier essentiel : la récitation effective de la Fâtiḥa par la langue.
L’Imâm Khalîl (رحمه الله) a dit dans son Mukhtaṣar :
« Et la Fâtiḥa (doit être récitée) avec le mouvement de la langue, que ce soit pour l’imam ou pour celui qui prie seul. »
(وَفَاتِحَةٍ بِحَرَكَةِ لِسَانٍ عَلَى إِمَامٍ وَفَذٍّ)
Cette formulation montre la rigueur du principe :
aucune lecture purement intérieure n’est valable sans le mouvement de la langue.
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La bénédiction du bien-aimé Cheikh de Seyyidinâ Aḥmad Tidjânî (qu’Allāh sanctifie son précieux secret)
Le Cheikh a dit — qu’Allāh sanctifie son secret :
« Je n’abandonnerai pas la récitation — c’est-à-dire l’acte vivant accompli par la langue, consistant à prononcer la Parole sacrée — de la Basmala accrochée à la Fâtiḥa, que ce soit dans la prière ou autre,
en raison du ḥadîth où Allāh — qu’Il soit exalté — dit :
“Ô Isrâfîl ! Par Ma Puissance, Ma Majesté, Ma Bonté et Ma Générosité,
celui qui récite Bismillāh ar-Raḥmān ar-Raḥîm rattaché à la Fâtiḥa une seule fois,
Je témoigne sur Moi-même que Je lui pardonne, que J’accepte ses bonnes actions et que J’efface ses fautes.
Je ne brûlerai jamais sa langue dans le Feu,
et Je le préserverai contre les châtiments de la tombe, du Feu, du Jour du Jugement et contre la grande frayeur…” »
Cette parole sainte montre que la langue qui invoque est honorée par Allāh Lui-même.
Le souffle du dhikr, lorsqu’il prononce le Nom divin, devient souffle de miséricorde et de perles lumineuses.
Et d’après un autre ḥadîth qudsî, cité par Ibn Mâdjah et Ibn Ḥibbân, le Messager d’Allāh (ṣallAllāhu ‘alayhi wa sallam) rapporte que le Tout-Puissant a dit :
« Je suis avec Mon serviteur tant qu’il M’invoque, et que ses lèvres bougent avec Mon Nom. »
Quel honneur immense !
Allāh — qu’Il soit exalté — lie Sa Présence à la langue vivante du croyant.
Tant que ses lèvres vibrent du Nom divin, le Seigneur demeure avec lui, dans une proximité d’amour, de lumière et de miséricorde.
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Le premier ordre : “Lis au Nom de ton Seigneur”
Allāh n’a pas dit à Son Bien-Aimé Prophète (ṣallAllāhu ‘alayhi wa sallam) :
« Médite au Nom de ton Seigneur »,
mais Il lui a dit :
« Lis au Nom de ton Seigneur qui a créé »
(اقْرَأْ بِاسْمِ رَبِّكَ الَّذِي خَلَقَ – S.96, v.1)
Ce premier ordre divin Iqra’ (Lis) est le fondement de toute récitation dans l’Islam.
Il implique le mouvement, la prononciation, la récitation articulée — et non une simple réflexion mentale.
Allāh a donc voulu que Sa Parole soit prononcée avant d’être méditée,
car la lecture est l’acte de vie de la Révélation,
et la méditation vient ensuite comme fruit de cette lecture.
Ainsi, celui qui récite le Qorʾân sans faire bouger sa langue
ne répond pas pleinement à l’ordre divin adressé au Prophète et à sa communauté.
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Le Prophète (ṣallAllāhu ‘alayhi wa sallam) et le mouvement de la langue
ʿAbdullāh ibn ʿAbbâs (رضي الله عنهما) rapporte :
« Lorsque fut révélé : Ne remue pas ta langue pour hâter sa récitation (S.75, v.16),
le Messager d’Allāh (ṣallAllāhu ‘alayhi wa sallam) remuait sa langue pendant la descente de la Révélation,
et Allāh le lui interdit jusqu’à ce qu’il reçoive toute la Révélation. »
(Sahîh al-Bukhârî, n°4923 ; Sahîh Muslim, n°448)
Ce ḥadîth montre que le mouvement de la langue est naturel et voulu dans la récitation.
Le Prophète (ṣallAllāhu ‘alayhi wa sallam) ne concevait pas la lecture sans ce mouvement.
Et il a dit :
« Que ta langue ne cesse d’être humide du dhikr d’Allāh. »
(At-Tirmidhî, n°3375 – authentique)
Seule une langue en mouvement peut devenir humide :
le dhikr véritable est donc articulé, vivant, vibrant.
ʿÂ’isha (رضي الله عنها) a dit :
« Le Messager d’Allāh (ṣallAllāhu ‘alayhi wa sallam) se souvenait d’Allāh en toutes circonstances,
et je voyais le mouvement de sa langue lorsqu’il faisait le dhikr. »
(Rapporté par Aḥmad et al-Ḥâkim ; authentifié par Ibn Ḥajar et al-Albânî)
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La langue fidèle à l’evocation d’Allah. L’histoire rapportée par al-Qurṭubī
L’Imâm al-Qurṭubī — qu’Allāh lui fasse miséricorde — rapporte :
L’ange de la mort (ʿalayhi-s-salām) fut envoyé auprès d’un homme pour saisir son âme.
Il examina chacun de ses membres : ses mains, ses pieds, son cœur — et n’y trouva aucune trace d’œuvre éclatante.
Pas de grandes prières, pas de jeûnes marquants, ni d’aumônes visibles.
Alors, l’ange fendit son cœur pour y chercher la lumière de la foi : il ne trouva rien.
Puis il ouvrit sa bouche… et découvrit sa langue collée à son palais, murmurant doucement :
« Lā ilāha illa Allāh. »
L’ange sourit et dit :
« Par la parole de sincérité, le Paradis t’est devenu obligatoire. »
Ainsi, cette langue — humble et fidèle — fut le salut de tout un être.
Elle n’avait jamais cessé de prononcer le Nom d’Allāh,
et c’est par elle que la miséricorde divine lui fut accordée.
Et c’est à ce sujet que Muʿādh ibn Jabal (رضي الله عنه) rapporte que le Messager d’Allāh (ṣallAllāhu ‘alayhi wa sallam) a dit :
« Celui dont la dernière parole est Lā ilāha illa Allāh (Nulle divinité n’est digne d’être adorée en dehors d’Allāh) entrera au Paradis. »
(Rapporté par Abû Dâwûd)
Quelle confirmation lumineuse !
Celui qui a fait vivre sa langue du dhikr d’Allāh toute sa vie
verra sa langue témoigner pour lui à l’ultime instant,
et sa dernière parole sera sa délivrance.
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L’union du cœur, de la langue et du souffle
Le Prophète (ṣallAllāhu ‘alayhi wa sallam) a dit :
« Celui qui se souvient d’Allāh parmi les insouciants est comme celui qui combat parmi les fuyards. »
(Al-Bayhaqî – authentifié par Ibn Ḥajar)
Le dhikr du cœur seul n’est pas comparable à celui qui fait vibrer la langue et le souffle au souvenir d’Allāh.
Le mouvement extérieur manifeste la vie intérieure du serviteur.
Le croyant doit comprendre que la prière et le dhikr sont des actes où tout l’être participe :
le cœur médite,
la langue récite,
et le souffle porte la Parole — perle précieuse et vivante.
Les membres sont les soldats du cœur,
et le cœur, s’il est vivant, oriente tous ses membres vers l’Unique Roi.
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Le souffle vivant du dhikr
Le mouvement de la langue dans la récitation du Qorʾân, la prière et le dhikr,
est un moyen d’illuminer la conscience.
Lorsque la langue s’anime du Nom d’Allāh, le cœur s’éveille, la pensée se purifie,
et la lumière du souvenir divin se répand dans tout l’être.
Le son devient miroir de la Présence,
et le souffle devient porteur de Lumière.
Celui qui récite ainsi goûte à la Parole divine :
« Allāh élève en degrés ceux d’entre vous qui croient et ceux à qui la science a été donnée. »
(S.58, v.11)
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La droiture de la langue, signe de la foi
Anas Ibn Mâlik (رضي الله عنه) a dit :
« Le Messager d’Allāh (ﷺ) a dit :
La foi du serviteur sera droite lorsque son cœur le sera ;
et son cœur ne sera droit que lorsque sa langue le sera. »
(Rapporté par Aḥmad, et c’est un ḥadîth authentique)
Ce ḥadîth met en évidence que la droiture de la langue est le signe de la foi,
et que le cœur du croyant ne peut être pur que si sa langue est sincère et véridique.
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Conclusion
En dehors de la prière, il est licite de lire le Coran intérieurement, sans remuer les lèvres ni faire bouger la langue, à condition que la lecture soit bien présente dans le cœur, comme une méditation et un souvenir intérieur.
En revanche, durant la prière, il est obligatoire d’articuler les versets avec la langue, de manière à ce que les lettres soient effectivement prononcées.
Allāh est le plus Savant.
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Le pauvre serviteur en Allāh et disciple de Cheikh Ahmed Tidjânî (qu’Allāh sanctifie son précieux secret),
Mohammed El Mansour El Mohieddine Tidjani
