Sidi Abdel’Adhim El ‘Alami, qu’ALLAH l’agrée
L’honorable savant, le plus parfait des méritants aux sciences abondantes et au degré illustre, le vénérable Chérif, Sidi ‘Abdel’Adhim El ‘Alami (qu’Allah l’agrée). Ce maître, qu’Allah lui fasse miséricorde, faisait partie des savants renommés de la Tariqa, parmi ceux qui s’abreuvèrent de connaissances émanant de Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) par le récipient de la Réalité. Ils ont puisé de sa niche les lumières et ont extrait dans ses diverses sciences les plus éclatantes et les plus illuminées.
Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) l’aimait et lui rendait hommage, de plus, il lui demanda d’enseigner le Moukhtasar Khalil à ses deux nobles enfants, pleines lunes illuminées, Sidi Mohammed El Kebir et Sidi Mohammed El Habib (qu’Allah les agrée). Notre personnage demanda à Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) : « Ô mon maître, indiquez-moi le moment le plus approprié à leur enseignement afin que je me présente à eux ». Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) lui répondit : « C’est plutôt toi qui es le plus en droit de choisir, et le moment, et l’endroit qui te convient pour y enseigner, car on se doit d’aller vers la science et non pas au contraire de la faire venir ». Notre personnage se conforma à cette recommandation jusqu’au décès de Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret).
On rapporte que les frères lui demandèrent d’enseigner la noble science, dans la Zaouiya bénie, après la mort de Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) et il accepta leur requête. Cependant, alors qu’il s’apprêtait à débuter le premier cours et qu’à cette occasion les gens l’honorèrent, il se leva précipitamment et franchit la porte en s’enfuyant, comme si quelqu’un le poursuivait. Il jura solennellement de ne plus jamais retourner à la Zaouiya en vue d’y enseigner. Tout cela était dû à ce qui venait de se dérouler entre lui et Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret). En effet, il vit Seïdina le fixer du regard depuis son tombeau et il l’entendit le réprimander pour avoir pris la place d’honneur, devant le Mihrab, d’une manière ostentatoire, comme le font la plupart des enseignants. Il sortit précipitamment de la Zaouiya bénie, fuyant à la fois sa propre personne et ses agissements, se conformant ainsi à la bienséance requise.
Par la suite, il déconseilla fortement toute réunion qui comprendrait des cercles d’enseignements au sein de la noble Zaouiya. Cela est permis seulement à ceux qui délaissent tout faste, parmi ceux qu’Allah a préservés des maladies de l’âme, et qui ne tirent aucun sentiment de supériorité quant au fait d’enseigner à autrui. Ils ne font aucun reproche à ceux qui ne prennent pas place à leurs assises d’enseignement, ni à ceux qui opposent une objection sur un point de ce même enseignement, et ce, qu’ils aient tort ou raison. De plus, ils ne se considèrent point comme savant parmi l’ensemble des frères, ni ne recherchent au milieu d’eux des marques distinctives de respect, de vénération, de révérence et d’honneur. Ils ne se considèrent pas non plus comme étant les plus en droit de leur enseigner ni ne regardent de haut ceux qui les ont devancés. Ils n’éprouvent également aucun ressentiment envers ceux qui les concurrencent dans l’enseignement, dans l’Imamat de la prière ou dans la direction de la Wadhifa, se considérant comme leur égal.
Quant à celui qui décèle en lui le moindre ressentiment à l’égard de celui qui agirait conformément à lui à sa place, alors celui-là est en grand danger. C’est également pour toutes ces raisons que le grand Waly Moulay Mohamed ben Abi Nasr El ‘Alawi (qu’Allah l’agrée) mettait fortement en garde contre l’accomplissement de l’enseignement au sein de la Zaouiya et il proférait des paroles très dures à cet égard. Pour illustrer ce cas, voici l’évènement survenu au Connaissant Moulay Ahmed Abdelaoui (qu’Allah l’agrée).
Des grands hommes de la Tariqa se réunissaient fréquemment avec les frères devant le Mihrab de la Zaouiya bénie afin de procéder à la lecture du livre Djawahirou-l-Ma’ani. Celui qui était en charge de cela et qui avait une place d’honneur devant le Mihrab était Sidi Hajj Mohamed Kanoun. Il était le seul à enseigner et personne ne le concurrençait dans le domaine de l’enseignement, ni dans la direction de la prière. Cela était justifié, car Allah (qu’Il soit Glorifié et Exalté) l’avait gratifié d’une connaissance et d’une mémoire éblouissante.
Un jour Moulay Ahmed (qu’Allah l’agrée) assistait justement à l’une de ces assises où affluaient des gens de toute part pour venir écouter la lecture du livre mentionné. Sidi Kanoun avait le privilège d’être en face de l’auditoire comme nous venons de le mentionner. Il répétait les propos de Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) de telle manière que cela pouvait indiquer et laisser paraître avec conviction qu’il avait réussi face à son auditoire. Moulay Ahmed (qu’Allah l’agrée) s’adressa alors à lui en disant :« Les paroles de Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) sont bien au-dessus de tout ce que tu pourras en dire et seuls les savants peuvent les comprendre ; or tu n’es point savant ».
Lorsqu’il l’entendit dire qu’il n’était point savant, le Fqih changea complètement d’attitude et ne put se maîtriser devant son assemblée, il répliqua violemment en proférant du mal de lui et en dénonçant son ignorance, mais Moulay Ahmed (qu’Allah l’agrée) n’en fut point affecté, il se contenta simplement de lui dire : « Le signe qui montre que tu n’es point savant est ton attitude alors que tu te tiens face au tombeau de Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret), et que tu es vu et entendu par lui ».
Le cercle se dispersa et un groupe parmi ceux qui avaient une affinité avec le Fqih en question se forma et s’opposa à Moulay Ahmed (qu’Allah l’agrée), s’écartant de lui, éprouvant de la colère à son encontre, allant même jusqu’à délier leur langue contre lui. Cependant, Moulay Ahmed (qu’Allah l’agrée) resta imperturbable jusqu’à ce que ses opposants soient témoins du soutien d’Allah contre eux. L’ensemble des personnes du groupe qui s’en était pris à lui fut atteint d’un mal.
Parmi les savants ayant participé à cette affaire se trouvait Sidi ‘Alal ibn Chaqroune, et suite à cet évènement, il fut atteint d’une maladie qui allait engendrer sa mort. On le visita et tous ceux qui étaient informés de son malheur s’apitoyèrent sur son sort tandis que Moulay Ahmed ‘Abdelaoui (qu’Allah l’agrée) n’était pas au courant. Lorsque sa maladie s’aggrava Sidi ‘Alal informa ses amis qu’il avait eu une vision où le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient paix sur lui) lui disait : « Tu m’as causé du tort en t’en prenant à ‘Abdelaoui ». Sidi ‘Alal leur demanda d’aller le supplier de venir le voir afin qu’il implore son pardon et il lui fit don du livre Djawahirou-l-Ma’ani.
Moulay Ahmed ‘Abdelaoui (qu’Allah l’agrée) se présenta à lui et Sidi ‘Alal ibn Chaqroune (qu’Allah l’agrée) s’en réjouit fortement, il s’humilia alors auprès de lui, le suppliant de lui pardonner, il l’informa par ailleurs de ce que le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) avait affirmé à son sujet. Il fut saisi d’un état et lui dit : « Je te pardonne pour le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) » Sidi ‘Alal ibn Chaqroune (qu’Allah l’agrée) fut considérablement apaisé après avoir été intensément affligé et mourut peu de temps après.
Recherche et traduction par la Zaouiya Tidjaniya El Koubra d’Europe