Sidi AbdeRahman Chinguiti, qu’ALLAH l’agrée

Le maître incontesté parmi les Chouyoukh des sciences de la réflexion et de la transmission, il avait les pieds fermement enracinés dans les connaissances des fondements juridiques et ses branches (Oussoul El Fiqh), Abou Yazid Abdrahman ibn Ahmed Chinguiti, descendant d’Abou Bakr Siddiq (qu’Allah l’agrée). Cet homme majestueux faisait partie des élites aux grands mérites parmi les compagnons de Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret). Il le connut avant qu’il ne soit entièrement manifesté et tira ainsi de sa niche des lumières particulières avant celles qui furent générales.

Il écrivit des poèmes élogieux sur Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) dont certains, concernant le mérite des oraisons, sont retranscrits dans Djawahirou-l-Ma’ani. Il était un imam érudit dans plusieurs sciences. Il enseignait d’ailleurs à Fès et tous les nobles de son époque traversaient la ville à pied afin d’assister à son assise. De sa main surgirent d’éminents personnages. Sidi Abderahman Chinguiti, que Dieu sanctifie son âme, avant d’être affilié à Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) était considéré comme un individu très particulier. Il lui était reconnu un rang élevé, car il détenait la science qui caractérise les grands Connaissants parmi les gens au dévoilement authentique.

Un jour il lui survint l’événement suivant avec un de ses élèves nommé Sidi Sba’i, qui plus tard prendra la Tariqa de Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret). Ce dernier poursuivait ses études auprès de Sidi Abdrahman Chinguiti (qu’Allah l’agrée) dans la grande mosquée située sur les hauteurs de Fès. Lors de l’un de ses cours donc, Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) entra auprès d’eux en étant accompagné de quelques compagnons. Il se dirigea vers un pilier de la mosquée afin d’y accomplir la prière de salutation (Tahhiyêt el Masjid). Sidi Abdrahman (qu’Allah l’agrée) en observant Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) cessa d’être attentif à son cours et à son auditoire. Constatant que Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) avait clôturé sa prière, il interrompit sa lecture et s’adressa à ses élèves en leur disant : « Levez-vous afin que l’on tire profit de la bénédiction de ce Cheikh ».

Ils s’empressèrent d’obéir à leur maître en pensant néanmoins que Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) ne pouvait atteindre le degré de leur Cheikh en fait de science et d’œuvres. Sidi Abdrahman (qu’Allah l’agrée) s’assit avec bienséance et décence et sollicita de la part de Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) une pieuse invocation en sa faveur et en faveur de ses élèves. Seïdina acquiesça puis Sidi Abdrahman l’interrogea à propos de certaines questions qui le préoccupaient. Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) lui répondit de manière claire et évidente puis il lui enjoignit de retourner à son cours.

Lorsque Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) se retira, Sidi Abdrahman continua et termina son enseignement. Sidi Sba’i, son élève, lui dit alors : « Ô Sidi, je jure par Dieu que l’on t’a pris comme maître et que l’on s’est abstenu de considérer tout autre que toi, en raison de notre certitude qu’il n’y a personne de plus savant que toi dans l’ensemble du Maroc, puis voila que tu te lèves pour cet homme originaire du désert, à l’allure de bédouin, qui se sert la tête avec un fil fabriqué en poil de chameau et qu’en plus de cela tu l’interroges en t’inclinant devant ses réponses ! ». Sidi Abdrahman (qu’Allah l’agrée) lui répondit : « Tais-toi ! Ô mon enfant, je jure par Allah, Celui en dehors duquel il n’y a point de divinité, que je ne connais pas sur cette Terre un plus grand savant que lui ». Cet événement fut la cause de l’attachement de Sidi Sba’i envers Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) à tel point qu’il s’affilia à sa voie.

On rapporte le récit suivant sur la cause ayant provoqué la maladie de sidi Abdrahman (qu’Allah l’agrée), maladie qui allait engendrer sa mort : un habitant de Fès l’invita en compagnie d’érudits et d’éminents personnages, ils passèrent la nuit chez leur hôte et y évoquèrent le cas des Saints contemporains à leur époque. Un individu se permit de critiquer Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) tandis que parmi les gens présents certains le soutinrent dans ses propos. Or Sidi Abdrahman (qu’Allah l’agrée), bien qu’ayant la juste réplique à leurs critiques, s’abstint de leur répondre. Il fut alors pris par un état de somnolence et vit Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) qui le saisit et s’envola dans les airs tout en le réprimandant par ces paroles : « Pourquoi n’as-tu pas répondu ? Et que fais-tu ici ? » Il se réveilla effrayé par cette vision et ressentit une douleur en lui. Ce fut la cause de la maladie qui engendra sa mort.

Au terme de sa vie, il raconta son histoire dans le dessein de mettre en garde ses frères et coreligionnaires et dans l’intention de les informer sur le rang et le degré élevé de Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret).

Recherche et traduction par la Zaouiya Tidjaniya El Koubra d’Europe