Sidi Ahmed Abdelaoui, qu’ALLAH l’agrée

Le connaissant en Allah, le célèbre Wali détenteur de nombreuses qualités et aux prodiges apparents, Sidi Moulay Ahmed ‘Abdelaoui (qu’ALLAH l’agrée). Il est né deux mois avant la mort de Seïdina Ahmed Tidjani (qu’ALLAH l’agrée) et passa toute son enfance dans sa maison.

Au septième jour de sa naissance, de nombreux compagnons illustres étaient présents et parmi eux le Pôle Sidi Hajj ‘Ali Tamacini (qu’ALLAH l’agrée). Le jour même de sa naissance est venu à son père l’esprit du célèbre Wali, le grand connaissant, aux états étranges et aux prodiges étonnants, le compagnon de Seïdina (qu’ALLAH l’agrée), le Chérif Sidi Abou-l-Hassan Chtioui (qu’ALLAH l’agrée) qui lui a dit : « C’est mon fils et celui qui en doute qu’il craigne alors pour lui-même ». Ensuite il est reparti comme il était venu sans que l’on sache par où il avait pu passer et il s’est avéré qu’il n’était venu que pour faire cette annonce et afin de mettre l’accent sur le mérite de notre personnage. Il a été éduqué au sein de la sainteté, protégé par l’attention immense des proches et des lointains. Sidi Mohamed El Habib (qu’ALLAH l’agrée) le considérait comme un frère, un ami, un aimé et un compagnon. Sidi Ahmed ‘Abdelaoui (qu’ALLAH l’agrée) était le coffre de ses secrets et son compagnon dans chaque assemblée, de jour comme de nuit, jusqu’à la mort du fils de Seïdina (qu’ALLAH l’agrée) qui fut satisfait de lui. Il avait une relation privilégiée avec lui.

Parmi ce qui a été rapporté à ce sujet il y a ce récit qu’il raconte lui-même : « Une fois j’étais en train d’appendre certains écrits sur la grammaire lorsque notre maître Sidi Mohamed El Habib (qu’ALLAH l’agrée) m’aperçut et me dit : « Laisse donc cela et lis plutôt ce qui te sera profitable ». J’ai laissé cette lecture afin de me conformer à ce commandement. Puis, un autre jour, alors que j’étais assis avec lui il me dit : « Ô Sidi Ahmed ! J’ai certaines oraisons cachées qui appartiennent à Seïdina et il n’est permis à personne d’autre que moi de les voir. Or j’aurais aimé les évoquer, mais j’ai peur de faire des fautes. Je voudrais apprendre la grammaire et on se doit d’apprendre le Alfiya ». Dès lors, j’écrivais tous les jours dix vers et je les apprenais tandis que Sidi Mohamed El Habib (qu’ALLAH l’agrée) n’écrivait que quatre vers. Lorsque j’atteignis la porte concernant les prépositions, je jetai un œil sur son ardoise et constatai avec étonnement qu’il était arrivé à la fin du Alfîya, je lui dis alors : « Ô Sidi ! Comment cela se fait-il ? » Il me répondit : « Je ne suis pas comme toi à dormir toute la nuit, je ne dors qu’une heure et ensuite je m’occupe de ce qui me concerne ». Ensuite, on s’occupait de la réciter auprès du savant Sidi Ahmed ibn ‘Achour (qu’ALLAH l’agrée) et ce, jusqu’à sa mort ».

Sidi Ahmed ‘Abdelaoui (qu’ALLAH l’agrée) rapporte aussi que les ennemis avaient envoyé à Sidi Mohamed El Habib (qu’ALLAH l’agrée) une lettre dont le contenu était le suivant : « Tu dois venir à Alger pour que l’on profite de ta bénédiction ». Après avoir ouvert de ses mains ce courrier, il pénétra dans le jardin et me demanda de le suivre ensuite, il donna l’ordre à un serviteur de fermer la porte et de ne laisser personne entrer. Lorsque nous fûmes assis, il me dit par allusion : « Ô Ahmed ! L’ânesse vient d’accoucher ». Je lui dis alors : « Qu’est-ce qu’il y a ? » Et il me raconta puis me dit : « Réponds-lui et dis-lui que je ne viendrai jamais le voir et si je le dérange dans ce pays, alors la terre de Dieu est vaste ». Par la suite, je le laissais et il était habituel que je dîne avec lui le soir sauf ce soir-là précisément, car j’étais soucieux par rapport à toute cette affaire. Le jour d’après, il m’envoya chercher et lorsque j’arrivais vers lui, un des serviteurs me demanda : « Pourquoi n’es-tu pas venu hier pour dîner, le fils de Seïdina n’a rien mangé jusqu’à maintenant et je n’en connais pas la cause ». Puis lorsque je vins à sa rencontre il me dit (qu’ALLAH l’agrée) : « Je demande à Allah de ne jamais me faire voir le visage des chrétiens (c’est-à-dire les colonisateurs) et de ne jamais recevoir une lettre d’eux ». Il ne s’est pas passé quatre jours qu’Allah (qu’Il soit Glorifié et Exalté) lui reprit son âme bénie.

Sidi Ahmed ‘Abdelaoui (qu’ALLAH l’agrée) a dit également : « Lors de la mort de Sidi Mohamed El Habib (qu’ALLAH l’agrée), il laissa des enfants en bas âge et j’ai eu peur de perdre les secrets de Seïdina Ahmed Tidjani (qu’ALLAH l’agrée). Je me suis donc entretenu avec quelques particuliers à ce sujet, ensuite nous nous sommes dirigés vers la demeure de Sidi Mohamed El Habib (qu’ALLAH l’agrée) et nous demandâmes la permission à sa fille aînée d’aller dans la pièce où était entreposé le coffret. Elle nous le permit et après être entré, j’ouvris le coffret béni et j’y trouvais trois rangées pleines de livrets. La première chose que j’aperçus fut une carte différente des autres feuillets de ces livrets, qui était posée au-dessus. Je la pris et je l’ai lu, tout en remarquant l’écriture de Sidi Mohamed El Habib (qu’ALLAH l’agrée) : « Que celui qui a pris cette feuille sache qu’il s’agit là des Livrets Cachés (Kounache Maktoum) qui contiennent ce qu’il y a entre Seïdina notre père et le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui). Ils n’ont été écrits que par notre père et l’intermédiaire Sidi Mohammed ibn ‘Arabi ainsi que le khalife Sidi ‘Ali Harazim, et je vous mets en garde de le lire et de le montrer aux savants (fouqaha), car ce serait la cause de votre perte et la leur ». Après avoir lu cette carte, je la laissai tomber d’entre mes mains et j’aperçus le bout d’une feuille de ce livret, car l’œil est vicieux. Il était écrit dessus : « Sache que ce Ouird immense est pour les gens de la grande félicité, ceux qui sont sortis du cercle de la flatterie et de l’égoïsme ». Alors, j’ai dissimulé ce que j’avais vu et j’ai refermé le coffret, obéissant à l’ordre ».

Un savant entendit parler de ces livrets et déclara : « Les livres ont été faits pour être lus ! » Ensuite, il partit vers le coffret, l’ouvrit, prit quelque chose et le lut. Or, il ne s’était pas passé deux jours, qu’il devint aveugle et dix jours après son acte il succomba d’une forte fièvre. Désormais ce coffret est fermé jusqu’à maintenant et ne sera ouvert que par l’Imam attendu, et Allah Seul est Savant sur la vérité.

Recherche et traduction par la Zaouiya Tidjaniya El Koubra d’Europe