Village d’Abou Semghoune, en Algérie
Si ‘Ain Madhi est la cité qui a vu naître Seïdina Ahmed Tidjani (qu’ALLAH l’agrée), et elle est de ce fait le berceau de la Tariqa Tidjaniya, Boussemghoune a aussi son importance, car c’est dans ce village que s’est déroulé une étape cruciale dans la vie de Seïdina Ahmed Tidjani (qu’ALLAH l’agrée).
En effet, c’est aux environs de 1781/82 ap.J-C (en 1196 de l’Hégire) après avoir quitté Tlemcen qu’il se retira dans ce lieu béni où il eut la grande ouverture spirituelle (cf. la vie de Seïdina Ahmed Tidjani). Il y vit le Prophète (que la prière et la paix soit sur lui) à l’état de veille qui l’initia directement et lui donna en dépôt sa voie spirituelle : la Tariqa Ahmediya Mohamediya Ibrahimiya Hanifiya.
Seïdina Ahmed Tidjani (qu’ALLAH l’agrée) avait établi sa demeure à Boussemghoune. Il trouva dans les disciples de Boussemghoune et sa région (Chellala Guéblia où sont localisés des Maqam (lieu d’adoration) de Seïdina (qu’ALLAH l’agrée) et de sa descendance) de très fidèles compagnons. Ils furent en quelque sorte les « Ansars » du Cheikh toujours au service de la Tariqa, depuis plusieurs générations. Seïdina Ahmed Tidjani (qu’ALLAH l’agrée) leur avait dit : « Vous avez mon entière acceptation quelque soit votre situation, Ô gens de Boussemghoune, et qu’Allah agisse envers vous avec agrément. »
Comme ‘Ain Madhi, Boussemghoune est constituée d’une ville récente et de l’ancienne ville : le « ksar ». Boussemghoune est le nom d’un Qutb (Pôle) qui avait résidé dans la cité où il est enterré. On dit que quarante Pôles auraient habité la ville et le 40 ème serait Seïdina Ahmed Tidjani (qu’ALLAH l’agrée). À partir de la nouvelle ville, en empruntant un chemin bordé d’arbres fruitiers, on arrive au ksar de Boussemghoune, ancienne ville fortifiée bâtie sur une colline. Depuis le début des années 80, le ksar a été vidé de ses habitants, car il menaçait de s’écrouler. Le ksar est entouré de petits monticules sur lesquels se trouvent des cimetières, il est dit même que le plus ancien de ces cimetières remonterait à l’antiquité.
Sur la ruelle principale qui part de la grande porte du ksar à la place du marché, se trouve la maison de Seïdina Ahmed Tidjani (qu’ALLAH l’agrée). En poussant la porte, on pénètre dans la cour intérieure, l’habitation se trouve à droite, elle comporte un étage en ruine. En passant la porte d’entrée de la maison, on rentre dans une large pièce qui faisait office de cuisine. En aval de cette salle, se trouve une pièce qui était occupée par le Chérif et compagnon de grande valeur Sidi Mohamed ben ‘Arabi Damraoui (qu’ALLAH l’agrée). Il était au service de Seïdina Cheikh (qu’ALLAH l’agrée) et était son intermédiaire privilégié dans son dialogue avec le Prophète (que la prière et la paix soit sur lui) (cf. la vie des compagnons). On connaît même l’endroit précis de la pièce où il effectuait ses adorations et ses oraisons. Dans cette pièce se trouve aussi une jarre datant de l’époque où les habitants de Boussemghoune déversaient le premier beurre au printemps qu’ils offraient à Seïdina Ahmed Tidjani (qu’ALLAH l’agrée).
Juxtaposé à cette dernière pièce à gauche, se trouve la « khalwa » de Seïdina (qu’ALLAH l’agrée), c’est-à-dire son lieu de retraite spirituelle où il a obtenu la grande ouverture spirituelle. C’est donc dans cette pièce que lui est venu le Prophète (que la prière et la paix soit sur lui) à l’état de veille, en pleine journée. La khalwa est une pièce d’une grande austérité, c’est un lieu profondément mystique qui témoigne de l’ascétisme et de la grande rigueur spirituelle de Seïdina Ahmed Tidjani (qu’ALLAH l’agrée). Au fond de la pièce se trouve le banc du Cheikh (qu’ALLAH l’agrée) surélevé et constitué d’épaisses planches en tronc de palmiers (le banc était surélevé, car le froid rentrait par le dessous de la porte). Au-dessus de ce banc, est enfoncée dans le mur une poutre de bois sur laquelle était fixée une cordelette que Seïdina (qu’ALLAH l’agrée) attachait autour de son cou. Ainsi, s’il lui arrivait de somnoler durant ses oraisons, la cordelette l’étranglait de manière à le maintenir éveillé. Récemment, la khalwa a été rénovée et la maison de Seïdina (qu’ALLAH l’agrée) a été aménagée de manière à recevoir les visiteurs de plus en plus nombreux. Il nous faut mentionner aussi qu’il y a à Boussemghoune la mosquée d’Ahmed Tidjani (qu’ALLAH l’agrée) construite par ses fidèles. À proximité de celle-ci se trouvent les tombes de l’épouse de Seïdina (qu’ALLAH l’agrée) et de ses deux enfants Sidi Mokhtar et Sidi Isma’il (qu’ALLAH l’agrée) morts en bas âge.
Après dix-huit années passées à Boussemghoune et sa région, Seïdina Ahmed Tidjani (qu’ALLAH l’agrée) quitta ce pays (aux environs de 1798/99 apr. J.-C.) qui était sous la tutelle de l’oppression des autorités turques de l’époque et de leur loi injuste et se dirigea vers la célèbre ville de Fès, le sanctuaire de la science régit selon les préceptes de la Loi Divine (Chari’a). À l’occasion de ce douloureux départ, les habitants de Boussemghoune, hommes, femmes et enfants voulurent abandonner leur magnifique village pour le suivre, mais Seïdina Ahmed Tidjani (qu’ALLAH l’agrée) les consola et leur demanda de ne pas s’en aller.
À ce propos ces vers furent clamés : « Le dix-sept du mois de la naissance du Prophète (Rabi’ el Awwal) l’année 1213, Boussemghoune a pleuré, en perdant les souffles du Pôle Tidjani qui de toutes les créatures est sans aucun doute l’irrigateur complet, Fès s’est alors réjoui de l’arrivée de Tidjani, La même année le six Rabi’Thani ».
Recherche et traduction par la zaouiya Tidjaniya El Koubra d’Europe